OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Pas si intéressants, les secrets de WikiLeaks sur l’Irak http://owni.fr/2011/04/24/pas-si-interessants-les-secrets-de-wikileaks-sur-lirak/ http://owni.fr/2011/04/24/pas-si-interessants-les-secrets-de-wikileaks-sur-lirak/#comments Sun, 24 Apr 2011 08:30:13 +0000 Anneke van Ammelrooy http://owni.fr/?p=58752

Article initialement publié sur European Journalism Centre sous le titre “The uninteresting Baghdad secret of WikiLeaks” et repéré par OWNI.eu

Tous les liens de cet article sont en anglais.

“Qu’est-ce que WikiLeaks a finalement sorti ?” demande le magazine néerlandais Villamedia dans un article en mars dernier. Deux mois après que trois médias des Pays-Bas ont obtenu les télégrammes de l’ambassade américaine à La Haye, la réponse est décevante : pas tant que ça en réalité, six scoops au total.

En Irak non plus, WikiLeaks n’est finalement pas le grand révélateur qu’il prétendait être. D’immenses attentes étaient apparues quand WikiLeaks avaient annoncé que le sujet le plus important des 250.000 télégrammes diplomatiques qui ont fuité était la guerre en Irak. Moi-même webmaster d’un journal irakien, je m’imaginais déjà croulant sous des montagnes d’informations secrètes. WikiLeaks revendiquait détenir plus de 6.600 télégrammes de l’ambassade américaine à Bagdad et prétendait que plus de 9.000 télégrammes d’autres capitales évoquaient la guerre en Irak.

Ambassade américaine à Bagdad

Les espoirs ont bientôt été anéantis quand l’accès à l’ensemble des données n’a été donné qu’à deux journaux, le New York Times et le Guardian. D’autres journaux occidentaux y ont ensuite eu accès mais ils devaient remplir une série de conditions, fournir le CV des journalistes qui traiteraient le contenu par exemple. La chaine de télévision néerlandaise RTL Nieuws et le quotidien NRC ont ainsi obtenu les télégrammes du quotidien norvégien Aftenposten qui avait reçu l’ensemble des télégrammes d’une source encore floue.

WikiLeaks n’a publié gratuitement que 24 télégrammes de Bagdad. Le nombre est maintenant, en avril 2011, de 32, ce qui reste dérisoire ! Notre journal en Irak est en difficulté parce qu’il ne peut pas acheter le reste des documents, en tout cas pas de WikiLeaks, et Aftenpost a catégoriquement refusé de partager les télégrammes avec nous.

Des pans entiers manquants

Les war logs d’Irak ont été publiés sur Internet gratuitement et en intégralité (à l’exception de certains noms supprimés). De nombreux journalistes irakiens ont pourtant été déçus, notamment parce que des pans entiers du conflits manquaient à l’instar du siège en 2004 de la ville sainte de Nadjaf.

Plus important encore, les logs contiennent des récits qui ne sont pas compréhensibles tout de suite. On peut lire :

TF %%%, during a VCP in AN %%% stopped a car and confiscated %%% x AK-%%% and %%% x possible falls %%%. One male was handed over to local IZP.

Les war logs ressemblent à la lecture à des sortes de formulaires militaires numériques qu’on aurait utilisés pour rendre compte rapidement des événements avec des dizaines d’acronymes nécessitant d’abord de les décrypter (voir la liste). Rendre intelligible des télégrammes militaires est un vrai défi.

On peut chercher dans la base de données des war logs avec des mots clé comme les noms des villes, des mots tels que “torture”, “viol”, ou FAI (forces anti-irakienne, l’ennemi) ou avec des dates. Malgré cela, après avoir essayé de chercher avec des dizaines de termes différents, je n’ai rien trouvé qui ne soit pas déjà connu des Irakiens.

Le Guardian a trouvé deux idées brillantes pour démêler l’imbroglio des logs militaires. La première était de partager les war logs avec l’Iraq Body Count, une organisation basée à Londres qui enregistre chaque mort violente en Irak depuis 2003. Ces comptables des morts ont découvert dans les war logs environ 15.000 civils qui avaient été tués et n’avaient été mentionné nulle part à ce jour. Et alors que c’est absolument énorme, la classe politique et l’opinion publique irakienne n’en ont rien fait.

