OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Le Véritomètre du soir http://owni.fr/2012/03/06/le-veritometre-du-soir-marine-le-pen-francois-bayrou/ http://owni.fr/2012/03/06/le-veritometre-du-soir-marine-le-pen-francois-bayrou/#comments Tue, 06 Mar 2012 17:48:03 +0000 Equipe Véritomètre http://owni.fr/?p=100952 OWNI-i>TÉLÉ, alors que François Bayrou se rapproche de la lanterne rouge. Chaque soir, les data-journalists d'OWNI mesurent la crédibilité des candidats à la présidentielle et établissent leur classement grâce aux bases de données de l'application.]]>

Ce mardi 6 mars à 18 heures, l’indice de crédibilité du Véritomètre place Eva Joly en tête avec 70,5 % et Marine Le Pen à la dernière place avec 40,5 % de références chiffrées exactes, devancé d’une courte tête par François Bayrou qui dégringole à 43,5 %  (retrouvez l’ensemble du classement en bas de cet article). Au cours des dernières 24 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 31 citations quantitatives. Résumé des principaux éléments.

L’immigration du travail explosée par Marine Le Pen

L’immigration est une question qui taraude le Front national. Lors de son interview au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro du 4 mars dernier, la candidate frontiste évoque cette thématique à deux reprises.

l’immigration de travail a explosé sous Nicolas Sarkozy

Entre 2005 et 2010, plus 112% d’immigration de travail.

Les vérificateurs d’OWNI cherchent toujours un indice fiable pour savoir à partir de quand un taux explose. Quoi qu’il en soit, les chiffres évoqués par Marine Le Pen sont faux.

Sur la période 2005-2009, le nombre de titres de séjour délivrés pour motif économique – plus communément appelé “immigration du travail” - a augmenté de 59,4 % selon l’Insee, et de 61,7 % selon le ministère de l’Immigration.

Les chiffres bruts sont eux aussi révélateurs : l’immigration pour motif économique n’a concerné “que 19 575 personnes” en 2009 selon l’Insee. Un chiffre bien faible face aux 2 861 700 demandeurs d’emploi (catégorie A) recensés fin janvier 2012 par la Dares.

Bayrou adopte avec largesse

François Bayrou continue de porter sa défense de l’adoption homoparentale devant les médias. Mardi 6 mars à la Matinale de Canal+, il expliquait notamment qu’il s’agissait d’ores et déjà d’une réalité. Chiffres à l’appui :

Il y a des années, il y a des dizaines de milliers de célibataires (…) qui adoptent des enfants en France.

Sauf que : quelque soit le profil des adoptants (couples, familles, célibataires) le nombre d’adoptions internationales n’a jamais dépassé 4 080, depuis 1980. Même en y ajoutant les pupilles de l’État placées en vue d’adoption : 816 en 2008 selon les dernières données disponibles. Sachant de plus que les célibataires représentent entre 10 et 13% des adoptants selon l’Agence française de l’adoption (AFA), aucune chance d’arriver au chiffre évoqué par François Bayrou.

Une balance bien équilibrée

S’il est un chiffre que les candidats maîtrisent, c’est celui de la balance commerciale.

Que ce soit Marine Le Pen “[en 2002] on exportait beaucoup plus, on avait une balance [commerciale] excédentaire” ou François Bayrou “tous les ans et tous les mois, voilà que s’effondre notre balance commerciale”, leurs estimations sont justes : excédentaire en 2002 (0,61 milliards d’euros), la balance commerciale de la France a connu un solde déficitaire depuis dix ans, pour reprendre le phrasé mesuré de François Bayrou.

Eva Joly, plus ch’ti que Paris

Le Nord-Pas-de-Calais, ils sont en train d’isoler 100 000 logements.

expliquait Eva Joly sur RTL le 5 mars. Une citation correcte : dans le cadre de la lutte contre le changement climatique dans la région du Nord Pas de Calais, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) et le Conseil régional ont l’ambition de réhabiliter 100 000 logements en 4 ans.

