OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Mordre les photographes http://owni.fr/2012/09/19/mordre-les-photographes-upp/ http://owni.fr/2012/09/19/mordre-les-photographes-upp/#comments Wed, 19 Sep 2012 10:41:48 +0000 Lionel Maurel (Calimaq) http://owni.fr/?p=120403

Fortement bouleversé depuis plusieurs années par les évolutions du numérique, le secteur de la photographie professionnelle s’organise et réagit pour proposer des solutions au gouvernement. Ainsi, L’Union des Photographes Professionnels (UPP) propose un Manifeste des photographes en huit points, indiquant des pistes par lesquelles le législateur pourrait agir pour améliorer leur condition.

Après une première lecture, ma première envie a été de les mordre… littéralement ! Tellement ce manifeste constitue en réalité une déclaration de guerre contre la culture numérique.

Par exemple, les photographes professionnels sont engagés dans une véritable croisade contre la gratuité et les pratiques amateurs, qui sont effectivement massives dans le domaine de la photographie. Ils confondent dans une même invective les microstocks photo (banque d’images à bas prix, comme Fotolia) et des sites de partage d’images, comme Flickr ou Wikimedia Commons, où les internautes peuvent rendre leurs photographies réutilisables gratuitement par le biais de licences Creative Commons (plus de 200 millions sur Flickr et plus de 10 millions de fichiers sur Commons).

Leur hantise est que ces photographies gratuites puissent être réutilisées par des professionnels de l’édition (dans le cas où la licence utilisée ne comporte pas de clause NC – pour NonCommercial). Lesquels auraient dû être obligés – dans leur esprit – de se tourner vers eux pour se procurer des images contre espèces sonnantes et trébuchantes. D’où l’impression que l’explosion des pratiques amateurs constitue une insupportable concurrence, qui serait la cause des difficultés touchant leur secteur d’activité.

Et leur projet, pour lutter contre ce phénomène, consiste tout simplement à interdire la gratuité, ou plus exactement comme nous allons le voir ci-dessous, à rendre la gratuité… payante !

Cet élément constituerait déjà à lui seul une raison suffisante pour avoir envie de les mordre. Mais en poursuivant la lecture de leurs propositions, on se rend compte que l’UPP soutient aussi… la licence globale !

Concernant l’utilisation d’oeuvres par des particuliers sur le web, nous constatons que le dispositif répressif instauré par la loi “Création et Internet” est inopérant et illusoire dans le secteur des arts visuels. À ce jour, les photographes, ne perçoivent aucune rémunération en contrepartie de ces utilisations.

L’UPP s’est prononcée dès 2007 en faveur de la mise en place d’une licence globale pour les arts visuels, dispositif équilibré, qui vise à concilier l’intérêt du public et la juste rétribution des auteurs.

Cette prise de position mérite considération, car les photographes professionnels doivent être aujourd’hui l’un des derniers corps de professionnels de la culture à soutenir la licence globale (dans le domaine de la musique, les interprètes de l’ADAMI et de la SPEDIDAM la soutenaient – ce sont même eux qui ont inventé cette proposition – mais ils ont aujourd’hui modifié leurs positions).

Alors que la Mission Lescure sur l’acte II de l’exception culturelle va commencer ses travaux (et devra se pencher aussi sur le cas de la photographie), j’ai décidé, plutôt que de faire un billet assassin au sujet de ces propositions, d’essayer de comprendre le point de vue de l’UPP.

Un regard objectif

Fortement impacté par les possibilités de dissémination induites par le numérique (quoi de plus simple et de plus incontrôlable que de faire circuler une photographie sur Internet ?), les photographes ont réalisé qu’un dispositif comme celui d’Hadopi est inefficace et ne peut leur être d’aucun secours. Aussi sont-ils prêts à accepter de laisser circuler les contenus, en échange d’une compensation. Ils tirent les conséquences d’un des aspects de la révolution numérique et leur point de vue, en ce sens, est louable.

Facebook droit sur Instagram

Facebook droit sur Instagram

En achetant au prix fort Instagram, le géant Facebook peut surtout prendre le contrôle des droits d'auteurs sur des ...

Mais je voudrais leur expliquer ici en quoi leur opposition aux pratiques amateurs est insupportable, en cela qu’elle nie le propre de ce qu’est la culture numérique (la capacité donnée au grand nombre de créer). Il y a même là une incompréhension totale de la valeur à l’heure du numérique. Comment expliquer en effet que les photographes professionnels soient en crise grave, mais que dans le même temps Instagram soit racheté par Facebook pour la somme mirobolante de un milliard de dollars ? C’est bien que la photo amateur a une valeur, très importante, et l’un des enjeux de la réflexion conduite dans le cadre de la mission Lescure devrait être d’empêcher que cette valeur soit captée uniquement par des plateformes ou des géants du web, comme Facebook.

On associe plutôt le modèle de la licence globale à la musique ou au cinéma (les internautes paient une somme forfaitaire mensuelle pour pouvoir partager en P2P des fichiers). Mais l’idée avancée par l’UPP d’appliquer un financement en amont à la photographie n’est pas absurde. La seule différence (et elle est énorme!), c’est qu’il faut le faire sur le mode de la contribution créative, et non de la licence globale. Les deux systèmes diffèrent dans la mesure où la licence globale rétribue uniquement les créateurs professionnels, alors que la contribution créative s’étend aussi aux productions des amateurs.

Mauvais réflexe

Il y a beaucoup de choses irritantes avec les photographes professionnels, notamment une forme de double discours. Ils poussent les hauts cris lorsque le droit d’auteur des photographes est violé, mais enfreindre celui des autres ne semble pas tellement les déranger.

Sur le site de l’UPP, on trouve par exemple un billet récent dans lequel est signalé la parution d’un article consacré au droit d’auteur dans la photographie sur Nikon Pro Magazine. Mais plutôt que d’en faire un résumé, l’UPP y va franco ! Ils scannent l’article et mettent le fichier en téléchargement, ce que ne permet aucune exception en droit français (la revue de presse n’est ouverte qu’aux professionnels de la presse). Que n’auraient-ils dit si c’était une photographie qui avait fait l’objet d’un traitement aussi cavalier !

Mais passons sur l’anecdote. Le plus contestable reste la manière dont l’UPP veut mettre fin à la gratuité du partage des photographies en ligne. Cette organisation s’est déjà signalée par exemple en saisissant le Ministère de la Culture pour essayer de faire interdire le concours Wiki Loves Monuments, au motif que des professionnels pourraient reprendre gratuitement les photos placées sous licence libre sur Commons.

Dans leur programme, le moyen qu’ils envisagent pour empêcher cette forme de « concurrence » est vraiment cocasse :

Nous sommes favorables à une modification du Code de la propriété intellectuelle, prévoyant que l’usage professionnel d’oeuvres photographiques, est présumé avoir un caractère onéreux.

Cette phrase est fantastique, quand on réfléchit à ce qu’elle signifie. En gros, un professionnel – imaginons un commerce cherchant une image pour illustrer son site Internet – ne pourrait utiliser gratuitement une photo sous licence libre trouvée sur Wikimedia Commons ou sur Flickr. Il lui faudrait payer, alors même que l’auteur du cliché a sciemment décidé qu’il voulait autoriser les usages commerciaux sans être rétribué. Selon l’UPP, il faudrait donc bien payer… pour la gratuité !

Mais à qui faudrait-il que le professionnel verse cette rétribution ? C’est là que les choses deviennent fascinantes. Plus loin, l’UPP dit qu’elle est en faveur de la mise en place d’un système de licence collective étendue pour les exploitations numériques, ce qui signifie qu’ils veulent qu’une société de gestion collective (une sorte de SACEM de la photo) obtienne compétence générale pour délivrer les autorisations d’exploitation commerciale des photos et percevoir une rémunération. Dans un tel système, tous les auteurs de photographies sont réputés adhérer à la société. Ils ne peuvent en sortir qu’en se manifestant explicitement auprès d’elle (dispositif dit d’opt-out).

Pour reprendre l’exemple de la photo sous licence libre sur Wikimedia Commons, cela signifie donc que son auteur devrait envoyer un courrier à la société pour dire qu’il refuse d’être payé. Sinon, le commerce dont nous avons parlé plus haut devrait payer la société de gestion, qui reversera le montant à l’auteur (non sans avoir croqué au passage de juteux frais de gestion). Et voilà comment l’UPP imagine que la gratuité deviendra impossible (ou très compliquée) : en “forçant” les amateurs a accepter des chèques de société de gestion collective !

Ubuesque !

Mais en fait pas tant que cela…

Un peu de profondeur de champ

En réalité, ce sont les présupposés idéologiques des photographes professionnels – le rejet de la culture amateur, la guerre forcenée au partage et la croisade contre la gratuité – qui rendent leurs propositions aussi aberrantes.

Au front de la révolution du droit d’auteur !

Au front de la révolution du droit d’auteur !

Poser les fondements d'une réforme du droit d'auteur et du financement de la création : tel est l'objet d'un nouveau ...

Mais si au contraire, on considère comme un fait positif pour la culture que la photographie soit devenue une pratique largement répandue dans la population (démocratisation) et si l’on admet que la mise en partage volontaire des contenus par leurs auteurs est bénéfique d’un point de vue social, alors on peut penser d’une manière constructive le fait de récompenser tous les créateurs qui participent à l’enrichissement de la Culture sur Internet, qu’ils soient professionnels ou amateurs.

Et c’est précisément ce que veut faire la contribution créative, telle qu’elle est proposée par Philippe Aigrain notamment, dans les “Éléments pour une réforme du droit d’auteur et des politiques culturelles liées“.

Dans ce système, la première étape consiste à mettre fin à la guerre au partage, en légalisant le partage non-marchand des œuvres entre individus. La seconde vise à mettre en place une contribution (un prélèvement obligatoire de quelques euros versés par les individus pour leur connexion Internet), destinée à récompenser (et non à compenser) les créateurs de contenus. Le montant global de cette rémunération (qui peut atteindre un milliard selon les estimations de Philippe Aigrain) serait à partager entre les différentes filières culturelles, et l’on peut tout fait y faire entrer la photographie. Cette rémunération ne concernait pas seulement le téléchargement, mais aussi l’usage des œuvres, que l’on pourrait mesurer en fonction du nombre de visites des sites, des rétroliens ou des partages sur les réseaux sociaux.

Dans ce dispositif, le photographe professionnel, qui met en ligne ses clichés, ne peut plus s’opposer à ce qu’ils circulent sur Internet. Mais de toute façon, il est extrêmement difficile d’empêcher que les photos se disséminent en ligne et les photographes agissent rarement contre les reprises faites par de simples particuliers, sans but commercial. En revanche, les photographes seraient tout à fait fondés à toucher une récompense monétaire, à hauteur de l’usage de leurs œuvres en ligne.

Ce système ne les empêcherait pas par ailleurs de continuer à toucher aussi des rémunérations pour les usages commerciaux, opérés par les professionnels (sites de presse ou usage promotionnel par des commerces ou des marques, usage par des administrations, etc). De ce point de vue d’ailleurs, le programme de l’UPP contient des mesures intéressantes et même nécessaires (lutte contre l’usage abusif du D.R., rééquilibrage des pratiques contractuelles, voire même cette gestion collective obligatoire).

Mais la contribution créative s’appliquerait aussi aux amateurs. C’est-à-dire que l’internaute qui partage ses photographies sur Flickr, sur Wikimedia Commons ou sur son site personnel, est elle aussi fondée à être récompensée, car elle contribue à enrichir la culture par sa production. En fonction du taux de partage/usage de ses clichés, l’amateur pourra donc toucher une rétribution, par redistribution d’une part de la contribution créative.

Une autre photo de la guerre du web

Une autre photo de la guerre du web

Passée la dimension policière de l'évènement, l'affaire MegaUpload a ravivé les débats sur la gestion des droits ...

On en arrive donc, paradoxalement, à un système pas si éloigné de la “machine de guerre” contre la gratuité imaginée par l’UPP : des amateurs, qui n’auraient pas forcément créé des œuvres dans un cadre professionnel, pourraient toucher une rétribution. Sauf que dans le dispositif conçu par Aigrain, les personnes désireuses de toucher les récompenses devraient se manifester, en s’enregistrant (système d’opt-in et non d’opt-out). Par ailleurs, les récompenses ne seraient versées que si elles atteignent un montant minimum chaque année (pour ne pas qu’elles coûtent plus cher à verser que ce qu’elles rapportent effectivement aux créateurs).

Au lieu de fonctionner sur une distinction amateur/professionnel, la contribution créative fonctionne sur une distinction entre les créateurs qui veulent toucher une récompense et ceux qui ne le souhaiteront pas (certainement très nombreux dans le domaine de la photographie).