Le Guardian et sa publication jumelle The Observer ont eu un second éclair de génie quand ils ont décidé de rassembler tous les logs du l’ensemble du pays pour un jour précis, le 17 octobre 2006, et ont montré aux lecteurs les dizaines d’incidents violents qui peuvent se produire en un seul jour en Irak. Cette liste montrait le vrai visage de la guerre en Irak en 2006, l’année la plus meurtrière du conflit. Rien de nouveau pour les Irakiens.

Redites

L’apport des war logs pour la connaissance et la compréhension du conflit en Irak est très limité. Wikipedia a déjà documenté minutieusement la bataille de Falloujah en 2004. Des dizaines de mémoires écrits par des soldats américains, disponibles dans le monde entier sur amazon.com, analysent en détail ce que signifie se battre en Irak. La corruption qui gangrène l’armée américaine et le Département d’État a été documentée encore et encore par des inspecteurs du gouvernement américains et des institutions comme l’American Centre for Public Integrity. Les war logs font pâle figure comparé à de tels efforts.

L’histoire du “cablegate” en Irak est courte, tout simplement parce qu’il n’y a pas d’histoire. D’après les quelques télégrammes publiés, les hommes politiques irakiens n’ont pas dit grand chose de plus entre les murs de l’ambassade que ce qu’ils avaient déclaré plus tôt publiquement.

Les journalistes qui ne suivent pas l’actualité avec les médias irakiens pourraient trouver des télégrammes incroyables, comme celui sur les religieux chiites qui expriment leur totale aversion pour les partis politiques religieux. Mais en Irak, les canaux traditionnels communiquent toutes ces informations.

Pour des raisons que seul WikiLeaks connaît, les 24 télégrammes liés à la guerre donnaient surtout un aperçu peu flatteur des interférences de l’Iran dans les affaires irakiennes, y compris que les cheikhs [ndlr : dignitaire religieux] se voyaient proposer les services de prostituées pendant leurs visites en Iran. Rien de nouveau en Irak ! La raison pour laquelle WikiLeaks a choisi de se concentrer sur cet angle tout en censurant des milliers d’autres reste un mystère.

L’agence de presse AP a rapporté que Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, “avait exprimé une frustration à l’égard du rythme lent de publication des télégrammes” et a affirmé que “publier des fichiers spécifiques à un pays à des médias locaux sélectionné devait les mettre en valeur plus vite”. Notre journal irakien n’a pourtant jamais été approché et nous n’avons pas reçu de réponse à nos demandes pour avoir accès aux télégrammes.

Une des dernières fuites à être publiée était un télégramme à propos du nombre croissant d’Irakiens se rendant au zoo de Bagdad… De mon point de vue, deux mémos de Bagdad sont vraiment intéressants – surtout pour les historiens d’ailleurs – : un révèle que ce qui reste du parti Baas de Saddam a demandé de l’aide aux États-Unis pour être intégré dans le nouveau système politique, et un autre révèle des détails sur les aspects pratiques de l’exécution de Saddam – on sait maintenant avec certitude que c’était une entreprise amateur.

WikiLeaks ne sert pas l’Irak. La guerre dans ce pays malheureux n’a été utilisé que pour vendre plus de journaux dans des pays en paix. Des pays dans lesquels le meurtre de 15.000 personnes ne passerait pas inaperçu dans les médias.



> Crédits Photo : US Department of Defense, cryptome, and Flickr CC mashleymorgan

> Traduction Pierre Alonso

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[Live] Iraq Warlogs: Interface the leaks http://owni.fr/2010/10/22/wikileaks-warlogs-iraq-app-interface-leak-visualization/ http://owni.fr/2010/10/22/wikileaks-warlogs-iraq-app-interface-leak-visualization/#comments Fri, 22 Oct 2010 20:48:45 +0000 Admin http://owni.fr/?p=33091 This article will be updated throughout the day, depending on the evolution of our crowdsourcing work.