Eva Joly est plus au fait du logement dans la région Nord que la région parisienne. Elle estimait sur Dimanche+ le 29 janvier dernier qu’il y avait “deux millions de logements vacants” dans cette région. Un chiffre exact, mais pour la France et non l’Ile-de-France.

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Illustrations par l’équipe design d’OWNI

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Nick Clegg n’est pas le Bayrou anglais http://owni.fr/2010/05/06/nick-clegg-le-bayrou-anglais/ http://owni.fr/2010/05/06/nick-clegg-le-bayrou-anglais/#comments Thu, 06 May 2010 09:04:14 +0000 Joël Gombin http://owni.fr/?p=14625 Jeudi prochain, le 6 mai, nos voisins, sujets du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord seront appelés aux urnes pour élire leur Parlement (la règle veut que les élections se déroulent le jeudi au Royaume-Uni). Comme toujours, cette élection fait suite à une dissolution du Parlement, puisque le Premier ministre décide à sa guise de la date des élections générales en demandant à la Reine de bien vouloir dissoudre le Parlement (dans la limite des cinq ans que dure une législature).

Cette élection s’annonce la plus passionnante depuis bien longtemps au Royaume-Uni. Il y a quelques mois encore, personne n’aurait misé une livre sur Gordon Brown, dont on dénonçait le manque de charisme et qui payait politiquement l’usure du pouvoir du Labour, qui dirige le pays depuis 1997 ; sans compter l’impact du scandale qui a touché Westminster il y a quelques mois (les députés s’octroyaient de généreux défraiements).

Et puis, la crise aidant, les cartes ont été rebattues. Le programme de coupes claires dans les dépenses publiques des Tories n’apparait plus si attrayant. Les capacités de gestionnaire de Brown, guère contestées, semblent utiles pour sortir de la crise. Surtout, Nick Clegg, le leader des Liberal Democrats (LibDem pour les intimes), a réalisé une très bonne prestation télévisée lors d’un débat entre les trois grands dirigeants britanniques, ce qui a fait bondir son parti dans les sondages, plaçant les LibDem en deuxième et même parfois première position (pour toutes les infos, je renvoie notamment au dossier spécial élections du Guardian, d’une qualité tout à fait remarquable).

Cette situation est intéressante, d’un point de vue français (et d’observateur de la chose politique), à deux titres au moins.

En premier lieu, beaucoup, à commencer par le Modem, mais aussi outre-Manche, ont été tentés de comparer Nick Clegg, le jeune et séduisant leader des libéraux-démocrates, à François Bayrou. Voilà deux “centristes”, pro-européens, outsiders vis-à-vis des deux grandes forces politiques…

Mais le parallèle ne doit pas, à mon humble avis, être poussé trop loin. D’abord parce que les LibDem ne sont pas le Modem. Leurs origines sont différentes : il y eut historiquement un parti libéral, héritiers des Whigs, qui fut l’un des deux grands partis britanniques jusque dans les années 1920 et l’émergence très rapide des travaillistes. Ce parti devint ensuite très marginal, mais se relança à la fin des années 1980 en s’alliant avec les Social-Democrats, issus d’une scission du Labour en 1981. En effet les travaillistes du début des années 1980 étaient très à gauche, et notamment très anti-européens, ce qui a conduit l’aile pro-européenne du Parti à le quitter. Ainsi, dans le contexte de très forte polarisation idéologique des années 1980, apparait un parti authentiquement centriste, issu du rapprochement d’un ancien parti de centre-droit et d’un groupe de centre-gauche. Pas grand-chose à voir avec le Modem donc, historiquement issu, pour une partie au moins, de la démocratie chrétienne, concept complètement étranger aux LibDem.

