OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Le débat Hollande Sarkozy vérifié http://owni.fr/2012/05/03/veritometre-debat-hollande-sarkozy/ http://owni.fr/2012/05/03/veritometre-debat-hollande-sarkozy/#comments Wed, 02 May 2012 23:57:09 +0000 Equipe Véritomètre http://owni.fr/?p=108795 OWNI ont vérifié 137 références chiffrées brandies par Hollande et Sarkozy au cours de leur débat télévisé. Certaines de ces citations chiffrées étaient correctes. Quelques-unes imprécises. Et un bon nombre tout à fait fausses. Voici la synthèse de ces dernières, les quatre plus énormes citations ratées, incorrectes, plantées, pour chacun des deux candidats.]]>

À l’occasion du débat d’entre-deux-tours, l’équipe du Véritomètre, l’application de factchecking développée par OWNI-i>Télé était toute entière mobilisée pour vérifier en temps réel les déclarations des deux finalistes à l’élection présidentielle. Confiants, nous croyions être soumis à de maigres escarmouches statistiques entre François Hollande et Nicolas Sarkozy. Mais le face-à-face des candidats UMP et PS a été un déluge de données sous lequel Laurence Ferrari et David Pujadas sont restés coi.

Un chiffre toutes les 47 secondes

Durant leur temps de parole de 72 minutes et 12 secondes, les candidats ont livré une quantité considérable de chiffres : 92 pour le Président sortant et 45 pour son challenger socialiste, soit un chiffre toutes les 47 secondes pour Nicolas Sarkozy et un toutes les 1 minute et 36 secondes pour François Hollande.

Si chacun a essayé de tirer le débat sur son terrain, la majeure partie du temps de parole a été consacrée à l’emploi, notamment au chômage (10 citations pour Hollande et autant pour Nicolas Sarkozy), suivi par la croissance et les déficits ainsi que l’énergie. Si les impôts ont également occupé les deux finalistes, Nicolas Sarkozy a avancé pas moins de 13 chiffres sur l’Education nationale et l’enseignement ! A la grande surprise des vérificateurs, la question de l’industrie (en particulier la perte d’emploi industriel), pourtant récurrente dans les interventions publiques de chacun, n’est pas apparue autrement qu’au travers la question des déficits commerciaux.

Au final, voici leurs plus grosses bourdes et erreurs factuelles.

Hollande baisse les effectifs

François Hollande oublie des postes supprimés dans l’Education nationale sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy lorsqu’il déclare:

80 000 postes supprimés dans l’Education nationale depuis 2007.

Le candidat socialiste allège le bilan du président sortant sur le nombre de postes de fonctionnaires supprimés depuis 2007. Le rapport de l’Education nationale sur les statistiques indique (page 31) que le nombre des enseignants du public et du privé sous contrat ainsi que le personnel administratif, technique, d’encadrement et de surveillance s’élevait à 1 209 828 en 2007 contre 1 108 217 en 2011. La baisse des effectifs s’élève à 101 611 personnes sur cette période, soit 21 611 personnes de plus que le chiffre annoncé par le prétendant à la présidentielle.

Le candidat socialiste a aussi négligé le poids de l’immigration économique dans son intervention lorsqu’il annonce :

L’’immigration économique, c’est 30 000 par an.

Pourtant, les derniers chiffres définitifs du ministère de l’Immigration pour 2009 indiquent que 19 251 titres de séjour ont été délivrés pour des raisons économiques sur les 187 381 titres de séjour accordés en 2009. Soit 10 749 immigrants pour le travail que François Hollande oublie.

Sur la dette de la France, François Hollande a évoqué principalement deux chiffres durant ce débat :

La dette publique a augmenté de 600 milliards depuis le quinquennat de Sarkozy (…) et elle a augmenté de 900 milliards depuis 2002

Il aurait mieux fait de ne pas citer le deuxième. En effet selon l’Insee, en 2002, la dette de la France s’élevait à 912 milliards d’euros contre 1 717.3 milliards à la fin de l’année 2011 (dernières données disponibles).
Soit une augmentation de la charge de la dette de 817.3 milliards et non 900 comme le sur-estimait le candidat socialiste.

François Hollande a également buté sur le taux de chômage de l’Allemagne. Il l’estimait ce soir à 6.5 %. Des chiffres corrects, mais pas dans le bon ordre : selon Eurostat, l’institut de statistique européen de référence, le taux de chômage en Allemagne s’établissait à 5.6 % en mars 2012 (dernières données disponibles).

Sarkozy embauche des profs

Parmi les incorrections les plus énormes de Nicolas Sarkozy, on trouve cette citation :

Saviez-vous que l’Education nationale c’est la moitié de la fonction publique ?