Warlogs

Click here to launch the application

[00:00] Live-blogging is now over

To follow the evolution of the situation, please go to our articles tagged with “WikiLeaks”

[23h37] Julian Assange speaks out

Speaking at the Frontline Club in London with Daniel Ellsberg (the man fom the “Pentagon Papers“), Julian Assange highlighted the difference between the media partners in handling the logs, “although they all had the same starting point”, and stressed the role of television to reach the masses. Paying tribute to the “good people in the Pentagon” who provided the documents, the WikiLeaks’ leader has also sent a warning to the governments: “Knowledge will forever govern ignorance.”

[23h45] Dans Mother Jones, Kristin Hrafnsson, an Icelandish spokesperson for WikiLeaks, explained why the organization gave unredacted documents to their media partners:

At the outset, you decide that basically everything in all the reports is harmful until proven otherwise. So little by little, you approach the material and reinstate words, locations, et cetera…There [are] of course limited resources, but the end result, whether it takes weeks or months, should be very limited and just the necessary redactions for harm limitation, so we can possibly call on academic institutions or other media organizations to help out in that progress.

[20:36] A new mission for soldiers: Recovering drones

Browsing through the Warlogs, Aviation Week discovered an unknown reality: with the proliferation of UAVs (“Unmanned Air Vehicles” or UAVs in military terms), the coalition troops had to develop a new skill: how to recover aircrafts shot down behind the enemy lines. Though not as much as the $4.5 million of the Predator drone - heavily used on the Pakistani-Afghan border – the unit cost of an RQ-2 Pioneer is $1 million, a figure which partly explains this new prerogative. Thus, there are no fewer than 322 hits on “UAV crash” and 277 for “UAV recovery“.

As Aviation Week notes, drones are small technology gems that Iraqi insurgents are keen to take apart if found after a crash:

From February [2005], another report details how a UAV crashed in a residential neighborhood, and when American forces arrived, they were told that they are too late—a white car has already picked the wounded bird up and driven off with it in their trunk.

Iraqi Prime minister riled by WikiLeaks revelations

Seven months after the hectic legislative elections in which the coalition Nouri al-Maliki led was overtaken – for two seats – by the Iraqiya movement of Iyad Allawi, al-Maliki blamed Julian Assange’s organization for manipulating the people, while the presidential election draws closer. “The documents are used against national parties and leaders, especially against the Prime minister”, said a spokesperson.

[17:30] Maysoun al-Damlouji, a spokeswoman for the Iraqiya alliance, which owns a majority of seats in the Parliament, said in a statement that the WikiLeaks documents showed the need for power-sharing in Iraq. “Putting all the security powers in the hands of one person who is the general commander of the armed forces [has] led to these abuses and torture practices in Iraqi prisons”, she said.

[16:25] Nick Clegg calls for an investigation over abuse claims

Following the stories of torture and abuse committed by coalition forces against prisoners in Iraq, Deputy Prime Minister Nick Clegg calls for an investigation. Quoted by The Guardian, the leader of the Liberal Democrats estimates that the allegations contained in the WikiLeaks documents are “extremely serious” and considers it vital to know if “the rules of war have been broken”. Interviewed by the BBC1, Clegg also urged the U.S. to give a clear position on the subject:

We can bemoan how these leaks occurred, but I think the nature of the allegations made are extraordinarily serious. They are distressing to read about and they are very serious. I am assuming the US administration will want to provide its own answer. It’s not for us to tell them how to do that.

[23:37] “The ISP should block Wikileaks”, according to the former AOL chairman

On his blog, Barry Schuler, the former AOL chairman violently attacks WikiLeaks, accusing the organization of threatening “the Internet as we know it” . From his point of view, “anyone who holds a classified clearance is committing a crime” if they decide to transmit files to a third structure. The businessman goes even further by drawing an analogy with the debuts of Napster, while insisting on the fact that [Wikileaks] can kill , not peer-to-peer.

For Schuler, the publication of Warlogs shows the need for regulation of the web, in order to avoid information overflow and preserve some form of morality. Mentioning the blocking of pornography websites, he urges the Federal Communications Commission (FCC, the government agency responsible for telecommunications) and Internet service providers to consider the possibility of a blackout, to put Wikileaks our of order.

