OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Ce que #MEUPORG nous enseigne http://owni.fr/2010/03/29/ce-que-meuporg-nous-enseigne/ http://owni.fr/2010/03/29/ce-que-meuporg-nous-enseigne/#comments Mon, 29 Mar 2010 08:24:40 +0000 Yann Leroux http://owni.fr/?p=11060 Le cas de MEUPORG est riche d’enseignements. Il ne donne pas simplement une idée de la façon dont les jeux vidéo sont maltraités. Il donne aussi une idée de la façon dont les gameurs s’organisent aujourd’hui et de la façon que peut avoir un média de réagir à une crise en ligne.

Le début de l’histoire est banal.
1-Un journaliste a une minute pour traiter d’un sujet, et en une  minute, il ne peut que mal le traiter.
2-Il s’appuie sur un court article d’un autre média – Libération – et le copié-collé n’aide pas à penser.
3-Il trébuche sur un sigle.
4-William Leymergie l’interrompt malicieusement.
5-Il persiste dans son erreur et reprend l’idée d’une

Des éléments de la culture populaire ont toujours été attaqués par les média qui se font alors porte-parole de l’élite. Mais le 21ième siècle a quelque chose de différent. Les opinions ne sont plus cantonnées dans les bistrots et les ateliers. Le réseau est un des lieux où elles se forment, se transmettent et se diffusent.

Nous sommes maintenant entrés dans une économie du commentaire. On peut s’en réjouir ou le déplorer, mais il faut prendre le fait en compte. Contrairement au siècle précédent, le net offre un lieu où les opinions peuvent se former presque immédiatement. Parmi les téléspectateurs, certains ont l’ordinateur sur les genoux ou le smartphone à portée de main. Ils sont en recherche d’interactivité et chercheront sur le réseau des espaces où exprimer ce qu’ils ont à dire.

Naissance d’un mème

Une première vidéo est postée sur Youtube ; elle est sobrement appelée France 2 – Télématin – MMORPG. Poussée entre autre par Korben, elle est amplement vue et commentée.

À partir de la première vidéo sur YouTube, il se produit ici quelque chose : le mèmeW MEUPORG nait.  Il est décliné en images, en site, en T-shirts, en fan pages Facebook. La vidéo “originale” est éditée et remixée.

Les média n’ont pas encore pris suffisamment en compte force de ce mouvement. France Télévisions est restée muette sur Twitter. Le journaliste Nathanaël de Rincquesen n’a pas non plus pris la mesure du fait que son nom est maintenant attaché à MEUPORG et que la maison brûle jusque dans le forum de l’émission Télématin et sa fan page sur Facebook est également campée par des commentaires ironiques.

On peut bien entendu faire le pari qu’il s’agit d’un de ces feux de paille dont les mondes numériques sont coutumiers. Mais le mouvement est bien plus profond. Ce n’est pas une émeute, c’est le signe d’une révolution. Pour ceux qui ne voudraient pas prendre au sérieux la LOL Machine, peut-être est-ce-que l’apparition d’un groupe comme l’Union pour un MEUPORG Populaire (UMP) donnera à penser.

Les gameurs ne sont pas des adolescents retranchés dans leurs chambres, coupés du bruit du monde. Ce sont pour la plupart de jeunes adultes, au fait de ce qui se passe dans leur société. Et ils ont un moyen de se faire entendre.

Coté médias

Coté média, on a l’impression d’assister à la description de Mc Luhan : l’onde de choc Internet a frappé les média avec tant de force qu’ils sont comme anesthésiés. : France 2 se montre incapable de mettre en place des mesures pour contenir et gérer la crise. Pourtant, il n’y a aucun doute : les crises de ce genre vont se multiplier et vont augmenter en intensité. Elles ne concernent pas seulement les média. En ce moment, Nestlé fait l’objet d’une attaque de ce type sur Facebook : les lieux en ligne sont aussi des lieux de contestation, et pas seulement des lieux où rassembler des audiences passives. Certains se retrouvent avec les loups alors qu’ils pensaient tondre des moutons. Faut il le préciser ? Internet sera un des lieux de manifestation du malaise qui sourd dans nos sociétés.

Télématin  fait en moyenne 1,4 millions de téléspectateurs. Cela veut dire que la seule vidéo initiale génère 14% de leur audience quotidienne. On peut bien entendu se dire qu’il s’agit de chiffres générés sur plusieurs jours, alors que les 1,4 millions de téléspectateurs sont réalisés quotidiennement. Mais, une telle augmentation de l’attention serait bienvenue si elle était associée a une image positive de l’émission ou de la chaîne. Malheureusement, c’est bien plutôt à une destruction de l’image du journaliste, de l’émission, de la chaîne et des média mainstream à laquelle on assiste aujourd’hui.

On serait en droit d’attendre que les community managers de la chaîne interviennent et aident à sortir de la crise.C’est dans ces moments que ce nouveau métier prend toute sa valeurs, et, d’évidence, certains manquent l’occasion de monter ce à quoi ils peuvent être utiles.