Un chiffrage auquel le ministère de l’Education nationale est loin de se livrer. Selon des données issues d’un rapport sur les personnels de l’enseignement scolaire, les effectifs de l’éducation nationale s’élevaient à 985 573 en 2009, enseignants et personnels adminsitratifs, techniques et surveillants compris. Un chiffre à comparer avec les 5,298 millions de personnes employées dans la fonction publique au 31 décembre 2009 (dernières données disponibles), d’après le rapport annuel 2010 – 2011 du ministère de la Fonction publique.

Plutôt que de “un sur deux”, le ratio entre personnels de l’Education nationale et fonctionnaires s’affiche donc plutôt au-delà de un sur six.

Au cours de ce débat, Nicolas Sarkozy a également fait preuve de surprenants changements de chiffrage. En témoigne cette assertion sur la “multiplication” de l’éolien sous son quinquennat :

Nous avons multiplié par quatre les énergies éoliennes.

Pourtant, dans une conférence de presse tenue il y a moins d’un mois, le 5 avril, le candidat Sarkozy parlait des énergies éoliennes en ces termes :

Depuis que je suis Président de la République, les énergies renouvelables ont été multipliées par 18 pour l’éolien.

Dans les deux cas, Nicolas Sarkozy se retrouve dans le faux. Et ce, quelle que soit la définition de la “multiplication de l’éolien” retenue.

Pour le nombre d’éoliennes installées sur le territoire français, par exemple, le Syndicat des énergies renouvelables indique que le nombre d’éoliennes installées en France est passé de 1 904 en 2007 à 3 275 en 2010 (dernières données disponibles), soit une multiplication par 1,72.

Autre possibilité : que Nicolas Sarkozy ait voulu s’exprimer sur la progression de la production d’électricité d’origine éolienne en France. le Bilan énergétique de la France pour 2010 publié par le ministère de l’Ecologie et du Développement durable, la production d’électricité par les éoliennes françaises est passée de 4,14 térawatts/heure (TWh) en 2007 à 9,4 TWh en 2010 (dernières données disponibles), soit une multiplication par 2,27.

Introuvable “multiplication par quatre” des énergies éoliennes sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, donc.

Nicolas Sarkozy a ressorti un autre de ses chiffres favoris lors de ce débat :

Quel est le pays qui n’a pas un connu un trimestre de récession depuis 2009 ? Y’a-t-il un pays d’Europe, de l’OCDE qui a fait mieux que la France en termes de croissance depuis 2009 ?

D’après les données OCDE, si la France a effectivement connu aucun trimestre de récession depuis 2009 (tout juste, car elle a enregistré 0 % de croissance au second trimestre 2011), elle est loin d’être la seule : la Suisse et Suède étaient également dans ce cas.

Les comparaisons avec nos voisins européens sont restées très prisées du président-candidat lors de ce grand débat. Nicolas Sarkozy n’a ainsi pas hésité à répéter par quatre fois que :

La France est le pays d’Europe avec la Suède qui a les impôts les plus lourds.

C’est un rapport de la Commission européenne sur l’évolution de la fiscalité dans l’Union européenne qui renseigne sur les taux de prélèvements obligatoires harmonisés selon les pays de la zone, le tout en pourcentage du PIB.

Verdict : Nicolas Sarkozy mentionne à juste titre la Suède mais oublie son voisin danois. Avec 50,2% de taux de prélèvements obligatoires en part du PIB en 2009 (dernières données disponibles), le Danemark était en effet le “pays d’Europe” aux “impôts les plus lourds”. Suivi de près par la Suède (49,2%). Et de bien plus loin par la France, dont les prélèvements obligatoires représentaient 42,6% du PIB en 2009.

L’intégralité des données prononcées par les deux finalistes au cours de ce débat sera vérifiée. Et publiée avant le second tour, bien sûr.

Quant au gagnant du second tour, il sera à son tour vérifié pendant cinq ans. Jusqu’au prochain débat de l’entre-deux-tours.


Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin.
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Illustrations et couverture par Loguy pour Owni /-)

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Hollande mise mal sur le CAC http://owni.fr/2012/03/08/hollande-fluctue-avec-le-cac/ http://owni.fr/2012/03/08/hollande-fluctue-avec-le-cac/#comments Thu, 08 Mar 2012 17:23:07 +0000 Equipe Véritomètre http://owni.fr/?p=101344 OWNI a retrouvé les bases de données à l'origine de ses déclarations sur le sujet, qu'il utilise en se trompant. Au classement de la crédibilité des candidats mesurée par Le Véritomètre d'OWNI-i>TÉLÉ, François Bayrou décroche lui la lanterne rouge.]]>

Ce jeudi 8 mars à 18 heures, l’indice de crédibilité du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude de toutes les déclarations chiffrées des candidats, a connu une petite révolution. Alors que Marine Le Pen avait conservé la dernière place du classement depuis le lancement du Véritomètre, la voilà détrônée par François Bayrou, qui recueille la plus mauvaise note avec 43,5% de crédibilité dans ses références. Eva Joly conserve elle la tête du classement avec 68,9%. Au cours des dernières 48 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 56 citations chiffrées des candidats à la présidentielle. Résumé des principaux éléments.