The question of PMCs

“Death came suddenly, from all sides, in all forms”. That is the conclusion both elliptical and unequivocal that stands the New York Times draws when talking about the role of business companies in Iraq especially the famous private military companies (PMCs), embodied in the popular imagination by Blackwater. The article recalls that the influx of mercenaries in 2004 was related to a simple problem: in the mind of the coalition, there were not enough soldiers to fight.

Looking through the logs, the New York Times is stunned by the general mayhem that prevailed between the U.S. military, Iraqi forces and employees of security companies. In addition, the absence of a protocol on rules of engagement would have killed scores of civilians, while it would have endangered the lives of the employees themselves, as shown in this undated episode:

At a notoriously dangerous checkpoint on the main road to the Baghdad airport, a cement truck entered a lane reserved for Department of Defense vehicles. A guard from Global, a British company, fired a warning shot, and when a man initially identified as an Iraqi opened the door and tried to flee, guards from a tower started firing, too. The man dropped to the ground. Then members of an Iraqi private security team parked nearby also opened fire, shooting through the chest not the driver but a worker from DynCorp International, an American security company.

When the truck driver was finally questioned, he turned out to be a Filipino named José who worked with yet a third company, KBR, the American logistics and security giant.

The conclusion drawn from this chaos was, “IT IS BELIEVED THE DRIVER ENTERED THE DOD LANE BY ACCIDENT.”

According to a recent report by the Congressional Research Service (view PDF), there were 95,461 employees private companies in Iraq in March 2010, for 95,900 troops, a ratio of 1.1.

“Wikileaks goes Iraq”

On the website of Le Monde, the illustrator T0ad delivers his version of the leak coordinated by Wikileaks:

[15:49] How many abuses?

As Le Monde reports:

The “incident reports” published by Wikileaks contains only a forty cases of serious abuse committed by U.S. troops against Iraqi prisoners. This figure is very low. But these forty cases don’t identify all the cases of abuses against prisoners between 2004 and 2009: from mid-2007, a change in procedures did pass this information through another channel. The accusations of abuses are no longer recorded in “incident reports”. In fact, these reports only record the cases detected or suspected by the soldiers on the ground.

If American soldiers apparently followed instructions to back the accusations of brutality against civilians and suspects, a major question remains: the number of brutality that have simply not been the subject of an alert or have been camouflaged. The report on the massacre of Mahmudiyah during which soldiers from the 101st Airborne Division killed a father, his wife and 6 year-old daughter, before raping and kill her 14 year-old one, merely mentions the discovery of the bodies of four civilians “killed by insurgents.”

[18:37] Some examples of visualization

Al-Jazeera developed an interactive timeline that show more than 65.000 incidents in Iraq.

The swedish TV channel SVT chose an histogram establishing the deaths’ typology.

Channel 4 chose to focus on prominent facts, notably listing the Hellfire missiles attacks.

[3:18] Fox New’s website has quoted Pentagon spokesman Geoff Morrell who defined the document release “deplorable” and said he’s concerned about “harm that could come to our forces.”

[3:02] WikiLeaks brings attention to the unprecedented number of articles published in the last four hours : 1400 articles.

Check out the teasing video produced by the Bureau Of Investigative Journalism, which has been given three months ago and has done a really good job.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Blackwater: nothing found

When the Afghan Warlogs came out, WikiLeaks was severely criticized for not having been cautious enough, leaving some informants’ names on some logs.

It seems that Julian Assange took those critics pretty seriously: in the recently released Warlogs, all names have been hidden, whether they were soldiers, locations or private companies. Thus, a search run on ‘Blackwater’ (a private security firm whose actions have been criticized) terms gives no results.

How come news outlets who had been given access to the logs several weeks ago reported on serious casualties caused by Blackwater? Have handed two different versions of the database in order to avoid criticisms?

[01h59] Iraq mourns

The Guardian has published a map of the deaths on Iraqi soil (red dots):

Wikileaks hacked while preparing Warlogs ?

[01:54] According to Andy Greenberg, who runs the blog ‘Firewall’ on Forbes, Wikileaks had been under attack while preparing the War Logs leak. According to an anonymous source, “very skilled” hackers had compromised the server used by the organization to encrypt its instant messages, located in Amsterdam.