La contribution créative, (photo)réaliste ?

La mise en place de la contribution créative dans le domaine de la photographie soulève néanmoins des difficultés particulières, et sans doute davantage que dans le secteur de la musique et du film.

Le problème réside dans la difficulté d’attribuer les photographies à leurs auteurs, alors qu’il est si simple de faire circuler, de modifier ou d’enlever le filigrane ou les métadonnées des fichiers des photographies. C’est en fait à la fois une question technique et une question de respect du droit moral des photographes. Sur ce terrain, les combats de l’UPP sont absolument fondés et ils rejoignent également les valeurs des tenants de la Culture Libre (souvenez-vous les protestations de Wikipédia contre les récupérations de Houellebecq).

Comment faire en sorte que le lien entre l’auteur et ses photographies ne se rompent pas au fil de la dissémination ? Je pense en fait que la solution est moins d’ordre technique, ni même juridique, que dans la manière dont les photographes géreront leur identité numérique et leur présence en ligne. A mon sens, une manière de contrôler la dissémination consiste pour les photographes à organiser eux-mêmes le partage de leurs contenus sur la Toile.

Un exemple permettra de comprendre de quoi il retourne. Le photographe professionnel américain Trey Ratcliffe, spécialisé dans la photo de, voyage et la HDR, a déjà adopté une stratégie globale de dissémination de ses contenus sur Internet. Il tient un blog photo très populaire – Stock In Customs - ; il diffuse ses photographies sur Flickr par le biais d’albums ; il est présent sur Tumblr où ses images sont très largement partagées et il va même jusqu’à organiser des « Expositions » sur Pinterest en retaillant ces photos spécialement pour qu’elles s’adaptent à cette interface.

Le résultat de cette stratégie “d’ubiquité numérique” est que le taux de fréquentation de ses sites et de partage de ses contenus est très fort, comme il le dit lui-même :

La licence Creative Commons augmente le trafic sur mon site où nous pouvons où nous pouvons ensuite octroyer des licences pour des photos à but commercial. Mes photos ont été consultées plus de 100 millions de fois sur mon site principal. En outre, j’ai plus de deux millions d’abonnés sur Google+.

Il augmente par ce biais sa notoriété et se construit une identité numérique très forte. Par ailleurs, l’ensemble des “lieux” où Trey Ratcliffe partage ses photos lui assurent une attribution claire de ses images, puisque que c’est lui-même qui les poste : son blog, Flickr, Tumblr, Pinterest, Google+, Twitter, etc. Bien sûr, il y a nécessairement des “fuites”, avec des reprises sauvages de ses clichés sans respect de son droit à la paternité. Mais elles sont soutenables, vu le trafic que la diffusion contrôlée des images assure par ailleurs à l’artiste.

Actuellement, Tray Radcliffe utilise une licence CC-BY-NC-SA, ce qui signifie qu’il autorise les usages non commerciaux et fait payer les usages commerciaux. C’est son business model et il a l’air de fonctionner remarquablement. Mais dans un système de contribution créative, il ne fait pas de doute qu’un photographe comme lui tirerait encore mieux son épingle du jeu, car il toucherait également une récompense pour les partages non-marchands de ses œuvres.

Dans l’article signalé plus haut de Nikon Pro Magazine, voici le point de vue, sans doute représentatif des photographes professionnels sur cette démarche :

Cette stratégie fonctionne, mais beaucoup estiment qu’elles déprécient la photographie et diminue les possibilités de gagner de l’argent pour ceux qui ont besoin de revenus afin de maintenir un standard élevé et de financer des projets.

Conception absurde de la valeur ! L’usage donne de la valeur aux œuvres, il ne les déprécie pas. Et aux Etats-Unis, certains photographes qui ont besoin de financements lourds pour monter des projets savent utiliser la plateforme de crowdfunding KickStarter.

Le point clé pour les photographes à l’ère du numérique, ce n’est pas de lutter contre le partage, mais de comprendre les rouages de l’économie du partage qui est en train de se mettre en place et de développer une agilité numérique suffisante pour tirer profit des forces de la dissémination.

Retirer l’obturateur

Cet exemple des photographes professionnels est important, notamment dans le cadre de la Mission Lescure qui s’annonce. Il montre en effet que la ligne de fracture entre les titulaires de droits et les tenants de la Culture Libre se situe essentiellement au niveau de la reconnaissance de la légitimité des pratiques amateurs et de leur nécessaire prise en compte dans les mécanismes de financement de la création.

Si ce point de désaccord était levé entre ces deux partis, il serait possible de se retrouver sur d’autres sujets (respect du droit moral et de la paternité, mise en place de contrats plus favorables aux auteurs, amélioration des systèmes de gestion pour rémunérer les usages commerciaux, etc) et d’arriver peut-être à un consensus.

La contribution créative reste néanmoins le seul système capable d’appréhender de manière globale la question de la valeur des contenus en ligne et d’organiser un financement complet, parce qu’elle prend en compte les productions amateurs.

Elle parvient à le faire en élargissant les usages, et non en provoquant des dommages collatéraux très importants sur les pratiques. J’ai déjà eu l’occasion ailleurs de démontrer que la contribution créative pouvait apporter des solutions de financement pertinentes pour la presse en ligne, bien plus que l’absurde Lex Google proposée par les éditeurs de presse, qui veut taxer les liens et les clics !

Cela pourrait être aussi le cas pour la photographie.


Photographies sous licence [CC-BY] deKevin Dooley, professeur et photographe amateur.

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Les data en forme http://owni.fr/2011/09/22/data-cartographie-florilege-opendata/ http://owni.fr/2011/09/22/data-cartographie-florilege-opendata/#comments Thu, 22 Sep 2011 14:10:42 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=80490 Tu n’es pas sans savoir, lecteur, que cette succession infinie de bits qu’on appelle un peu partout la “data” – qui vient du latin, pas de l’anglais, ne sois pas bougon – est une passion sans égale chez OWNI. Du coup, étant donné qu’il est assez vraisemblable que c’en soit une pour toi aussi, même naissante, nous nous permettons de te communiquer quelques éléments de veille sur le sujet ; à défaut de pouvoir être traitée de manière exhaustive sur le rythme hebdomadaire auquel nous voudrions t’habituer, cette veille suscitera chez toi, lecteur, tout l’émoi qu’elle mérite. Du moins l’espérons-nous.

L’avenir est dans les cartes

On démarre la rubrique carto avec un petit #oldlink qui date (quand même) du printemps, mais vu qu’il est récemment remonté dans notre veille, on se dit que tout le monde ne l’a pas forcément remarqué à sa parution, bien concentrés que nous étions à surveiller l’apparition des premiers bourgeons.

The World of Seven Billion est (donc) un très joli dossier propulsé par National Geographic pour célébrer le passage (virtuel) des sept milliards d’êtres humains sur Terre. Mappemonde épurée, d’une belle lisibilité grâce à l’usage du fond noir et de couleurs vives figurant les différents niveaux de revenus couplés à la densité de population sur les cinq continents. Une cartographie qui s’appuie sur les données publiques de la Banque mondiale et qui ferait bonne tâche (mais pas tache) dans toutes les salles de classe. En guise de repère contextuel, cette carte est accompagnée de ses principaux vecteurs démographiques, catégorisés selon la moyenne compilée de chaque niveau de revenu dans le monde, et les indicateurs courants de santé publique, d’éducation, de fertilité ou d’accès à la technologie sont ainsi représentés sous une forme sans fioritures, entre logotypes et géométrie.

Dans le même ordre d’idée (un peu #oldlink, et un peu #dark), une pimpante cartographie des États-Unis s’affiche sous le prisme de ses dénominations géographiques génériques, ou toponymes. En se basant sur les données ouvertes (voilà, ça sert aussi à ça, l’open data) du bureau d’inspection géologique étasunien, Derek Watkins peint une carte comme un tableau du pointilliste Georges Seurat, en couleurs inversées sur fond de considérations linguistiques. Où sont les ruisseaux, les marécages, les marais, les bourbiers, les rios et les arroyos qui se retrouvent par centaines de milliers dans le nom des bouts de terres humides et spongieuses, qui, mises bout à bout, forment les États-Unis d’Amérique ? Preuve par l’image : rarement aux mêmes endroits. Et il n’est point besoin d’être anglophone ni géologue pour le comprendre.

Autre carte, nécessaire comme le sang dans nos veines, est celle de l’internet sous-marin réalisée par TeleGeography. La firme de conseil et de recherche californienne, spécialisée dans les telecoms, a compilé ses propres sources pour dresser ce portrait interactif des quasi 200 systèmes sous-marins de câblages permettant (entre autres) à cet article de parvenir à s’afficher sur votre écran. En tant que telle, c’est dans l’adage “Less Is More” (simple et efficace) que réside la force de cette application : une bonne Google Map, des paquets de données géographiques et le tour est joué. Reste à cliquer sur un câble pour obtenir les informations élémentaires le concernant : date de mise en service, longueur du câble, son propriétaire, ses points d’entrée et de sortie et l’adresse du site qui y promeut son règne.

Enfin, dans la série “je fais de la cartographie de qualité en HTML5″, Martin De Wulf n’est pas en reste : son projet, à la fois sobre et ambitieux, est de dresser une carte des migrations à l’échelle mondiale grâce à la base de données du centre anglais de recherche et de développement sur les migrations, la globalisation et la pauvreté. Dans l’utilisation, compliqué de faire plus simple : le passage de la souris sur un pays de ce planisphère sombre permet de découvrir des données économiques et sanitaires de base, et le clic sur chaque pays offre une visualisation instantanée des flux migratoires principaux – tant en départs qu’en arrivées – et les données associées. Détail ultime qui en fait une véritable application, l’ensemble est “cachable” par le navigateur, et permet donc sa consultation hors-ligne. Du très beau travail.

Gnōthi seautón

Connais-toi toi-même, disait-on à Delphes. C’est sans doute la louable intention de la célèbre compagnie d’analyse de données sur le web Hitwise, qui dévoile cette semaine sur son blog une “infographie” nommée : “l’usage de l’internet anglais résumé en une heure“. Alors, nous sommes un peu forcés de mettre infographie entre guillemets, car le résultat produit est pour le moins perfectible dans l’espace insondable et subjectif qu’on appelle sans modestie esthétisme. Toutefois, nous estimons que l’aboutissement du travail d’analyse consistant à comprendre comment #lesgens passent leur temps en ligne mérite d’y laisser un œil ou deux. Ne serait-ce que pour digérer que les Anglais ont passé plus de 3 milliards d’heures sur internet au mois d’août. Dont presque un quart sur les seuls réseaux sociaux. Soit cinq fois plus que sur les sites d’actualités et sept fois plus que dans leur courriel. Et que les Grands-bretons ne consacrent (statistiquement) que deux minutes par heure aux sites olé-olé. On est obligé d’y croire.

La deuxième infographie plutôt moche de la semaine, qui mérite cependant indubitablement un traitement néo-socratique, est celle fomentée par le site 1000memories, qui veut t’aider, lecteur, à organiser, partager et découvrir les photos vieillottes de ta famille et de tes amis. Là encore, les minimalistes amateurs du “Less is More” apprécieront l’extrême lisibilité de cette illustration, qui manie le treemap à merveille pour mettre en parallèle le nombre de photos présentes sur quatre plates-formes bien connues : Facebook, Flickr, Instagram et la bibliothèque du Congrès. Et en matière de stockage de photographies, au risque d’utiliser un cliché : la vérité est ailleurs.

Cette nuit, j’ai eu un Flash

Le Flash c’est le mal. Mais vu qu’on est (donc) ouverts comme du chouette code HTML chez OWNI, il est impossible de ne pas mentionner cette semaine le remarquable travail de synthèse sur les élections sénatoriales propulsé par le site du Sénat lui-même, à l’occasion – sans surprise – du scrutin de dimanche portant sur le renouvellement partiel de cette magnifique assemblée. Tout ce que le citoyen doit savoir sur l’élection est déployé sobrement, en deux langues, et pensé “accessibilité” comme l’atteste la voix mélodieuse de la dame qui parle à l’intérieur. Ne manque sous aucun prétexte, cher lecteur, de te rendre sur ce site de service public qui favorise la publication de données facilitant leur réutilisation. Ça s’appelle (encore) l’open data, et c’est vraiment très bien. Juste dommage pour le Flash.