Billet initialement publié sur Psy et geek ;-)

Photo CC Flickr Matt Hamm

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#jdlm: Critique de la télé-réalité ou télé-réalité de la critique? http://owni.fr/2010/03/18/critique-de-la-tele-realite-ou-tele-realite-de-la-critique/ http://owni.fr/2010/03/18/critique-de-la-tele-realite-ou-tele-realite-de-la-critique/#comments Thu, 18 Mar 2010 12:15:19 +0000 André Gunthert http://owni.fr/?p=10323 Faire un film de l’expérience de Milgram pour critiquer la télévision, tel était le projet de Christophe Nick avec Le Jeu de la Mort (France Télévisions, 2010). Un film étrange, qui met face à face deux fictions: La télévision, représentée par la figure caricaturale du jeu télévisé (assimilé, on ne sait pourquoi, à la télé-réalité, alors qu’il s’agit d’un programme d’un tout autre genre), vs LA science, incarnée par un professeur à barbe blanche, le psychologue Jean-Léon Beauvois, appuyée le rappel insistant de l’archive et sur une batterie de graphiques superbement designés.

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Que la télévision ait une influence sur les représentations et les comportements est a priori peu douteux, et la critique de l’obéissance aveugle, qui est au fondement de l’expérience de Milgram, apparaît comme une cause sympathique.

D’où vient alors le sentiment permanent de malaise distillé par le film? Au-delà de la manipulation des cobayes, et du paradoxe de produire une véritable situation de télé-réalité (autrement dit une mise en scène de la “vraie vie” avec des sujets consentants destinée à produire du spectacle), il y a me semble-t-il plusieurs erreurs de démonstration.

L’expérience de Milgram portait sur l’autorité. Or, sa transposition télévisée ne démontre pas l’existence d’une “autorité” télévisuelle, mais plutôt la soumission au dispositif. Pour avoir participé à plusieurs émissions de radio et quelques émissions de télévision, je peux témoigner qu’il existe une forte pression du dispositif. Une émission est une machine dont le déroulement réglé s’impose, non sans violence, au participant. Elle implique la mobilisation d’un appareillage coûteux, d’une équipe de plusieurs personnes, de locaux spécialement disposés réservés à cet effet, etc.

Bousculer ce dispositif, une fois qu’on a accepté d’y prendre part, n’est guère envisageable, et reviendrait approximativement à prendre les commandes d’un Boeing après le décollage. Au-delà de questions de légitimité ou d’autorité, il y a la simple réalité qu’un participant est toujours étranger au dispositif, dont il est un usager temporaire, et dont il n’est pas responsable.

Ces questions n’ont jamais été abordées pendant le documentaire, dont la doctrine revenait à poser que la lourde machine d’un jeu télévisé avec son public était équivalente à une expérience de psychologie réalisée dans des locaux universitaires. (Accessoirement, on peut noter que l’expérience de Milgram comporte elle aussi un dispositif non négligeable, dont l’influence n’a pas été prise en compte.)

La transposition brute de l’expérience de Milgram au contexte télévisé est un projet dont le fondement paraît des plus fragiles. Même en reprenant les catégories du film, je ne pense pas du tout que LA télévision a une autorité équivalente ou même comparable à celle de LA science (qui a en réalité des “autorités” très variables). Son influence – bien réelle – passe par l’imposition d’images et de récits, des systèmes de répétition et de normalisation plus élaborés et plus sournois que l’injonction d’avoir à se conformer à un protocole. N’importe quelle autre situation imposant à un quidam de s’asseoir aux commandes d’une machine lancée à pleine allure produirait un registre de réactions adaptatives semblables, qu’on soit à la télévision, dans une gare ou sur un chantier.

L’obéissance fait partie de la vie sociale, soit. La télévision – comme la presse, le cinéma, la radio… – est un de ces systèmes d’emprise par conformité au consensus général, sans conteste.

Qu’a montré à cet égard Le Jeu de la Mort? Rien de plus que l’idée reçue. Certainement pas le pouvoir de la normalisation par l’image, qui s’impose dans la durée, et dont l’Italie berlusconienne apporte aujourd’hui le plus triste témoignage (cf. Videocracy d’Eric Gandini).

Dans la France (de moins en moins) sarkozyste, un petit coup d’épingle critiquant la soumission à l’autorité ne peut pas faire de mal – et a certainement fait réfléchir Tania Young (mais pas Christophe Hondelatte).

Cela posé, plutôt que la démonstration annoncée, on n’a eu qu’un spectacle de plus.

Lire également:

> Jean-Léon Beauvois: Faire obéir les “participants” avec Milgram
> Rue89: Pourquoi “Le Jeu de la mort” ne dénonce pas grand chose

A voir :

> Obedience Studies, sur Vimeo

» Article initialement publié sur Culture Visuelle

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