Le mode de scrutin fort cruel pour les outsiders

Mais le mode de scrutin britannique, dit “First Past the Post (FPTP)”, ou autrement dit “scrutin uninominal majoritaire à un seul tour”, est fort cruel pour les petits, et même pour les moyens. Depuis 1983, les LibDem (et avant l’alliance Lib/SDP) obtiennent toujours entre 17 et 25% des voix – ce qui, on en conviendra, fragilise déjà beaucoup la comparaison avec le Modem. Pourtant, ils n’ont obtenu qu’entre vingt et soixante-deux sièges – et sans aucune relation entre le score obtenu et le nombre de sièges gagnés ! (cf. le tableau sur cette page Wikipedia)

L’explication de cette distorsion, qui sera vérifiée à nouveau jeudi prochain, tient au mode de scrutin britannique ainsi qu’à la répartition géographique de l’électorat britannique. En effet, comme on peut le constater sur les cartes rassemblées dans ce très intéressant rapport sur les élections générales de 2005, l’électorat des partis britanniques, et notamment celui du parti travailliste, est très concentré géographiquement. Or, le système britannique accorde une prime à cette configuration : mieux vaut être fort dans une partie seulement des circonscriptions qu’assez bon partout. C’est précisément ce qui arrive aux libéraux-démocrates : leur électorat est géographiquement moins concentré, et en plus entre en concurrence avec l’électorat conservateur. Du coup, ils sont victimes de ce qu’on pourrait appeler “l’effet Poulidor” : ils sont deuxièmes dans un très grand nombre de circonscriptions, mais en remportent très peu. C’est ce qui explique que certaines projections donnent les travaillistes troisièmes en nombre de voix mais premiers en nombre de sièges : [EDIT 04/05/2010] ils “gâchent” peu de voix, alors que les conservateurs, eux, en “gâchent” trop en étant “trop” forts dans certaines circonscriptions [/EDIT, merci @jacquep]. Et c’est ce qui explique également que les LibDem aient fait de la réforme du système électoral, avec l’introduction de la proportionnelle, leur cheval de bataille…

Ces mêmes projections laissent penser qu’il est assez probable qu’il n’y ait pas, dans le futur Parlement, de majorité absolue. Cette situation, qu’on appelle un hung Parliament, pour être rare n’est pas sans précédent : elle se produisit à l’issue des élections générales de 1974, ainsi qu’à d’autres reprises en fin de mandat, du fait de défections de députés. Généralement, cette situation se conclut par une dissolution.

L’enjeu : le devenir du système électoral

L’enjeu à mon sens sera, dans les mois qui viennent, de voir ce qu’il advient du système électoral. Les LibDem pourront-ils imposer aux autres partis – et en particulier aux travaillistes, avec qui il semble plus aisé de construire une coalition qu’avec les conservateurs – l’introduction, même partielle, du scrutin proportionnel ? Après tout, ce serait l’intérêt des travaillistes : avec un mode de scrutin proportionnel et une alliance Lib-Lab, les Tories seraient chassés du pouvoir pour au moins vingt ans…

Un autre scénario possible serait que les LibDem, durant plusieurs scrutins consécutifs, dépassent les travaillistes, suffisamment pour les dépasser en sièges. Pourrait alors s’enclencher une dynamique conduisant à la marginalisation des travaillistes et à la reconfiguration du système bipartisan autour des LibDem et des conservateurs, sur le modèle de ce qui est arrivé dans les années 1910 et 1920. Ce serait une belle ironie de l’histoire…

Et puis, il est bien sûr possible – c’est même l’issue la plus probable – qu’il ne se passe rien ou presque. Par exemple, à l’issue des élections de jeudi, il n’y a pas de majorité, les travaillistes changent leur leadership au profit de David Milliband, de nouvelles élections générales ont lieu, et le duopole travaillistes/conservateurs se reforme au détriment des LibDem qui reprennent leur habituelle troisième place…

On le voit, le parallèle bayrou/Clegg est, au-delà du wishful thinking, un peu rapide… et surtout à l’avantage de Bayrou. Car les chances objectives de transformer le système politique sont aujourd’hui nettement plus élevées – même si elles restent relativement limitées - pour les LibDem que pour le Modem.

Billet initialement publié sur le blog de Joël Gombin sous le titre “Nick Clegg, le Bayrou anglais ?

Photo CC Flickr Christian Bachellier

Sur ce sujet, on se permet de vous recommander le site 10 Downing Tweets

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