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La circulation sur le web des images du séisme japonais http://owni.fr/2011/03/12/la-circulation-sur-le-web-des-images-du-seisme-japonais/ http://owni.fr/2011/03/12/la-circulation-sur-le-web-des-images-du-seisme-japonais/#comments Sat, 12 Mar 2011 17:26:30 +0000 Fatima Aziz http://owni.fr/?p=51099 Ce vendredi matin, comme d’autres internautes j’ai appris la triste nouvelle du séisme japonais à travers mes navigateurs. Ma prise de conscience de l’événement a commencé par une image de la Une de Yahoo qui montrait des voitures à flot dans un déluge. D’habitude je ne prête pas attention au flash en image de Yahoo qui est souvent consacré  aux célébrités, mais dans ce cas, j’étais sûre qu’il s’agissait d’une photo d’actualité . C’est à partir de cette photo/capture d’écran de la Une que ma simple visualisation s’est transformée dans une quête d’informations sur la toile.

Capture d'écran, une des premières images du séisme à circuler sur le web par exemple BroadSheet. Les méta données associées à cette images sont les suivantes: A screen grab taken from news footage by the Japanese Government broadcast NHK, on March 11, 2011. Photo credit AFP/Getty Images)

L’efficacité du hashtag

En me connectant simultanément sur Twitter et Google Actualités, j’ai pu localiser la catastrophe. Effectivement les mots-clés tendances sur Twitter #prayforjapan, #tsunami, #japon et #Tokyo Disneyland, ont signalé immédiatement les régions affectées et ont affiné considérablement ma recherche. En plus de signaler d’autres pays touchés, les tweetos affichaient également des images partagées via TwitPic.

L’intégration du lien vers l’image dans les tweetos est une fonctionnalité efficace car elle amène directement sur le compte TwitPic du titulaire et  donne accès à un corpus d’images regroupées sous le même hashtag. Depuis 2008, le TwitPic Image Share permet  le partage des images sur Twitter et propose sur son propre site une recherche de contenu visuel  à partir des mots clés & hashtags associés aux photos/vidéos.

Corpus d'images proposé par TwitPic Image Share à partir d'une recherche du hashtag #prayforjapan

Dans le cas du séisme, un exemple des tweetos  affichant des TwitPics étaient le hashtag #Tokyo Disneyland  avec  des photographies partagées par @mrdaps concernant les dégâts à Disneyland Tokyo.

Une des photographies du corpus #Tokyo Disneyland partagée sur twitter via TwitPic. compte @mrdaps

La réutilisation & circulation des images TwitPic

La reprise de la TwitPic partagée sous le hastage #Tokyo Disneyland sur Twitter.

Quant à la recherche des articles sur Google Actualités j’ai repéré dans quelques articles de blogs privés et des sites de presse la réutilisation des photos Twitpic comme les images les plus récentes du séisme. Par exemple l’article “Latest pictures of Japan’s 8.8 magnitude earthquake” sur le site International Business Times est illustré avec des photographies  provenant de TwitPic (7 sur 8 images sont créditées “Twitter Users). Curieusement, la réutilisation de ces images amènent à leur léger changement  éditorial par exemple, la légende du départ est effacée ou modifiée.

En comparaison avec des premières images partagées en temps réel via Twitpic des sites de presse comme la BBC, la Washington Post, Rue 89, Libération ont proposé des extraits du JT japonais rediffusé par des chaînes américaines, des diaporamas ou bien des photos en  grand format, très nettes.

Faute de comprendre le japonais, je n’ai pas cherché les tweetos nippons, par contre on peut retrouver les extraits du JT japonais  partagés sur Ustream.

Et Flickr?

En m’interrogeant sur ma propre démarche, je me suis demandé si Twitter et sa fonctionnalité de fournir l’information en temps réel n’avait pas remplacé la proposition iconographique de Flickr?

La recherche sur Flickr se fait également par mots-clés et les tags les plus utilisés, mais le site ne propose pas de recherche du contenu partagé en temps réel  ou des tags  tendances. Mais en effectuant une recherche par les tags : japan, earthquake j’ai découvert des séries de photos consacrées au séisme, de belles images en grand format que j’avais déjà vu sur les sites de presse plus tard dans la journée d’aujourd’hui. En voici quelques exemples:

Un échantillon de photos réutilisées dans les diaporamas proposés par la BBC & la Washington Post.Les tags associés sont Japan & Quake. http://www.flickr.com/photos/egbok/

Suite à cette découverte, j’estime que Twitter ou Twitpic n’ont pas remplacé Flickr, c’est l’usage des ces outils qui leur attribue un statut différent. La presse s’est servie des photos Flickr à plusieurs reprises, voir l’article sur ARHV “Tous journalistes?” Les attentats de Londres ou l’intrusion des amateurs. Alors, ce serait peut-être notre manière de rechercher l’image sur le web qui a changé car ce sont des outils proposant des moyens plus efficaces comme les hashtags et  les flux de mots-clés tendances qui s’avèrent être le premier choix.

Dans le contexte de la catastrophe, l’avatar peut-il se détourner en image?

En plus du partage des tweetos comme soutien aux victimes du séisme, plusieurs groupes et pages Facebook ont été crées vendredi sur le réseau social. Les membres de ces groupes et communautés partagent des liens, des images,  commentent et participent, mais aucun de ces membres, ni sur Facebook, ni sur Twitter n’a pas pensé afficher et/ou  diffuser leur soutien auprès des victimes à travers leur avatar.

Dans les contextes récents comme l’affaire Boris Boillon ou l’assassinat du Ministre des Minorités au Pakistan, l’avatar a été détourné de sa fonction visuelle pour servir à des fins iconographiques sur Twitter et Facebook, voir le billet “L’avatar est-il une image?”. Comment expliquer cet absence du détournement dans le cas du séisme japonais? Plusieurs hypothèses sont possibles, peut-être il n’y a pas d’image éditée et  mise en ligne qui peut servir la cause du détournement de l’avatar, ou bien il n’est pas toujours facile de résumer une catastrophe naturelle, de la réduire à une seule figure. Que faire et comment expliquer ce phénomène du détournement? Faut-il aller mener des entretiens auprès des utilisateurs des réseaux sociaux et leur demander d’expliquer leur choix d’avatar?

Suite à cette observation, au moins  un point méthodologique semble claire: le choix de l’avatar pour le détourner en image s’opère très vite, il est influencé par un événement national  ou international. L’image choisie est souvent affichée comme soutien à un événement d’actualité. Toujours dans le contexte du détournement de l’avatar, le choix de l’image dépend aussi du corpus visuel proposé sur le web.

Cependant, dans le contexte de ce séisme, le corpus visuel est présent, mais peut-être trop vaste pour proposer une figure. Compte tenu de tous ces facteurs observables sur le web qui démontrent ses limites, mais aussi ses avantages  il devient possible d’étudier le contexte du choix des images en termes de leur circulation et leurs usages.

>> Article initialement publié sur Image Circle, un blog de Culture Visuelle

>> Photo d’Illustration de l’article : FlickR CC by-nc-sa HisashiToday

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Éclipse de soleil, share it ! http://owni.fr/2011/01/09/eclipse-de-soleil-share-it/ http://owni.fr/2011/01/09/eclipse-de-soleil-share-it/#comments Sun, 09 Jan 2011 09:30:31 +0000 Martin Clavey http://owni.fr/?p=41497 La lune est donc passée devant le soleil mardi dernier. Cette première éclipse de soleil partielle de 2011 a malheureusement été voilée par les nuages dans le ciel français. On ne pourra observer à nouveau ce phénomène cette année que le 1er juin 2011 au Groenland, en Sibérie et au Canada, le 1er juillet 2011 au sud de l’Afrique et le 25 novembre 2011 en Antarctique.

Retrouvez notre sélection de photos prises ce 4 janvier, au Koweït ou en Espagne par exemple, et partagées en Creative Commons par des utilisateurs de FlickR.

Photo prise en Roumanie Marian Nedelcu ©en Creative Commons by


Photo prise à Rust (Autriche) par LLacertae en Creative Commons by


Photo prise en Palestine par mohammad albdareen en Creative Commons by

Photo prise à Maribor (Slovenia) par BenjaminLesjak en Creative by-sa

Photo (photoshopée ?) prise par Elecé en Creative Commons by

Photo prise par Dan Ros en Creative Commons by-nc-sa

Photo prise par r4n en Creative Commons by-nc


Photo prise à Prague par czechian en Creative Commons by-nc-sa


Photo prise par r4n en Creative Commons by-nc


Photo prise à Zahraa (Koweït) par ŇÄĵŵÅ – Free Photographer en Creative Commons by-nc-sa


Photo prise à Höhenstraße (Autriche) par (siko) en Creative Commons by-nc


Photo prise à Cologne (Allemagne) par n0ll en Creative Commons by-nc-sa


Photo prise à Cologne (Allemagne) par n0ll en Creative Commons by-nc-sa


Photo prise à Begues (en Catalogne) par xn44 en Creative Commons by-nc-nd


Photo prise à Saragosse par YeXb83 en Creative Commons by-nc-nd

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http://owni.fr/2011/01/09/eclipse-de-soleil-share-it/feed/ 2
[live-blogging] #7sept: Manifestez-vous! http://owni.fr/2010/09/06/7sept-manifestez-vous/ http://owni.fr/2010/09/06/7sept-manifestez-vous/#comments Mon, 06 Sep 2010 19:17:47 +0000 Admin http://owni.fr/?p=27126 Ce que nous sommes en train de faire:

  • Nous continuons le live-blogging de cette journée afin de garder en mémoire le plus pertinent (cf. ci-dessous).
  • Nous allons crowdsourcer crowdourçons la réalisation d’une base de données et développons une application permettant de géolocaliser les différentes manifestations et le nombre de manifestants.
  • Nous sélectionnons les meilleures photos twittées ainsi que les nôtres pour en faire un diaporama qui sera actualisé ces prochains jours.

Photos, licence CC par Rémi Vincent pour OWNI

Ce billet sera actualisé tout au long de la journée du 7 septembre

[22:03] Vu de la Grèce

Pour clore ce live-blogging, la Grecque Elina Makri, blogueuse sur Café Babel, nous explique comment les médias grecs ont évoqué notre journée de grève, eux qui connaissent une crise beaucoup plus grave que la nôtre et ont battu à de nombreuses reprises le pavé pour s’opposer au plan d’austérité, des manifestations qui ont parfois dégénéré. “Même si la situation reste chaude en Grèce à cause des mesures d’austérité -’du jamais vu’, jusqu’à maintenant les médias n’ont pas encore fait le parallèle entre les événements dans les deux pays. Cependant à la télévision, il y a toujours des personnes invitées aux panels qui disent : “Eh ! Vous voyez ce qui se passe en France maintenant !”
La grève n’intéresse pas beaucoup les médias, car notre actualité est chargée. Hier soir le Premier ministre Papandreou a annoncé un remaniement ministériel. De plus aujourd’hui nous célébrions un triste anniversaire, l’attaque terroriste d’Istanbul de 1955 contre des Grecs. Certains médias en ont parlé toutefois. Ainsi selon le journal Ethnos, c’était l’une des manifestations les plus massives de la présidence de Nicolas Sarkozy  a eu lieu aujourd’hui. Même si les démonstrations a travers le pays ont eu comme cible la réforme des retraites, l’attitude du Président français envers les Roms et les accusations d’implication dans des scandales ont amplifié les protestations.”

[20h55] TF1 de partie, refus de l’affrontement : Thibault attend de parler à Sarkozy et Woerth s’accroche à sa légitimité disparue

Exercice rare pour le 20 heures : Bernard Thibault a enregistré son interview avec Laurence Ferrari en avance. Pas pour assister à la réunion qui décidera des suites du mouvement, mais pour ne pas croiser Eric Woerth : « celui qui arbitre, c’est Nicolas Sarkozy, expliquait sans détour le patron de la CGT qui annonce 2,735 millions de manifestants dans les rues de France en ce jour. Il va devoir réfléchir à la situation nouvelle créée par les manifs. » Ligne officielle des syndicats depuis l’interview accordées aux Echos vendredi dernier : les centrales nient désormais le poids d’Éric Woerth dans les négociations, considèrent les échanges avec lui comme factices… Dans l’attente d’une confrontation avec le décideur de la réforme, le vrai, le président de la République, Thibault, avec l’aplomb que lui ont conférés les reportages épatés par la manifestation du JT de la première chaîne, « n’exclut rien », pas même la grève générale. Dans l’après-midi, il avait fait part de sa réserve sur cette option. Les chiffres de participation ont donc débloqué de nouvelles perspectives chez les partenaires sociaux.