This incident might had have them transfer their activities to another server in Germany. While Wikileaks is officially “under maintenance” for long weeks, this intrusion into their system might be the first of its kind, and could be an explanation for the cryptic tweet – who coined the expression “Activate Reston5″ into a meme – posted on the evening of october 21st.

[01:10] Jay Rosen on the BBC: “We don’t actually know that anybody was harmed from the previous releases and the Pentagon has said no significant information was contained in them, however WikiLeaks sustained a lot of criticism for them and has tried harder this time to bolster its legitimacy”

People will always try to characterise WikiLeaks as a rogue actor now matter how legitimate they are

So far the US Govt has only commented through Secretary of State Hillary Clinton and a NATO official who have condemned “in the most clear terms the disclosure of any information by individuals and or organisations which puts the lives of United States and its partners’ service members and civilians at risk”.

[23:50] BBC New reviews tomorrow’s papers. In the UK only The Guardian has put the Iraq War Logs on its front page.

Jay Rosen on the BBC: “We don’t actually know that anybody was harmed from the previous releases and the Pentagon has said no significant information was contained in them, however WikiLeaks sustained a lot of criticism for them and has tried harder this time to bolster its legitimacy”

People will always try to characterise WikiLeaks as a rogue actor now matter how legitimate they are

[0h22] Though the 2003 intervention was partly motivated by the presence of torture chambers built by the Saddam regime, it has emerged these chambers still exist and many cases of torture have been reported since the beginning of the conflict.

Among the plethora of reports collected by Wikileaks, one of them evokes an attempt to escape the prison of Abu Ghraib, on the symbolic date of September 11, 2009. New details shed light on the incident, which had been covered in the press at the time. We learn that the riots started “for myriads of reasons,” and that “a guard opened fire on three prisoners, wounding all.”
In addition, the U.S. military appears to show concern of the negative impact of such an event in the region, at a time when are power relations already fragile.

True to its policy, the Defense Department has sought to minimize the impact of the revelations before their publication, while emphasizing the potential danger they pose to the troops. Dave Lapan, a spokesman at the Pentagon, was particularly concerned about the consequences of a mass exodus of “the troops or Iraqis working with Americans.”

[23:39] – Jeff Jarvis tweets: “Now nothing, even war, can be done in secret. The transparent age will first expose the bad before preventing it“

6:59 pm GMT, Al-Jazeera posts its trailer

Cliquer ici pour voir la vidéo.

WikiLeaks publishes the list of media partners

On its Twitter account, WikiLeaks announces a first list of editors to whom it has sent documents: The Bureau of Investigative Journalism, IBC, The Guardian, Der Spiegel, The New York Times, Le Monde, Al Jazeera, Channel 4, SVT (Swedish television), CNN and the BBC.

“We maximise impact”, the organisation added.

Revelations include details on secret prisons, the role of Blackwater in Iraq and new torture allegations. The US army also neglected reports of torture, rape, murder, and abuse and turned a blind eye on the behaviour of Iraqi police and soldiers, The Guardian reports. The archives show hundreds of reports of beatings, burns, lashes, amputations and dissolving bodies in acid.

We knew that some detainees had been tortured in Iraq by soldiers of the U.S. Army. The newly released documents have also shown that the army and Iraqi police also tortured some of their own prisoners.

The U.S. military documents identify at least six prisoners who died in jails in Iraq. In one of these documents, the U.S. military suspects the Iraqi forces have cut off the fingers of an inmate and then burned his body with acid. The archives show hundreds of reports of beatings, burns, and lashes. Apparently, in most cases, the U.S. military seems to have abandoned any investigation, leaving this responsibility to the Iraqi authorities.

The US army made a conscious decision to not intervene when the abuse concerned an Iraqi victim and an Iraqi offender.

The Guardian is reporting rumours that the electronic archive originates “from the same dissident US army intelligence analyst who earlier this year is alleged to have leaked a smaller tranche of 90,000 logs chronicling bloody encounters and civilian killings in the Afghan war.” This is a clear reference to Bradley Manning.