François Hollande mélange ses données

Il est fort probable que le candidat du Parti socialiste ait reçu un résumé de l’étude d’une société de conseil dédiée aux investisseurs, Proxinvest. Dans son dernier rapport sur la rémunération des dirigeants du CAC 40, Proxinvest livre des chiffres que François Hollande aime distiller, mais aussi faire varier selon ses interventions médiatiques. Première occurrence lors de son discours de Rouen, le 15 février dernier :

Où est le respect du travail quand les patrons du CAC 40 s’augmentent de 34 % pour une rémunération moyenne de 4 millions d’euros par an – 240 années de Smic?

François Hollande la reprend ensuite dans son discours du Mans du 23 février :

Je sais aussi que les patrons du Cac 40 gagnent 240 fois plus que les smicards

Tandis que lors de son intervention à “Parole de candidat” sur TF1 le 27 février, la rémunération moyenne des dirigeants a été divisée par deux :

J’ai appris l’augmentation considérable des revenus des patrons du CAC 40 : deux millions d’euros, en moyenne. Par mois.

Deux jours plus tard, le 29 février sur RTL, les mois sont devenus des années :

Que les patrons du CAC 40 aient pu s’accorder 34 % d’augmentation en 2010 (…) pour atteindre des revenus moyens de plus de deux millions d’euros dans l’année [pour les patrons du CAC 40]

Or la lecture détaillée du rapport de Proxinvest apporte quelques précisions, voire corrections. La rémunération des dirigeants – qui serait alternativement selon les différentes versions citées par François Hollande, de 4 millions par an, de 2 millions par an ou de 2 millions par mois -, le rapport précise que :

Les quarante dirigeants du CAC 40 ont bénéficié pour 2010, d’une hausse moyenne de 34 % de leur rémunération pour un montant moyen de 4,11 millions d’euros. (…) les présidents exécutifs des 80 autres sociétés de l’indice SBF 120 auront vu leur rémunération totale atteindre elle 2,08 millions d’euros.

Le chiffre de 34 % d’augmentation est donc correct, mais d’une part, il ne concerne que les quarante dirigeants du CAC 40 ; et d’autre part l’étude précise elle-même

Ces chiffres sous-évaluent toutefois la rémunération totale puisqu’ils n’incluent pas le complément de retraite sur-complémentaire dont ils bénéficient presque tous sans informer sur leur coût pour l’entreprise.”

Selon Proxinvest la rémunération fixe ne représente même que 27 % de la rémunération totale.

Enfin, l’équivalence de la rémunération des dirigeants avec les 240 années de SMIC ne concerne que 11 des 40 dirigeants du CAC40 : François Hollande exagère les conclusions du rapport Proxinvest.

La dualité de Mélenchon sur le SMIC

Le candidat du Front de gauche connaît le montant actuel du Smic (Salaire minimum interprofessionnel de croissance), dont il a fait de l’augmentation à 1 700 euros mensuel brut un point clé de son programme. Ainsi, évoque-t-il lors de son discours de Rouen du 6 mars :

80% du Smic, c’est en-dessous du seuil de pauvreté.

Chiffre qu’il cite également sur l’émission “Des paroles et des actes” le 23 février dernier ; et chiffre exact : le Smic se situe au 1er janvier 2012 à 1098,28 euros.

80% du Smic correspond donc à un montant de 878,62 euros, montant inférieur au seuil de pauvreté de référence utilisé par l’Insee – qui s’élève à 954 euros.

En revanche, lors de l’émission Parole de candidat sur TF1 lundi 5 mars, Jean-Luc Mélenchon se révèle moins précis sur l’historique du salaire minimum :

En 1968 nous l’avons (le Smic) augmenté de 31% en une nuit ; en 1981, nous l’avons augmenté de 25% ; là l’augmentation que je propose représente 21%”

Aucune des augmentations évoquées par le candidat n’est exacte : en 1968, les Accords de Grenelle actent une augmentation du Smic de 35 %. En juillet 1981, le gouvernement Mauroy vote une hausse du Smic de 10 %.

Quant à l’augmentation proposée par Jean-Luc Mélenchon, elle envisage de faire passer à 1 700 euros le Smic mensuel brut, qui se situe actuellement à 1 398,37 euros. Soit une hausse de 17,7 %… et non 21%, comme le candidat du Front de gauche le suggère.

Marine Le Pen perd le Nord en Picardie

Le temps d’une citation lors de l’émission de TF1 “Parole de candidat”, Marine Le Pen aura fait de la Picardie un emblème : celui des déserts médicaux. En effet :

En Picardie, ça doit être 230 médecins pour 100 000 habitants

La Picardie a en effet, selon l’Insee, le plus faible ratio de France métropolitaine. Mais il est plus élevé que celui évoqué par Marine Le Pen : la Picardie compte 255 médecins pour 100 000 habitants.


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