Pour le ministre du Travail, rien ne semble avoir changé. Il ne nie pas l’importance de la manifestation, non, reconnaît même qu’elle a atteint l’ampleur de la dernière réforme des retraites, menée par François Fillon en 2003. Mais il a trouvé son nouveau refrain, sa ligne, également défendue par le Premier ministre et son homologue en charge des fonctionnaires : sa réforme défend une politique « de solidarité ». Reprenant une à une les critiques de la gauche et des syndicats sur le projet, il a ressassé les points sur lesquels le projet s’attardait, « il y a déjà beaucoup dans ce texte sur la pénibilité », s’est-il défendu. Autre refrain entamé à l’Assemblée nationale pendant les questions au gouvernement : cette réforme a été faite « dans tous les autres pays du monde » et la pénibilité y est prise en compte comme nulle part en Europe. Le ministre a tout de même promis des propositions « toujours vers les plus précaires ».

Reste à savoir qui fera les dites propositions : Woerth a déclaré avoir été contacté par le président de la République ayant demandé à le recevoir, accompagné de George Tron et de François Fillon en amont du conseil des ministres, demain, mercredi 8 septembre. A l’occasion de cette réunion, Nicolas Sarkozy fera un point avant des déclarations sur ce dossier.

Malgré des tentatives désespérés de balayer les questions étonnamment insistantes de Laurence Ferrari, Éric Woerth n’a pu éviter d’évoquer l’affaire Bettencourt, « une campagne » qui, depuis trois mois, « livre [son] nom en pâture ». Rappelant le soutien que lui ont témoigné ce jour les députés UMP, le Président et la majorité, il a fixé l’animatrice, s’armant d’un ton agacé : « je vous le dis dans les yeux : je n’ai jamais menti sur rien ». Une déclaration qui devra être mise à l’épreuve de cette interview au cours de laquelle il a soutenu être toujours en charge de la réforme des retraites. Nicolas Sarkozy seul pourra lui donner raison ou tort. L’opposition et les syndicats ayant cessé les attaques sur le dossier Bettencourt pour mettre en avant le projet goûteront en tout cas les mots de M. Woerth : « toute démission serait un avis de culpabilité ». Et de quoi un limogeage serait-il un aveu ? D’incompétence ? Suite au prochain épisode. Car, à n’en pas douter, l’affrontement fait que commencer.

[19h30]: Benoît Hamon : « si le gouvernement remet en cause l’âge légal, l’efficacité des manifestations aura été démontré.»

À la sortie de la manifestation, OWNI a interrogé le porte-parole du Parti socialiste sur le déroulement de la journée parlementaire et les suites des manifestations.

OWNI : contredisant le député socialiste Christophe Surigue, Eric Woerth a soutenu que la réforme actuelle ne portait pas plus préjudice aux femmes qu’aux hommes. Que pensez-vous de cette déclaration ?

Benoît Hamon : La pension moyenne des femmes est de 865 euros, tout le monde le sait : les femmes sont les plus exposées aux carrières morcelées, aux contrats précaires… La caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV), les syndicats et les associations de défense des droits des femmes l’ont démontré. Le problème, c’est qu’Éric Woerth ne défend pas une réforme : il défend sa peau ! Il a été capable de contredire le fait que la réforme Balladur avait fait baisser les retraites alors même que la CNAV l’avait prouvé de manière documentée.

OWNI : Pensez-vous que l’ampleur de la mobilisation (de 1 à 2,75 millions de personnes selon les sources) puisse influencer le débat parlementaire et influer sur la loi ?

B. Hamon : Nous verrons : si le gouvernement remet en cause l’âge légal de départ en retraite et l’âge limite pour le taux plein, alors les manifestations pourront être jugées efficaces. Le projet du gouvernement fait reposer 92% de la couverture du déficit des retraites sur les salariés et seulement 8% sur le capital : ce déséquilibre est inacceptable. Si le gouvernement respecte les millions de Français qui se sont mobilisés dans la rue aujourd’hui, il offrira un interlocuteur crédible aux syndicalistes.
OWNI : Souhaitez-vous le départ d’Éric Woerth ?

B. Hamon : Notre objectif n’est pas d’obtenir la tête du ministre du Travail mais le fait de le maintenir à ce poste alors que personne le prend au sérieux est un signe de mépris du gouvernement. Il n’est conservé à ce poste uniquement parce qu’en tant que trésorier de l’UMP, il a aidé à monter son système de financement. Tout dans la démarche de la majorité relève de ce mépris, jusqu’à l’estimation du nombre de manifestant à Paris de 80.000 personnes. C’est de la provocation et de la falsification, rien d’autre.

OWNI : Vous aviez entamé des rapprochements avec Olivier Besancenot dans le cadre de la campagne contre le projet de loi de réforme des retraites. Le mouvement d’aujourd’hui marque-t-il une nouvelle étape dans cette démarche unitaire ?

B. Hamon : Depuis le début de l’été, la gauche organise des meetings unitaires : nous n’avançons pas les mêmes solutions mais nous avons le même constat sur l’injustice du projet du gouvernement. Nous sommes d’ores et déjà dans une démarche unitaire : plusieurs meetings réuniront la gauche, jusqu’au-delà du NPA, les écologistes et les socialistes, à commencer par celui qui se tiendra demain à Montreuil.

[18h50] Fillon : « depuis 1993 la gauche n’a jamais tenu un seul des engagements qu’elle a pris en matière de retraite! »

A l’instar de Dominique de Villepin contre lequel s’étaient élevées les manifestations monstres du CPE, François Fillon a déclaré son « respect » des manifestants mais aussi de « ceux qui ont choisi de ne pas manifester ». Une mansuétude qui fut surtout l’occasion de se féliciter de la mise en place du service minimum, avant de sortir les couteaux.

A l’instar de la député Dalloz, qui jugeait plus « courageux » de réformer les retraites que d’annoncer la réduction du temps de travail, François Fillon a voluptueusement condamné le travail réformateur de la gauche en matière sociale: « depuis 1993 la gauche n’a jamais tenu un seul des engagements qu’elle a pris en matière de retraite ! » Une déclaration visant à accentuer le contraste avec un projet défendu comme « juste », mot repris à l’envie par Eric Woerth.

Une confrontation qui inaugure cependant une nouvelle phase dans le débat selon Jean-Marc Ayrault (président du groupe PS à l’Assemblée nationale, cité par Le Monde.fr) : « Fillon reconnaît pour la première fois que le PS a un projet sur les retraites ». Le projet des députés socialistes visant à faire émerger le groupe socialiste comme porteur d’un contre-projet sur les retraites aurait donc porté ses fruits à l’occasion de cette séance mouvementée.

[18h16] La Une du Canard Enchaîné de demain

[17h33] 2,5 millions de manifestants en France selon la CFDT

[17h30] À Paris une partie du cortège n’a toujours pas quitté la place de la République et continue de se faire entendre

(photo @loooooo17)

[17:12] Pour Royal, le gouvernement dans la logique de l’impasse est affaibli dans la rue

Ségolène Royal : « des réformes aussi fondamentales que celles-ci ne peuvent pas se faire contre les Français, a-t-elle défendu sur RTL ce midi, C’est parce qu’il y a des millions de gens dans la rue que le gouvernement bouge. » Considérant que les débats ouverts sur les polypensionnés, la pénibilité… écartés comme « impossibles » il y a quelques mois revenaient désormais dans les propos du gouvernement comme des points de négociation, elle y a vu un point d’affaiblissement de la majorité… sans pour autant appeler à la grève générale !

« Il faut toujours se méfier des responsables politiques qui disent qu’il n’y a pas d’autre choix que de faire travailler les salariés plus longtemps, d’autres pays européens l’ont prouvé, a insisté la présidente de la région Poitou Charentes. Est-ce que cette décision résoud le problème des retraites ? Non. Quand il faudra trouver d’autres financements : on va passer de 67 à 69 ans ? On va travailler jusqu’à 70 ans ? On voit bien que cette logique là est une impasse. »

[17h08] Selon France Bleu Lorraine Nord, les syndicats auraient compté 18000 manifestants dans les rues de Metz.

[17h03] Les policiers ne se sont pas contentés d’encadrer les cortèges, certains y défilaient. Exemple dans le cortège parisien.

[16:47] Pendant ce temps à l’Assemblée nationale

Épique : la séance des questions au gouvernement n’a pas connu le calme espéré par la majorité. A peine trois questions avaient été posées que les députés communistes ont voulu remettre une pétition à Eric Woerth, créant un attroupement autour du banc du gouvernement, poussant Bernard Accoyer à une suspension de séance ! “Staliniens” auraient lancés certains élus pendant que François Fillon, notamment, se faisait bousculé de son fauteuil. Zélé comme jamais, Jean-François Copé a demandé un rappel au règlement et même des sanctions contre les pétitionnaires.

À la reprise, le ton s’est calmé, notamment adouci  par l’intervention de plusieurs députés venus apaiser Eric Woerth : Mme Dalloz a ainsi entamé sa question par une définition du courage, « le courage c’est de garder devant l’agitation une âme sereine et un esprit libre. » Interrogé sur la pénibilité, le ministre a soutenu que la France était le seul pays à tenir compte de ce critère dans ses calculs, sans donner d’autre exemple que l’Italie pour étayer son propos.

Contrepoint immédiat de la gauche, le député Siruge (PS), invoquant les « millions de Français [qui] battent le pavé » a soulevé le problème du sort des femmes dans la réforme. Fuyant Eric Woerth a argué que « c’est parce que la retraite est le miroir de votre carrière que les pensions des femmes sont inférieurs aux pensions des hommes. » Néanmoins, le ministre du Travail a annoncé avoir « l’intention de travailler là dessus », sans plus préciser sa pensée.

La suite des débats se déroulera en temps programmé, comme l’a tweeté Gaetan Gorce : 19h pour le groupe PS, 15h pour l’UMP, 8h pour le PC et 1h pour le reste. La méthode du temps programmé avait déjà été critiqué à l’occasion des débats sur le Grenelle en juin 2010 comme une méthode “d’étranglement du débat”. En pratique, il s’agit d’une limitation du temps de débat (pondéré par le poids de chaque groupe politique) réduisant surtout la discussion relative aux amendements et laissant ainsi moins de marge de manoeuvre à l’opposition pour réorienter le texte.

[16h47] La manifestation se termine à Tulle (Corèze) où environ 5000 personnes s’étaient réunies selon Cédric Lang-Roth (@clangroth)

[16h46] Selon @ferocias “plus de 10.000″ personnes défilent à Amiens.

[16h42] Selon Simon Vienne (@SimVien), du Mouvement des Jeunes Socialistes, la manifestation a rassemblé 7000 personnes à Troyes.

[16h39] Jean-Luc Mélanchon dans le cortège parisien, place de la Bastille.

(photo @tdupont)

[16h21] Dans les rues, le refus de la réforme des retraites se raconte aussi par des images simples :

(photo @lisepressac)

[16h17] Sur CNN : http://edition.cnn.com/2010/WORLD/europe/09/07/france.strikes/#fbid=j1KpT2vOJDq&wom=false

[16h11] Alors qu’à Paris, les premiers manifestants arrivent place de la Nation…

(photo @MaherTekaya)

[16h07] Au cœur de la manifestation à Montpellier, le cortège semble déterminé.

(photo de @G6sou)

[16h05] Liliane Bettencourt présente dans les cortèges…

photo par @alexiaey

[16h03] Place de la Bastille à Paris, par @Mipmip

[16h02] A Paris, face à l’affluence, le cortège s’est divisé en deux selon @grebert, repris et corrigé par @lexpress

[15h53] Dans le Cher, selon le Berry Républicain, 17.000 manifestants répartis sur 5 cortèges ce matin.

[14h37] “Énorme manif à Grenoble selon @thephase3.

[15h29] Besancenot à Paris, Eva Joly à Strasbourg

Vogelsong a croisé Olivier Besancenot à Paris, et m_e_l_o_d_i_e nous livre une photo d’Eva Joly au départ de la manifestation strasbourgeoise.

[15h18] Bordeaux, Lyon, Marseille et Rennes: des défilés plus conséquents qu’en juin

La tendance semble se confirmer. Selon nos confrères de Rue89, à Lyon, entre 16 000 (préfecture) et 35 000 personnes (syndicats) défilent en ce moment contre la réforme des retraites, ils sont entre 21 000 (police) et 38 000 (CFDT) à Rennes, Bordeaux compte entre 40 000 (police) et 100 000 manifestants (CFDT) tandis qu’à Marseille, l’écart entre les chiffres diffusés par la police (27 000) et ceux des syndicats (200 000) est immense.