Almost 400,000 logs have been released, this amounts to more than 38 million words, but as with the previous WarLogs the language used appears to be heavily cryptic.

It has been revealed that despite claiming otherwise, the coalition forces have kept an estimate on civilian deaths since the war began in 2003. The estimate has now been raised to 125,000 civilian deaths – amongst them 66,081 civilians, 23,984 insurgents and 15,196 Iraqi security forces. The raw numbers reveal it was civilians who paid the heaviest toll in this conflict. The civilian deaths are reported only in the areas where the US army was operating. The bloodiest hot spot was Baghdad.

Julian Assange on Al Jazeera explains the decision to publish this information now: “[shortly] before the congressional elections. In terms of media timing it is wise to release this material now, where it can have an impact”.
JA has claimed the FBI had travelled to Wales to seek out people involved with WikiLeaks and put pressure on the UK, Sweden, Australia and Iceland in relation to him or his associates.

“Make no mistake, soldier”

Alarmed by the Bradley Manning case and eager to prevent leaks, the Pentagon has set up an application for soldiers. On a khaki green background, a pixelated GI Joe explains how the SAEDA program (for Subversion and Espionage Directed Against the U.S. Army), established in 1993 to prevent military leakage, can be efficient. On a threatening tone reminiscent of Sergeant Hartman from Full Metal Jacket, the little figure launches a warning, only after citing the example of a first class who spent three years in prison:

Make no mistake about it soldier, this is serious business. And remember, when these guys put our national security at risk, they’re putting your country, and you, and your unit, and your family at risk.

On October 7th, the Defense Department had just amended the SAEDA, encouraging soldiers to report suspicious behavior to their superiors (see the 31-page report in PDF). At the time, Robert Gates’s teams had denied any link between their decision and the threat posed by Wikileaks.


The U.S. government reiterates its warnings

True to its policy, the the Department of Defense has sought to minimize the impact of the revelations of Wikileaks before their publication, while emphasizing the potential danger they pose to the troops. Dave Lapan, a spokesman at the Pentagon, was particularly worried about the consequences of a mass leak for “the troops and Iraqis working with Americans”.

Power struggles around Abu Ghraib

Among the plethora of reports collected by Wikileaks, one of them evokes the attemp of three inmates to escape the prison of Abu Ghraib, on the symbolic date of 9/11, 2009, and sheds new light on the incident, mentioned in the press at the time. We learn first that the riots started “for myriad reasons”, and that “a guard opened fire on three prisoners, wounding all of them”.

In addition, the U.S. military is concerned about the negative impact of such an event in the region, capable of reversing power struggles that are already fragile. “Political leaders are using this incident to draw attention to their party, it says.” Each leader wants to be seen as the voice of the populous, and minority political parties are using this event to cast a negative light on the current ruling parties. The prison abuse scandal and pictures are still fresh in the mind of local citizens, and political leaders draw correlations between abuse at the prison and the ruling political parties.”

Find here our first Warlogs app, our liveblogging of the previous leak, and all our articles tagged with “WikiLeaks”

In the middle of July, Wikileaks released 77,000 confidential documents relating to the U.S. military intervention in Afghanistan, an event we dubbed “the biggest leak in the history of war“. On that occasion, OWNI created an application aimed at untangling the overlap and overload of information. The site administrators, chief among them founder Julian Assange, came under fire from the Pentagon. Despite the internal strife and the attempts to knock the organisation down, this Friday they published a new salvo of 400,000 classified files relating, this time, to the war in Iraq, just two months after as the U.S. military completed its official withdrawal. For the occasion, Wikileaks directly appealed to OWNI to develop a new version of the application.

While the Pentagon has urged the media not to publish the leaks, we feel it represents a step ahead towards conflict transparency, at at time when war remains one of the last taboos, subject to inertia and secrecy. With the rise of augmented wars, it is logical that journalism gets augmented as well, and in our view:

Transparency leads to credibility. In a war started by lies the media were not able to bust effectively, not to give the public all the documents we have access to would amount to nothing less than petty obstruction. On the contrary, publishing them in the most intelligible form possible allows any one to form his or her opinion based on hard documents and reinforces the link of trust between the journalist and his or her audience.

