Les data en forme

Le 30 avril 2012

Cette semaine dans la veille des journalistes de données d'OWNI : découvrez la data-bible, du journalisme tout lent, des réseaux nucléaires qui s'emmêlent et des prix littéraires qui se thématisent. Il y a même du Johnny Hallyday, c'est dire.

Depuis ce week-end, Paule d’Atha est un peu émue : notre bible est sortie. Elle est rouge, elle est toute jolie et elle s’appelle The Data Journalism Handbook. Elle a plusieurs parents : conçue à l’initiative du Centre européen du journalisme et l’Open Knowledge Foundation, elle a vu la BBC, le Chicago Tribune, le Guardian, ProPublica, La Nacion, Le Washington Post, et bien d’autres, participer à sa réalisation.

Ce qui nous plaît dans ce handbook (manuel), c’est que le contenu est fondé sur la pratique et les retours d’expériences, et qu’il tente déjà de prendre du recul sur cette “nouvelle” pratique protéiforme, en évolution constante que constitue le data journalism. Par exemple, la partie “In The Newsroom” montre que le data journalism est arrivé différement dans les rédactions : ABC par le biais de projets multi-plateformes, The Chicago Tribune par l’intégration de hackers.

Paul Bradshaw, de l’Université de Birmingham, termine la page consacrée à la définition du data journalism par ces phrases, qu’il nous a semblé intéressantes de relever :

Les données peuvent être la source du data journalism, ou elles peuvent être l’outil avec lequel l’histoire est racontée – ou elles peuvent être les deux. Comme n’importe quelle source, elles doivent être traitées avec scepticisme ; et comme tout outil, nous devons être conscients de la manière dont il est construit et la manière dont il restreint les histoires que l’on peut créer avec

The Data Journalism Handbook est en vente sur O’Reilly et accessible gratuitement en ligne à cette adresse.

Les films en lambeaux

Combien a rapporté Drive ? Quelle rentabilité pour Black Swan ? Qui de Slumdog Millionnaire ou de Gran Torino a eu le plus de spectateurs ?

La remarquable infographie interactive de Tom Evans (dont nous saluons au passage la jolie photo de profil Twitter) intitulée “Film Stripes” et hébergée chez Visual.ly permet de comparer les films selon plusieurs critères : budget de production, argent rapporté par le film, note, et rentabilité. On y apprend ainsi que Paranormal activity tient le haut du classement avec un taux de rentabilité s’élevant à 1 142 000 % : 0,015 millions de dollars de budget pour 171,3 millions de dollars encaissés.

Une vision à la fois esthétique et financière de l’économie du cinéma américain. Petit bémol cependant, l’infographie ne précise pas selon quels critères (années, nationalité…) ont été sélectionnés les films présents.

Browse more data visualizations.

La littérature version thème

Le magazine Delayed gratification, publié par “The Slow Journalism Company”, s’est intéressé aux thèmes présents dans la liste des oeuvres sélectionnées pour le Booker Price 2011, l’un des plus importants prix littéraires remis uniquement à des romans de fiction écrits en anglais, par un auteur vivant citoyen du Commonwealth, de l’Irlande, du Pakistan ou de l’Afrique du Sud.

“Plot lines” en recense vingt thématiques : certaines présentes dans un seul livre, comme “tigre échappé” ou “meurtre de frères cowboys” ; d’autres plus largement partagés : “amour”, “mort”, “guerre”.

Nous avons par ailleurs bien aimé le concept sur lequel se base”The Slow Journalism Company“ :

Slow Journalism mesure les informations en mois et non en minutes, rendant compte d’histoires une fois que la poussière s’est installée. The Slow Journalism Company offre un antidote aux médias jetables et considère comme une vertu d’être le dernier à sortir les informations. Ses publications sont belles, collectables et designées pour être conservées et chéries.

Et en effet, ses archives d’infographie recelent de petits trésors, tant dans l’idée que dans la réalisation : “Le vrai sens de Noël” par exemple, basée sur les recherches Google ou “Février 2011 sur Twitter” qui géolocalise les échanges sur Twitter. Un lien à garder dans sa veille.

Le nucléaire en visuel

Cette application est “oldlink” mais elle nous semblait grandement mériter sa place dans notre veille data.

“FaceNuke”, réalisée par Greenpeace, cartographie les relations dans le secteur de l’énergie en France. Les points représentent des personnalités et au clic, la liste des personnes auxquelles le “point” est relié s’affiche, regroupée en fonction de leur organisation d’appartenance (Areva, EDF, UMP, etc.)

Le bon point : la base de données ayant servi à l’application, est accessible en format tableur depuis l’onglet “En savoir plus”.

Le mauvais point : les liens entre personnes ne sont pas qualifiées. Greenpeace précise dans sa méthodologie que ce sont des mandats actuels ou passés ou une formation mais le détail des liens n’apparaît pas dans l’application.

Si vous aimez les dataviz qui parlent des dessous du nucléaire, il y en a des très jolies publiées par Marion Boucharlat, Sabine Blanc et Claire Berthelemy sur OWNI.fr ici et ici.

Les dataviz aux frontières

Trois datavizualisations cette semaine pour conforter notre identité française :

Pour pouvoir continuer de râler dans le métro parisien, mais avec un beau plan et des infos à jour : utilisez le plan Sublyn. Développé par Geoffrey Dorne (notre excellent chroniqueur de “Vendredi, c’est graphism”) et Barbara Chabriw, Sublyn propose un plan des métros parisiens plus fidèle à la réalité géographique et qui permet d’accéder en temps réel aux tweets publiés sur chaque ligne de métro. Esthétique, interactif, intelligent : de quoi faire – une fois de plus – peur à la RATP.

Pour améliorer notre connaissance sur l’artiste préféré des Français : le parcours formation de l’EMI-CFD, accompagné par Karen Bastien de WeDoData a réalisé une application sur les auteurs des chansons de Johnny Hallyday, selon les périodes, les ventes de singles, ou encore les chansons. Même sans être fan de Jean-Philippe Smet, cette application met en scène des informations de façon novatrice et réfléchie – une réalisation bien aboutie pour un projet de formation.

Rien à voir avec ce qui précède. Mais tout aussi essentiel. Pour savoir si sa cave est bien remplie : The Telegraph permet de vérifier en une dataviz les meilleurs millésimes, de 1978 à 2011.

Bonne data semaine à tous !


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