[14h51] Paris: la manifestation démarre

Beaucoup de monde place de la République, les centrales syndicales sont fortement représentées. En tête du cortège, Bernard Thibaut (CGT) et François Chérèque (CFDT) se prêtent au jeu des photos:

Photo CC par Rémi Vincent pour OWNI

[13h50] Les manifestations vues d’ailleurs

Pour le magazine en ligne The First Post, cette journée serait le “black tuesday” de Nicolas Sarkozy. Et ce commentaire n’a rien d’ironique, contrairement au Sydney Morning Herald, lorsqu’il indique (les italiques sont ajoutées) : “La proposition de repousser l’âge de la retraite, examinéece mois-ci à l’Assemblée nationale, a été accueillie avec indignation par une nation qui chérit la retraite à 60 ans depuis plus d’un quart de siècle. Celle-ci a été introduite par un gouvernement socialiste en 1983 et est considérée comme un droit par les travailleurs français qui se sont opposés avec véhémence à ce plan, bien qu’il ne soit pas mis en place avant 2018.

Sacrés Français, toujours à râler, agrippés à leurs acquis …

[13:48] Les chiffres de l’Intérieur à la mi-journée :

450.000 manifestants en France à la mi-journée, selon le ministère de l’Intérieur.

[13:33] Fillon enjoint les députés de “tenir” sur les retraites… Mais préparerait des concessions pour la fin de semaine

Devant les députés UMP réunis à l’Assemblée nationale, François Fillon et Eric Woerth auraient été accueilli par des salves d’applaudissements.  Selon l’AFP (partiellement en grève), relayée par Le Figaro, le Premier ministre aurait appelé à “tenir” sur les reports à 62 ans de la retraite et à 67 ans du taux plein. Des sources parlementaires évoquent cependant des “ouvertures” sur le dossier en fin de semaine… La manifestation porterait-elle ?

[13:28] Mobilisation importante dans les petites villes

À Orléans, la_nr_chantal (journaliste pour le quotidien La Nouvelle République) rapporte plus de 5 km de manifestations et 5000 manifestants, selon les estimations syndicales. Les artères du centre sont (en tout cas sur la photo) peinturlurées par la mobilisation :

À Belfort : 3 500 personnes dans les rues, assez pour paralyser la ville selon nos collègues du Pays belfortin. Dans le cortège, Yves Akermann, président socialiste du conseil général, sénateur, et Bruno Kern, premier adjoint PS de la ville.

À Auch : “de mémoire de certains syndicalistes, on n’avait pas vu pareille mobilisation depuis le plan Juppé en 1995″, rien que ça ! Nos collègues de Sud Ouest rapportent 3 à 6 000 participants dans la capital du Gers (soit presque 25% de plus qu’en juin) devant le siège du Medef (via @mygreg)

À Caen, 25 à 30 000 personnes auraient défilé, de source officielle. Les ponts, comme ailleurs en Normandie, supportent le gros de la mobilisation.

Dans le Centre, les chiffres sont impressionnants : la Nouvelle République rapporte des estimations de 15 à 20000 personnes dans les rues de Tours, une mobilisation supérieur à celle pour la réforme des retraites de 2003 (celle que Christian Estrosi a oublié…). A Châteauroux, le quotidien régional avance le chiffre de 12000 mobilisés, soit plus qu’en juin dernier.

[13:10] La carte des manifestations

Les camarades de l’Express.fr ont créé une carte utile pour savoir où et quand manifester. N’hésitez pas à vous en servir!

[13h07] Pause “Merguez et Musique”

Pour se remplir les oreilles au moment de remonter le boulevard, @TLanoy nous propose une playlist Spotify spéciale grève : Renaud, les Thugs, la Maison Tellier… Et Léo Ferré, bien sûr : “ils ont voté et puis après”.

[13h04] La minute remotivation

Rappel : en juillet 2009, cet homme prétendait que la France avait “changé” et que les grèves “on ne les voyait plus”. Selon nos informations, il disposerait encore de certaines responsabilités au sein de l’exécutif français et s’apprêterait à réitérer ces propos  dans les jours à venir. Merci de vous manifester si vous pensez qu’il a tort.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

[12h58] Réactions #2

Le fail de Christian Estrosi

Le ministre de l’Industrie s’exprimait sur la réforme des retraites lors de la fête départementale de l’UMP à Auron (Alpes-Maritimes) : notre motodidacte, en verve bourdesque, a évoqué “un jour de rupture avec l’indécision, l’irresponsabilité, la lâcheté”, “not[ant] qu’en un quart de siècle aucun gouvernement n’a eu le courage de proposer une réforme globale”.

C’est pourtant bien un certain François Fillon qui a mis en place une réforme des retraites en 2003, celle qui porte son nom ?

Benoit Hamon sur France Info

“Beaucoup de Français n’auront pas les moyens de faire grève aujourd’hui” note Benoît Hamon, mais “tous les indicateurs montrent que la majorité s’oppose à cette réforme”. Lui aussi affirme qu’il faut “revenir à la retraite à 60 ans”:

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Chérèque mise tout sur le Sénat

François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, constate sur RTL que le gouvernement est dans une position de rejet de toute négociation et espère pouvoir peser plus efficacement sur le Sénat : « Le sénat, c’est mon espoir ».

Cliquer ici pour voir la vidéo.

“Il y aura une suite, et on n’attendra pas un mois cette fois pour faire une suite” “Il y aura une suite, et on n’attendra pas un mois cette fois pour faire une suite” a aussi déclaré François Chérèque (l’Express)

Bernard Thibaut prévoit une manif exceptionnelle

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Le secrétaire général de la CGT demande “une remise à plat de la logique de cette réforme”.

La CFE-CGC ne croit pas à cette réforme

A l’AFP, Bernard Van Craeynest de la CFE-CGC affirme que “la réforme (des retraites) ne résout pas la question du financement. [...] On s’en rendra compte dès 2013 quand il faudra remettre l’ouvrage sur la table”.

[12h37] @laffargue : “cortège angevin vraiment très très long”

[12h35] Selon @chon1986,  “Marseille est noire de monde ! Le cortège bloque toute la rue de la République, le Vieux-Port est rempli et la Canebière est toujours aussi pleine. Le cortège n’arrive pas à avancer”


[12h18] @Cecile_Jandau continue son livetweeting depuis Clermont-Ferrand: “Détermination et inquiétude se lisent sur certains visages comme celui de ce vieux monsieur, sans capuche, ni parapluie”

[12h15] A Poitiers: le cortège a l’air imposant, comme le montre les photos de Baikal sur Twitter:

[12h05] Au Mans : les syndicats déclarent 30 000 participants : un record ! Une vidéo du Maine Libre permet de constater la mobilisation des principales centrales et des employeurs emblématiques de la région (Renault…)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

[11h57] A Clermont Ferrand : mouillés, mais mobilisés : les syndicats auraient dénombré 20 000 personnes selon @Cecile_Jandau, journaliste au quotidien de la ville. Une photo du cortège d’ombrelles sur le boulevard Lavoisier:

[11h56] En Normandie : nos collègues de Paris Normandie assurent le suivi en live des manifs dans la région : à Dieppe, 6000 personnes selon les syndicats, à Evreux, 10 000 au moins au départ du pré du Bel-Ebat.Au Havre, l’annonce la semaine dernière de la fermeture d’une usine à Bolbec, et les 316 emplois menacés, auraient motivé un nombre record de mécontents! Quant à la préfecture, Rouen, pas de chiffre pour l’instant mais la manif, qui a tout juste commencé à 11h45, sature déjà les ponts de la ville !

[11h55] Réactions #1

Vu de l’étranger

Henry Samuel, correspondant à Paris pour le Telegraph, titrait carrément, avant même que la journée de manifestation soit entamée, “deux millions de Français seront en grève contre la réforme des retraites de Sarkozy”

Le journaliste souligne la fragilité du gouvernement, bas dans les sondages, pris dans la tourmente de l’affaire Woerth-Bettencourt, très critiqué pour sa politique sécuritaire envers les Roms, mais néanmoins accroché à sa réforme. Il revient aussi sur le sondage selon lequel 70% des Français soutiennent la grève, tout en pensant que la réforme est inéluctable et que la manifestation ne servira à rien. French paradox ?

L’auteur note également que le principal problème de Nicolas Sarkozy, c’est que les grèves ont toujours abouti à un plus grand désaveu de la politique du président et de son style. Et de citer la grève de ce lundi dans l’éducation.

Paillé (UMP) : “Ce n’est pas la rue qui gouverne”

Du côté du parti au pouvoir, on envoie les porte-paroles pour rappeler les fondamentaux.

Au nom de quoi, parce que l’on vit plus longtemps, faudrait-il travailler plus longtemps ?

Guy Birenbaum s’est étonné il n’y pas longtemps en écoutant Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de Force Ouvrière: Au nom de quoi, parce que l’on vit plus longtemps, faudrait-il travailler plus longtemps ?

C’est vrai ça. Comme Guy le dit:

C’est le type même de la “fausse évidence” que, probablement, beaucoup ont intégré et accepté, comme moi, sans réfléchir ! [...] On nous a assuré, on nous a assené, on nous a matraqué qu’à partir du moment où les gens vivent plus longtemps il est logique/normal/évident qu’ils doivent travailler plus. Mais cette affirmation interdit LE débat.

Cambadélis (PS): la gauche au pouvoir reviendra à l’âge légal à 60 ans

Sur i-Télé, Jean-Christophe Cambadélis, le député PS de Paris, s’est dit « persuadé » que la gauche rétablirait l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans: « On ne pourra pas faire autrement ».

[11h35] A Nice : première estimation, 15.000 participants. Photo du rassemblement place Masséna http://twitpic.com/2m2tis / par @corleone06:

[11h34] A Caen, pas d’estimation mais le rassemblement est “bien plus chargé que le 27 mai” selon @nook_ . Photo du cortège vers 11h15 :

[11h24] Du côté de Marseille, Chon86 fait état d’un cortège hétéroclite: “La CGT Éducation est là comme hier. Les autres branches sont présentes (docker, livre)”:

[11h15] A Clermont-Ferrand, malgré la pluie, la mobilisation semble prendre, comme le dit Cécile Jandau, “Il semblerait que le privé ne soit pas mal représenté” :

[10h37] @corleone06 Manifestation à Nice : #Nice

[10h34] @Willy_Colin Gros succès au #Mans 30 000 manifestants

[10h23] Bernard Thibault sur Europe 1

Une réforme injuste et inefficace

Lire le compte-rendu de son intervention sur LePost

De quoi parle-ton ?

[10h08] A l’heure où dans quelques villes les manifestants commencent à se rassembler, une sélection de quelques liens utiles pour comprendre le projet de loi et ses écueils:

Sur Eco89, Pascal Riché explique dans un billet didactique et clair les enjeux de la réforme: “Retraites: le débat expliqué aux nuls et aux jeunes insouciants”

Sur LeMonde: “Ce que prévoit le projet de loi” et un dossier intitulé “Le recul de l’âge légal de la retraite est-il inévitable?”

Sur Alternatives Économiques: “Retraites: une réforme injuste et inefficace”

Un dossier complet par Terra Eco

« Assez forte mais moins qu’en 2003 » La réaction d’Eric Woerth le 24 juin 2010 contenait en elle toute la suffisance de la démarche qui a été celle du gouvernement sur le dossier des retraites : minimiser la contestation jusqu’à la nier, pour ne pas enrayer la machine à réformer le social. Ce jour, 2 millions de manifestants, toutes centrales et corps de métiers confondus, avaient noirci les rues et c’est cette même estimation que font aujourd’hui les syndicats pour le grand rassemblement du 7 septembre. Le gouvernement minimisera, forcément.
Sauf que, cette fois-ci…

L’enjeu est de ne pas être nié.

Aux quatre coins du pays, les manifestants de tous âges disposeront des outils classiques pour colorer la journée de leurs revendications : bannières, banderoles, drapeaux, vuvuzelas, portes-voix… Mais tout ça ne sera fixé qu’un temps par un nombre limité de journalistes dont les contraintes techniques empêcheront une couverture de l’événement aussi massive que sa portée.

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Or, un autre outil sera dans la poche de presque tous : smartphones, appareils photo numériques et autres mini caméras qui produiront au fil de la journée témoignages et revendications propulsées sur les réseaux. Afin que cette autre manif ne se perde pas dans le bruit du web et reste comme un témoignage tangible, une preuve de la mobilisation, OWNI propose un « parcours » à tous les cybermanifestants qui voudront se réunir et se compter ce 7 septembre.

Que vous postiez vos commentaires sur Twitter ou vos photos sur FlickR, il suffira d’ajouter le tag 7sept (#7sept pour Twitter) ainsi que celui correspondant à votre ville pour être repéré et répercuté par ici.

Parallèlement, l’équipe d’OWNI suivra sur les réseaux et dans la rue les événements de la journée : participation, témoignages, réactions, vidéos, cartes, visualisations… Tous les initiatives sont les bienvenues pour enrichir cette journée et faire écho aux revendications sur le dossier des retraites.

Manifestez-vous, mais manifestez bien : le plus grand réseau social de France sera peut-être en bas de chez vous demain, à portée de 3G.

Illustration CC FlickR Nwardez

Ce billet sera actualisé tout au long de la journée du 7 septembre

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http://owni.fr/2010/09/06/7sept-manifestez-vous/feed/ 7
Flickr, je suis ton père http://owni.fr/2010/04/21/geek-specialise-es-stormtroopers-flickr/ http://owni.fr/2010/04/21/geek-specialise-es-stormtroopers-flickr/#comments Wed, 21 Apr 2010 15:46:07 +0000 Admin http://owni.fr/?p=12718

LeGuillaume et darksabine ont joué #lesinfiltres chez Stéfan

Sous le masque d’un honnête père de famille des environs de Nantes se cache en fait un geek mordu de  Stormtroopers (les soldats de l’Empire galactique dans la Guerre des étoiles, en non geek) : les fans auront reconnu Stéfan, l’auteur de la série Stormtroopers 365, utilisée sans parcimonie par Owni (toutes ces belles images en CC sur Flickr, on aurait tort de s’en priver…) Un projet de publication quotidienne d’une nouvelle photo “à teneur garantie en Stormtroopers”, pendant un an. “Des figurines Hasbro, pas des vrais Stormtroopers car je n’en connais pas personnellement”, précise-t-il. Car l’homme a de l’humour, comme vous pourrez le constater dans cet entretien.


D’où te viens ce penchant pour les stormtroopers : tu as été biberonné à Star wars ?

C’est plutôt un intérêt qui est venu progressivement, et pas vraiment un attachement par nostalgie, puisque j’ai peu de souvenirs d’enfance liés à Star Wars. Je suis né en 1979 donc juste quelques années trop tard pour être au bon âge, à la bonne époque, pour vivre en direct les sorties successives des trois premiers films et tout le raz-de-marée Star Wars qui a accompagné les films (et qui a donné naissance à des trucs absolument géniaux, comme la chorégraphie diffusée par Michel Drucker en 1977, avec des C3PO et des Dark Vador qui s’affrontent en dansant).
Je me souviens vaguement avoir vu les films à la télé quand j’étais petit ; à l’époque c’est surtout quelques grosses scènes d’action qui m’ont marqué, comme les combats avec les TIE Fighters, ou l’attaque de la base Rebelle sur Hoth avec les walkers, au début de L’Empire contre-attaque. Mais je pense que je n’ai pas compris grand-chose à l’histoire sur le moment.

En tout cas, enfant, je n’ai pas baigné dans les produits dérivés ; j’étais plutôt dans un trip GI Joe et Mask, sûrement à cause du Club Dorothée. En fait j’ai commencé assez tard à vraiment devenir fan de Star Wars (c’est-à-dire à commencer à connaître les noms des personnages non nommés dans les films, par exemple). Je dirais que ça a commencé aux alentours des années lycée. Je ne sais pas trop pourquoi. Peut-être grâce à la resortie des épisodes IV, V, VI au cinéma en 1997. J’ai eu une période Chewbacca (dont je suis toujours fan). Je pense que les années suivantes, avec en particulier la sortie de la nouvelle trilogie, ont contribué à ce que je m’y intéresse de plus en plus.

Parvenue progressivement au petit Stéfan la force est

Quand as-tu commencé ces mises en scène ?

C’était début avril 2009. La première photo de la série a été publiée le 3 avril. Ce n’était pas vraiment prémédité ; je savais que j’avais envie de faire sur Flickr une série un peu construite, avec un thème imposé ou des règles, mais l’idée de faire une série sur un an avec des figurines de Stormtroopers est venue assez brusquement.

Apprécies-tu le travail d’autres personnes qui font le même genre de mise en scène, par exemple Mike Stimpson (alias Balakov sur Flickr)?

Oui, j’apprécie beaucoup les photos de Mike Stimpson. Une des raisons qui m’ont amené à choisir le sujet des Stormtroopers, ce sont des photos à base de figurines Star Wars que j’avais déjà vues, principalement sur Flickr. Je crois que j’avais déjà vu quelques photos de Mike/Balakov avant de commencer, mais ce qui m’a vraiment donné envie d’essayer c’est d’une part la série Stormtroopin’ de DrBeef, et d’autre part le projet Year of the Fett par Gareth Payne, qui était environ à mi-parcours quand j’ai commencé. Ensuite j’ai découvert, notamment par les groupes Flickr gravitant autour de Star Wars, d’autres excellentes photos sur les mêmes sujets, comme celles de JD Hancock. Il y a également Powerpig qui fait des trucs absolument géniaux avec des écureuils et des figurines Star Wars.

Stéfan et la grande communauté des photographes fans de Star Wars

J’ai d’ailleurs été assez surpris de certains commentaires de visiteurs qui me disaient que mes photos étaient les meilleures photos de jouets Star Wars qu’ils avaient vu sur Flickr. Il y en a énormément d’autres qui sont bien meilleures. Il y a même des gens qui semblent croire que j’ai inventé le concept de la photo de figurine de Stormtrooper, alors que tout le monde sait que c’est Léonard de Vinci qui l’a inventé. C’est assez injuste finalement.

Comment se font les échanges avec ta communauté de fans ?

Principalement par les commentaires sur Flickr. En cours de projet j’ai mis en place un fil Twitter et une page Facebook pour faciliter le suivi de la série pour les personnes qui préfèrent utiliser ces outils, mais j’ai conservé l’essentiel de l’interactivité sur Flickr. Je trouve que c’est plus simple et convivial si tous les échanges sont concentrés sur un même espace.

J’essaie de répondre systématiquement aux commentaires qui appellent une réponse. J’aurais aimé pouvoir aussi répondre aux autres commentaires ; j’essayais de le faire régulièrement au début, mais sur les derniers mois j’ai été obligé d’arrêter, par manque de temps.

We are what we share

Quel usage est fait de tes photos ?

Il y a quelques blogs ou sites de magazines en ligne qui en ont republié certaines, pour faire connaître la série. J’en vois aussi de temps qui sont utilisées comme illustrations d’articles de blogs sur différents sujets (pas nécessairement en rapport avec Star Wars) ; quelques personnes m’ont également demandé l’autorisation d’en utiliser pour illustrer des diaporamas réalisés dans le cadre de leurs études. Je trouve ça super, que ces photos qui j’ai réalisées pour m’amuser puisse servir à d’autres personnes. C’est la raison pour laquelle je les publie sous licence Creative Commons.

On trouve d’autres geekeries liées à l’enfance dans ta galerie : des playmobils par exemple, qu’est-ce qui te fascine dans cet imaginaire ?

Je pense que tout le monde adore les jouets mais que certains ont honte de l’avouer et préfèrent, à la place, fumer des cigarettes (par exemple).

As-tu quelques statistiques sur ta galerie: combien de photos/albums ?

J’ai 3456 photos publiques au moment où je réponds à cette question. Dont environ 10% avec des Stormtroopers.]

Tous les chemins mènent à l'enfance

Quels sont les secrets de fabrication de tes scènes ?

Il n’y a pas vraiment de secrets de fabrication, je suis un pur amateur qui n’y connait absolument rien en appareil photo ou en éclairage, même aujourd’hui je pense que je serais incapable d’expliquer clairement ce qu’est une focale. L’éclairage des photos a été essentiellement réalisé avec une lampe de bureau que j’ai dû payer une dizaine d’euros il y a quelques années.

Quant à l’inspiration, pour la série Stormtroopers 365, il y a différentes sortes d’idées. Celles qui mettent les Stormtroopers face à des objets de notre monde à nous ; dans ce cas l’inspiration vient simplement des objets eux-mêmes : en les voyant, je me dis “qu’est-ce qui pourrait se passer d’amusant si des Stormtroopers de dix centimètres rencontraient ce machin ?”. D’autres photos jouent plutôt sur les références à Star Wars, comme la série de la recherche des droïdes que nous recherchons. Il y a également des références à d’autres films, comme Retour vers le futur, Gremlins, etc. Finalement, l’inspiration vient donc d’un peu tout ça : des ustensiles de cuisine et des références de pop-culture légèrement orientées 80’s.

Nous avons cuisiné Stéfan pour qu'il livre ses secrets.

Tes légendes et les titres de tes photos en anglais témoignent d’une très bonne maîtrise de la langue, d’où te vient-elle ?

J’ai juste le niveau d’anglais de quelqu’un qui a fait anglais LV1 du collège au lycée.

D’ailleurs au passage un petit message à l’attention de vos plus jeunes lecteurs : l’anglais est probablement la seule matière que vous pourrez utiliser dans vos loisirs (jeux vidéo, Internet, films, musique…), donc écoutez bien vos professeurs d’anglais, même si vous êtes dans une filière scientifique (comme moi).

Honnêtement je ne pense pas que ma série aurait eu autant de succès si je l’avais faite avec des titres et commentaires en français. Surtout depuis que buzz se dit ramdam.

Quand j’ai commencé la série, j’aurais aimé être plus à l’aise avec l’anglais pour développer un peu plus les légendes des photos ; sur la série Year of the Fett par exemple, j’adore les dialogues, mais je suis incapable de faire la même chose, ça demande vraiment de parler couramment la langue pour que le texte paraisse naturel et crédible.

Mais avec le recul, je me dis aussi que finalement, le fait de ne pas pouvoir utiliser le texte autant que je voudrais m’a obligé à faire des photos auto-suffisantes, qui n’ont pas nécessairement besoin d’une légende pour être comprises. Ce qui est peut-être plutôt pas mal, finalement.

Quel regard porte les “non-geeks” sur ton travail ?

Quelques personnes m’ont avoué par leurs commentaires avoir apprécié mes photos de Stormtroopers alors qu’elles détestaient Star Wars. Mais c’était peut-être des trekkies infiltrés (fan de Star Trek, NDLR), donc pas des non-geeks, juste une autre faction de geeks.

Ceci dit, à mon avis, la série est beaucoup plus intéressante quand on connait Star Wars, il y a pas mal de photos qui contiennent des références aux films (sans parler des Stormtroopers eux-mêmes).

Merci Stéfan

As tu une idée de la suite à donner à ton travail (merchandising…) ou as-tu fait ça uniquement pour le fun ?

J’ai fait des calendriers 2010 parce que plusieurs personnes le demandaient, mais je n’ai pas vraiment de projets plus développés en la matière. De toute façon, je pense qu’au niveau juridique c’est limité, la propriété intellectuelle des personnages appartenant à Lucasfilms. Et puis le but n’était pas de gagner de l’argent mais de faire quelque chose qui m’amuse tout en amusant quelques autres personnes.

Tu nous prépares une nouvelle série ?

J’ai une idée mais pour le moment c’est top secret ; tout ce que je peux dire c’est que ce sera quelque chose de moins ambitieux qu’un projet sur un an.

Interview par Guillaume Ledit et Sabine Blanc

Le galerie Stormtroopers 365 sur Flickr

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Données personnelles: orage dans les nuages http://owni.fr/2010/04/20/donnees-personnelles-orage-dans-les-nuages/ http://owni.fr/2010/04/20/donnees-personnelles-orage-dans-les-nuages/#comments Tue, 20 Apr 2010 10:03:58 +0000 Nicolas Kayser-Bril http://owni.fr/?p=12657 Nicolas Kayser-Bril, qui s’occupe du datajournalisme ici chez OWNI, pige aussi aux Inrocks où il tient le blog Web-Obscur. Consacré aux arnaques et aux manipulations sur Internet, ses articles se penchent régulièrement sur les risques du cloud computing. Celui qui suit est une synthèse d’un article de février et de son follow-up d’avril.

Rocío Lara / CC Flickr

Où sont mes données lorsque je les stocke en ligne sur Hotmail, Flickr ou Google Docs? Plusieurs affaires américaines sont venues souligner l’importance du problème ces derniers mois.

La complexité du statut juridique de données faisant plusieurs fois le tour du monde dans la journée et stockées sur des serveurs dans des endroits tenus secrets, fait qu’il est quasi-impossible d’évaluer précisément les risques posés par le cloud computing.

USA, Chine, Russie, France: Vos données ne se cachent plus

En août 2009, lors d’une enquête sur des spammeurs, le FBI a obtenu un mandat l’autorisant à exiger de Google de lui fournir tous les Google Docs d’un suspect (voir l’article de Wired). 10 jours après, Google leur a envoyé les documents, dont une feuille de calcul contenait plus de 3 millions d’adresses spammées. Sans le cloud computing, obtenir une telle pièce à conviction aurait pris des semaines, puisqu’il aurait fallu aller la chercher sur le disque dur du suspect. Et encore, il aurait pu tout avoir effacé.

Le mieux dans cette histoire: Le FBI n’avait même pas besoin de mandat. Une loi de 1986, le Stored Communications Act, autorise la police à accéder aux documents personnels stockés sur un serveur après un délai de 180 jours. Ce qui était sensé dans les années 1980 (lorsque les documents ne faisaient que transiter du serveur vers des ordinateurs distants) provoque un joli maelström à l’heure de l’informatique dans les nuages.

En utilisant cette loi surannée, un procureur général américain a voulu forcer Yahoo à transmettre des e-mails plus récents que 180 jours, sous prétexte que l’utilisateur les avait déjà lus (toujours chezWired).

Cette demande a provoqué une levée de boucliers chez les défenseurs de la vie privée outre-Atlantique. Soutenu par Google et l’Electronic Frontier Foundation, Yahoo a tenu bon, empêchant ainsi les flics US de lire à loisir les e-mails d’une vaste majorité d’Américains.

De l’autre côté du Pacifique, le 12 janvier dernier, Google annonçait que le gouvernement chinois avait pénétré ses serveurs et extrait des informations concernant les comptes Gmail de 2 opposants. Les fonctionnaires chinois seraient donc en mesure de s’introduire où bon leur semble dans les serveurs de Google.

Un peu plus à l’ouest, en 2007. Microsoft annonce l’ouverture prochaine d’un parc de serveurs à Irkoutsk, en Sibérie. Depuis, silence radio. Microsoft semble avoir levé le pied sur son investissement russe.

La raison? 4 mois après avoir signé un accord avec la région d’Irkoutskle FSB (ex-KGB) est venu mettre son nez dans le dossier en affirmant que si Microsoft n’était pas 100% transparent dans la manière de stocker les données, ses serveurs constituaient une menace pour la sécurité de l’État. En d’autres termes: Vous nous donnez l’accès à vos serveurs ou on ne vous laisse pas vous installer.

Retour en France pour finir, où en 2007, un médecin isérois partageant par mail avec ses collègues ses réserves quant au bien-fondé d’une mesure gouvernementale s’est vu convoqué chez le sous-préfet. Comment les e-mails se sont-ils retrouvés à la préfecture? Nul ne le sait.

Résultat, si vos données sont hébergées par un fournisseur basé aux États-Unis, ou même sur un serveur installé là-bas, la police n’a pas beaucoup d’obstacles à franchir pour y avoir accès. Si elles sont hébergées en Chine ou en Russie, le gouvernement n’a pas l’air de se gêner pour glaner ce qui l’intéresse. En France non plus, vos mails ne semblent pas protégés outre mesure.

Ivan Walsh / CC Flickr

Pourquoi tant de flou ?

En théorie, d’après la loi Informatique et Libertés de 1978, chacun a un droit d’accès à ses données personnelles, ainsi que le droit de savoir si ses données sont envoyées en dehors de l’Union Européenne. En réalité, il est très difficile de localiser des données en particulier. Les géants du web, les Microsoft ou Google qui gèrent des dizaines de milliers de serveurs, équilibrent la charge entre leurs différentes ‘fermes’, de manière à pouvoir servir de manière optimale la partie du monde où les internautes sont éveillés.

Résultats, vos données peuvent être stockées en Belgique aujourd’hui et à Shanghai cette nuit. Difficile dans ces cas là de donner aux internautes une réponse définitive concernant la localisation de leurs fichiers. Je ne parle même pas des entreprises qui sous-traitent l’hébergement des données de leurs utilisateurs.

Le statut des données stockées dans les nuages manque de clarté. En  France, la loi relative au secret des correspondances électroniques de 1991 dispose que la force publique ne peut mettre son nez dans vos mails que si la sécurité nationale est en cause (ou le grand banditisme, ou le terrorisme – le genre de choses qui a peu de chances de vous concerner). Et c’est le premier ministre qui doit autoriser et motiver l’autorisation d’espionner.

La loi sur la confiance dans l’économie numérique de 2004, qui devait éclaircir les choses, s’est bien gardée de trancher le débat. Elle définit l’e-mail mais en fait l’égal d’une lettre, ce que le conseil constitutionnel a confirmé par la suite. Pour les juges, les policiers et les citoyens, le message est clair: Débrouillez-vous !

Face à une loi aussi peu adaptée aux enquêtes ordinaires, c’est le flou qui domine. La distinction entre correspondance privée et professionnelle, par exemple, oscille depuis deux dizaines d’années. Un jugement de janvier 2010 semble dire que les emails envoyés depuis le lieu de travail ne relèvent pas de la correspondance privée. Il vient à l’encontre d’un jugement de 2001 qui disait exactement l’inverse, c’est-à-dire que toute correspondance électronique envoyée à un seul destinataire depuis une adresse protégée par mot de passe est privée. Jusqu’à ce que la cour de cassation tranche, les juges seront libres de se fonder sur l’une ou l’autre des décisions.

Un cocktail de lois nationales

Alors, faut-il préférer une loi Américaine qui ne protège que modérément l’utilisateur ou une loi française qui hésite depuis 20 ans sur la démarche à adopter? Et quels services sont soumis à quelles lois?

Dans une décision d’avril 2008, le TGI de Paris a affirmé que les lois françaises ne s’appliquaient pas aux services hébergés aux Etats-Unis. Les juges ont débouté une française exigeant que Google efface ses interventions sur Google Groups. Même s’ils ont souligné que la loi de 1978, censée donner aux internautes un droit d’accès à leurs données, ne s’appliquait pas à une entreprise californienne, les attendus expliquaient aussi que la plaignante pouvait faire le travail elle-même, en effaçant les messages à la main. Encore une fois, tant que la Cour de Cassation ne s’est pas prononcée, nul ne sait à quoi s’en tenir.

Mais de toute façon, une décision de justice en France peut très bien être contredite par un jugement américain. Un article de Bloomberg recense la flopée de jugements internationaux n’ayant aboutis à rien, faute de coordination entre juges européens et américains.

Pour Stéphane Grégoire, chargé de mission au Forum des droits sur l’internet, que j’avais interviewé en février, la solution à ce méli-mélo juridique est d’unifier le droit du cloud computing au niveau mondial. Les sites globaux, comme Facebook, sont soumis à 130 lois nationales différentes. Impossible dans ces conditions de créer des services sur mesure pour respecter les législations locales.

Dans ce but, le groupe de travail G29, qui rassemble les 27 CNIL européennes, propose pour commencer d’unifier la notion de ‘données à caractère personnel’ (voir l’avis). En effet, les textes communautaires laissent aux 27 membres de l’Union une bonne marge de manœuvre pour décider de l’interprétation de ce terme.

Pour une nouvelle approche du problème

La loi de 1978 se focalisait sur les données physiques et l’approche du législateur a peu changé depuis. A l’époque, il s’agissait de savoir si les cartes perforées, les bandes magnétiques et les disquettes seraient envoyées à l’étranger pour traitement. Et vu qu’un gigabit pesait une trentaine de kilos (stocké sur 320 Commodore Datasette, par exemple) contre un demi gramme aujourd’hui sur carte SD, il était plus facile de suivre les données à la trace.

Impossible à faire respecter aujourd’hui, ces dispositions doivent être revues. C’est ce qu’affirme Peter Fleischer, grand gourou de la vie privée chez Google. Selon lui, l’accès aux données est secondaire. L’important, c’est de savoir quelles sont les mesures prises pour les protéger, quelles sont les protocoles pour y accéder, etc. En effet, dans sa guerre de com’ contre le gouvernement chinois, Google a révélé que la plupart des comptes Gmail compromis résultent de vols de mot de passes via des sites de phishing.

Le plus grand danger des sites communautaire ne vient pas d’une attaque extérieure, mais bien du voyeurisme des employés. Chez Facebook, les employés peuvent voir quels sont les profils que vous consultez. Loin d’en avoir honte, ils considèrent ça comme un des avantages du métier, selon Valleywag. C’était en 2007 et les choses ont sûrement beaucoup changées depuis, mais les procédures de sécurité internes laissent souvent à désirer.

Quand elles existent.

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Le Nuclear Summit de Washington, avec @YLeterme http://owni.fr/2010/04/13/le-nuclear-summit-de-washington-avec-yleterme/ http://owni.fr/2010/04/13/le-nuclear-summit-de-washington-avec-yleterme/#comments Tue, 13 Apr 2010 11:24:43 +0000 Damien Van Achter http://owni.fr/?p=12157

MAJ 13/04: Yes, He Did :-)

En route pour le Sommet sur le nucléaire à Washington. Deux jours de réunion avec une 40aine de pays à l’initiative de Barack Obama. Au retour, ce sera l’heure du dossier BHV.

Le premier tweet d’Yves Leterme ne remonte peut être qu’à la dernière pluie, lesquelles s’enchaînent assez vite, surtout ici en Belgique, mais force est tout de même de constater que depuis le 4 février, date de son dépucelage tweetesque, les échanges entre notre Premier ministre et la twittosphère néerlandophone belge se déroulent sur un ton très intéressant, qui laisse augurer de quelques belles joutes communicationnelles, voire plus si affinités. Pourquoi ? Tout d’abord parce que, manifestement, Yves Leterme ne laisse à personne d’autre que lui le soin de blackberryser ses tweets, que se soit lors de son dernier voyage officiel en Asie ou dimanche dans son divan devant Paris-Roubaix. Ce qui est un fort bon départ en la matière vu que tout le monde ne s’appelle pas Barack et qu’il vaut toujours mieux un tweet humain dans la langue de Vondel qu’un tweet pasteurisé dans celle de Nivelles (ou Bastogne. ou Liège, au choix)

Voilà, je viens de comprendre comment "follower" quelqu'un :-) Merci pour tous vos conseils !

Intéressant aussi parce qu’il est en mode low profile, conscient que nul n’est à l’abri d’un fail (surtout lui, remember la Brabançeillaise) et qu’on a rarement l’occasion de faire deux fois une première bonne impression (sauf lui, puisqu’il a tiré la carte “same player shoot again“). Pas de déclaration fracassante mais quelques @reply bien sentis et des petits gestes qui entretiennent une bonne atmosphère en attendant de découvrir comment fonctionne le bouton pour se mettre à l’écoute des autres gazouilleurs. Troisième initiative web-friendly, à défaut d’être récente ou novatrice, le compte Flickr alimenté en fresh pictures d’agence. D’où d’ailleurs la non-licence Creative Commons, dommage … Enfin, et c’est sans doute pour cela que l’arrivée piano ma sano du Premier ministre sur Twitter m’excite le plus (oui, j’ose leterme), c’est qu’elle advient alors que l’actualité politique belgo-belge va à nouveau grimper dans les tours – je ne vous fais pas le pitch de BHV, @jeanlucdehaene le fera mieux que moi- et que je ne doute pas un seul instant que les autres twittos élus du plat pays ne manqueront pas d’alpaguer Yves sur la voie publique numérique.  Et c’est là que les choses vont vraiment devenir intéressantes !

Vu le nombre de perchés ayant désormais accès au balcon des festivités, ne pas répondre ou botter en touche à la sauce média 1.0 sera de facto considéré comme un aveu de faiblesse, voir pire, comme une reconnaissance de culpabilité… avec un nouveau bashing 4 étoiles bien lolesque à la clé (cf. le T ci-dessus, tissé en son temps avec amour et à la main par de vilains pirates) Bref, tout ça pour vous dire que Yves vient d’arriver à Washington, qu’il n’a pas dormi des masses, qu’il rencontre en ce moment le sénateur US @MarkWarner et qu’avec un peu de chance, comme l’avait fait avant lui @VincentVQ,  il balancera peut-être même un ou deux tweetpics depuis le conseil des ministres … Who knows ?  :-)

Billet initialement publié sur Blogging the news

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Embouteillages dans les nuages ? http://owni.fr/2010/01/26/embouteillages-dans-les-nuages/ http://owni.fr/2010/01/26/embouteillages-dans-les-nuages/#comments Tue, 26 Jan 2010 16:25:09 +0000 Olivier Ertzscheid http://owni.fr/?p=7259

Au mois de Janvier 2008, il y a donc déjà 2 ans de cela, la LoC (bibliothèque du Congrès), était la première institution à décider de “déporter” dans les nuages, une partie de ses collections iconographiques. (Pour rappel : mes commentaires de l’époque). Depuis cette date, ce qui était une initiative isolée est devenu une partie extrêmement importante du site FlickR, puisque pas moins de 31 institutions (bibliothèques, musées, archives, centres de recherche) ont rejoint le volet baptisé : FlickR : The Commons.

Or dans un très récent communiqué, on peut lire que le site FlickR n’accueillera pas de nouvelle institution durant l’année 2010. Dans l’un des groupes de discussion liés à ce sujet, un membre du staff de FlickR assure que le projet “Commons” n’est pas du tout remis en question et reste une priorité de FlickR (qui – rappelons-le est propriété de Yahoo!), et que la raison de cet arrêt momentanné est celle d’une trop grande file d’attente dans les demandes, demandes que FlickR dit ne plus être en mesure de traiter. Il arrête donc les nouvelles demandes d’inscription pour traiter celles qui sont déjà en cours.

Soit ce qui ressemble au premier embouteillage connu – ou en tout cas déclaré comme tel – de l’ère de l’informatique en nuages.

Que le projet FlickR Commons soit victime de son succès n’est guère étonnant. C’est l’archétype même du projet “gagnant-gagnant”. Gagnant pour les institutions qui viennent y glaner visibilité, ergonomie, nouveaux usages et donc nouveaux publics (le tout à coût zéro me semble-t-il), et gagnant pour FlickR qui trouve dans cette manne de quoi conforter sa position de “leader” des banques de photos numériques en ligne, et de quoi également conquérir une légitimité “académique” apte à faire oublier les quelques – rares – critiques sur le tout-venant des autres contenus du site.

Par ailleurs, ce projet est intéressant “sémantiquement” parce qu’il s’inscrit dans une problématique de plus en plus pregnante et médiatique (bien que finalement très ancienne), celle des “biens communs“. Il y aurait une bien belle thèse à rédiger sur l’essor parallèle et davantage complémentaire que contradictoire de ces logiques de réseau, d’éclatement d’une part, et, d’autre part, de ces logiques de l’agrégation, du rassemblement, de la dissémination librement consentie et le plus souvent altruiste ; en bref, de ces logiques du don, du partage et de la contribution, telles qu’elles se donnent à lire au travers de l’informatique “libre”, des licences “creative commons” et dernièrement donc, de ces biens communs patrimoniaux.

Denrier point à porter au crédit de l’initiative des Commons de FLickR, sa “clarté contractuelle”, autrement dit le fait que l’exposition des oeuvres ainsi numérisées se fait dans une “simple” perspective de service, de plus grande exposition, bref, de plus grande valeur ajoutée. L’ensemble des institutions partenaires ont numérisées elles-mêmes les collections qu’elles viennent exposer sur FlickR, et on est donc bien loin de tout l’embrouillaminis que suscite depuis déjà plus de 6 ans, un autre projet de numérisation et d’exposition d’oeuvres patrimoniales …

A terme, et quand FlickR réouvrira les vannes d’inscription après avoir intégré celles en attente, lorsque la masse critique des documents iconographiques ainsi déportés en fera, et de loin, le premier site iconographique du patrimoine mondial, lorsqu’il aura donc définitivement enterré l’ensemble des projets de portail européens de numérisation, du fait de la clarté conceptuelle précédemment évoquée, du fait que pour tout document ainsi déposé les métadonnées restent définies par les institutions déposantes et que les mêmes institutions soient à chaque consultation d’un document provenant de leur fonds, facilement et directement identifiables, cet ensemble de conditions fait que le seul risque, à terme, est celui de voir légèrement baisser la fréquentation des sites hôtes des différents partenaires. Encore que ce risque ne résiste pas longtemps à l’analyse puisque ce n’est pas la totalité d’une collection donnée qui est déportée sur FlickR, mais, dans la majorité des cas, une partie soigneusement sélectionnée d’un fonds particulier, invitant donc les curieux à consulter le site d’origine pour avoir accès au-dit fonds dans son intégralité.

Bref, plus je tourne et retourne cela dans tous les sens, et plus je me dis que l’on serait bien inspiré de trouver dans ce type de nuage là, la solution ayant valeur de paradigme pour tout un ensemble de problématiques de numérisations sur d’autres types de fonds qu’iconographiques. (sans pour autant affirmer que tout est rose au royaume de FlickR/Yahoo, lequel royaume n’est pas exempt de querelles et de sombres rivalités)

Petit scenario de prospective à deux sous : imaginons qu’une grosse société (par exemple un moteur de recherche) rachète un site parmi ceux souvent présentés comme les “YouTube du livre” (exemple : Calaméo, Scribd ou tant d’autres encore). Et qu’il ait ensuite l’intelligence de faire ce que Yahoo! fit avec FlickR, c’est à dire ne rien toucher à l’identité du site racheté, ne pas tenter à toute force d’y imposer sa “marque”. Gageons alors que nombre d’institutions pourraient ainsi déporter sur ces sites “de grands publics” tout ou partie de leurs numérisations, sans se poser d’insolubles cas de conscience. Il me semble alors que tout le monde y gagnerait en visibilité, en lisibilité, en ergonomie (l’interface de tourne-page et de visionnage étant la même pour tous les documents), en référencement. Bref, que l’on ne serait pas très loin du cahier des charges idéal autour duquel on tourne bien malhabilement depuis des lustres.

Inversons la vapeur. Nombre de projets de numérisation ont d’abord eu comme ambition (légitime) de travailler et de garder la maîtrise de leurs contenus. Ces “process” en sont malheureusement souvent venus à occuper tout le devant de la scène, au détriment d’autres logiques qui n’ont pourtant rien d’accessoires : non pas celles des usages stricto sensu (qui sont toujours plus ou moins vaguement pris en compte dans les différents dispositifs techniques de numérisation), mais celle plus essentielle de la médiation, c’est à dire de la manière d’aller à la rencontre des usagers en créant les conditions nécessaires à une envie de retour. Alors donc, essayons d’inverser la vapeur. Posons nous la question de la médiation comme un préalable nécessaire, mais nécessairement distinct de la numérisation elle-même. Maintenant que l’on sait à qui iront les financements dédiés du grand emprunt, numérisons, produisons et partageons les métadonnées associées, revendiquons nos identités et nos compétences “institutionnelles” grâce à un affichage choisi, et peut-être, peut-être qu’une fois que les usagers seront convaincus de “l’efficience” de nos institutions (mot très à la mode ces derniers temps dans différents cénacles ministériels) et ce que les sites mêmes qu’ils fréquentent tous les jours, peut-être alors aurons-nous réussi à leur faire comprendre tout l’intérêt que présentent des structures comme les bibliothèques. Sur ce dernier point – convaincre les usagers de l’efficience des structures publiques documentaires – il me semble que jusqu’à maintenant, ils n’ont eu le choix qu’entre un discours à l’élitisme surranné (l’ordre contre le chaos, le choix raisonné et éclairé de quelques-uns contre le fourre-tout anarchique de tous les autres) et un autre, dramatico-financier (on a pas le sous, on pourra pas rivaliser, donnez-nous 1000 colombes les moyens).

(Initialement via : Du bruit au signal)

» Article initialement publié sur Affordance

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L’évènement le plus marquant de la décennie* ? Internet bien sûr http://owni.fr/2010/01/01/l%e2%80%99evenement-le-plus-marquant-de-la-decade-internet-bien-sur/ http://owni.fr/2010/01/01/l%e2%80%99evenement-le-plus-marquant-de-la-decade-internet-bien-sur/#comments Fri, 01 Jan 2010 18:48:30 +0000 Philippe Martin http://owni.fr/?p=6611 Un changement de décennie  est toujours un moment propice pour chacun de regarder dans le rétroviseur et de réfléchir à ce qui nous a marqué. On retiendra que ce début de millénaire n’a pas été glorieux : méga attentat, méga tsunami, années Bush, pandémie, crise financière, dégradation du climat … Bref, on se demande ou chercher des signes de positivisme. Pourtant c’est du côté de l’innovation que l’on aurait l’occasion de se réjouir et notamment du côté du web. Quand on y regarde de plus près, ce qui s’est passé sur ce terrain est assez phénoménal. Des entreprises, des projets, des produits sont sortis de nulle part et ont déjà changé nos vies, le tout porté par une croissance faramineuse sur une si courte période, probablement comparable à celle qui a suivi l’arrivée de l’imprimerie.

Dans leurs dossiers spéciaux le GuardianTechnaute et le Journal du net passent en revue ces dix années de révolution non stop. Je me suis posé la question sur ce qui m’avait épaté, étonné, surpris durant cette période :

Google, l’entreprise en kit : rien qu’en allant visiter leur ferme de blogs corporatifs, on peut mesurer à quel point cette entreprise est la locomotive de l’innovation web. De la géolocalisation, en passant par la bureautique jusqu’à prochainement  l’arrivée d’un OS, d’un netbook et d’un smartphone … Bien sûr tout cela possible grâce à la formidable machine à cash que représente le couple Adsense-Adword.

Apple, le révolutionnaire numérique : au début de la décennie, Apple était un manufacturier d’ordinateurs et de logiciels, une sorte de mouton noir supporté par une clientèle fidèle d’inconditionnels. Puis sans crier gare, la firme s’est positionnée sur le marché de la musique en ligne créant un couple redoutable d’efficacité avec le duo Ipod-Itunes. Et la table fut remise quelques années plus tard, même stratégie avec le duo Iphone-App-store. Et ça va continuer avec bientôt le futur E-book qui sera couplé encore avec un « App-book » supermarché digital de livres et de magazines, sorte de kiosque à journaux online. Ensuite viendra le tour de l’industrie du jeu en ligne, rien n’arrêtera Apple. Ils ont le culot de prendre d’assaut des marchés hors de leur zone de confort, ils ont créé des formidables machine à cash, ils ont les ressources et le savoir-faire en plus d’une capacité phénoménale à grimper rapidement n’importe quelle courbe d’apprentissage. A lire : 10 ways Apple owned the decade chez TechRadar

Les « nobody » – Wikipédia, Youtube, Facebook, Twitter, Flickr : ceux-là, personne ne les avaient vu arriver. En l’espace de quelques années, il sont se hisser au sommet des destinations préférées des internautes. Pour l’anecdote, lorsque que Wikipédia a ouvert ses portes en 2001 avec la mention « encyclopédie libre » beaucoup ont rigolé devant ce site vide de textes avec ce curieux éditeur de contenu du nom de wiki, dixit Jimmy Wales le fondateur. Dernièrement Chad Hurley, le co-fondateur de Youtube, indiquait lors de la conférence Le Web qu’un milliard de vidéos était visionnées par jour et que 24 heures de contenu étaient uploadé toute les minutes.

Les moteurs du web social : l’open source, le rss, les wikis, les blogs : sans eux point de websocial, cette culture numérique entrepreneuriale basée sur la collaboration,  le partage, l’échange et les communautés. C’est le chaînon manquant qui a permis de lier la sauce. Si on prend le cas des blogs, leur croissance fulgurante est en grande partie reliée à leur simplicité d’utilisation ainsi qu’à la quantité de plateforme en concurrence sur le terrain de l’innovation. Quand au RSS encore mal connu, c’est lui qui a pavé la voie vers ce fameux « realtime web » qui créé déjà débat. La majeure partie de la diffusion du contenu sur le web social repose sur le socle du rss.

Les tuyaux, les réseaux mobiles, les déploiements d’infrastructures  haute vitesse,  wi-fi : on en parle moins car c’est la partie la moins sexy du web. Ceux qui ont connu les connections par modem 28 ou 56 K avec le fameux petit  crachouilli seront plus en mesure d’évaluer le chemin parcouru depuis. On ne s’en rend pas compte mais aller dans un café et se connecter automatiquement  au web en wi-fi en ouvrant son laptop est une méchante avancée.

Les usagers : moi, vous, nous, avons donné vie à toute cette panoplie. Il fallait que nous répondions présents, que nous adhérions. Le temps passé sur le web a doublé en dix ans, conséquence des facteurs mentionnés plus haut. Cela soulève aussi le débat « à qui appartient le web ? » qui va prendre de plus en plus d’importance dans les prochaines années, j’y reviendrai dans de futurs billets.

La morale de tout ça est que le web est encore un territoire vierge a explorer ; tous les curieux, ingénieux, innovants de ce monde peuvent y prendre leur place. Certes tout n’est pas parfait mais il faut s’attendre à des impacts très puissants dans les prochaines années. Le « Tipping Point » est désormais atteint et des empires, des industries, de rentes vont disparaitre pour faire place à d’autres, la suite risque d’être passionnante.

» Article initialement publié sur Social Media Today

» Photo d’illustration, “The Internet” par Monoglot sur Flickr

* = titre original :  ”L’évènement le plus marquant de la décade ? Internet bien sûr” (mais “décade” est un anglicisme qui devenait ici un non-sens / merci à @CISportsNews et @monsieurkaplan pour cette correction /-)

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