Our interactive timeline, regularly updated, will help you keep track of the events of the past ten weeks (scroll from left to right):

Did the Pentagon try to bypass WikiLeaks?

To anticipate the leak of Iraqi War Logs, the Department of Defense set up a team of 120 soldiers ready to dissect all records posted by Wikileaks. Led by Brigadier General Robert Carr, Director of Defense Intelligence and HUMINT (stands for “Human Intelligence”), this task force also includes employees of the FBI. Contacted by OWNI, the Pentagon provided some clarification. According to press officer Major Christopher Perrine this unit was created “on July 28, at the request of the Secretary of Defense”, three days after the publication of the Afghan War Logs. Since then, the cell studied the materials with a magnifying glass, for “16 hours a day”.

Moreover, on October 17th – a few days before the newest publication – Cryptome, the website run by John Young, a veteran of open government, reported on a publication from the DoD: by posting 236.000 “Significant Activities” (SIGACTS) of the allied forces in Iraq between 2004 and 2007, compiled in 8460 pages, did the Pentagon seek to preempt the operation initiated by Wikileaks?

Once again, the Defense Department is weighing the charges that could be made against them: “These documents were posted on our website following a request for declassification under the Freedom of Information Act (FOIA) and are not connected to Wikileaks”, said Major Perrine. However, this thick glossary is not without interest when analyzing the logs provided by WikiLeaks. On 8,460 pages, 8,451 refer to IED (for “Improvised Explosive Device”), reminding those who have not seen The Hurt Locker that the Iraq war was a counter-insurgency conflict, just like the war in Afghanistan. On a separate note, one can identify “Abu Ghraib” (the city, not the secret prison) in no less than 2,408 pages, showing an intense activity in the suburbs of Baghdad, especially around the airport, viewed as one of the toughest zones in the whole country.


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Martin Clavey, Federica Cocco, Guillaume Ledit, Olivier Tesquet, Martin Untersinger

Credits: Flickr CC The US Army

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Les fuites en avant de WikiLeaks http://owni.fr/2010/10/19/la-fuite-en-avant-de-wikileaks/ http://owni.fr/2010/10/19/la-fuite-en-avant-de-wikileaks/#comments Tue, 19 Oct 2010 14:04:11 +0000 Olivier Tesquet & Noor Chandler http://owni.fr/?p=31816 En plein mois de juillet, quand WikiLeaks publiait 77.000 documents confidentiels de l’armée américaine sur le conflit afghan, nous évoquions “la plus grande fuite de l’histoire de la guerre”. A cette occasion, OWNI vous proposait de contribuer au recoupement des informations par le biais d’une application dédiée et collaborative. Mis sous pression par le Pentagone, les administrateurs du site, au premier rang desquels son fondateur, Julian Assange, ont ensuite traversé une zone de turbulences. Malgré les dissensions internes et les tentatives de mise en échec, ils seraient sur le point de publier une nouvelle salve de fichiers classifiés, relatifs cette fois-ci à la guerre en Irak, alors même que l’armée américaine s’est officiellement retirée à la fin du mois d’août.

Pour mieux retracer le calendrier mouvementé des dix dernières semaines, voici une chronologie interactive. Celle-ci sera régulièrement mise à jour (déplacez-vous en scrollant vers la gauche ou vers la droite):

Vous pouvez également retrouver une version grand format en cliquant ici

Lundi 18 octobre, Julian Assange a publié, via Twitter, un communiqué mettant fin aux spéculations de la presse internationale concernant la publication imminente par WikiLeaks de près de 400.000 documents classifiés de l’armée américaine sur la guerre en Irak.

Sources, Where art thou?

Le fondateur de WikiLeaks en profite pour régler ses comptes avec la presse mainstream en dénonçant son manque de rigueur journalistique: à partir d’une source unique, en l’occurrence un article sur le blog Threat Level de Wired, plusieurs centaines d’articles ont annoncé une nouvelle fuite pour le lundi 18 octobre. En défendant un journalisme scientifique, Assange déplore que des dizaines de rédactions se soient fait duper par un “blog sensationnaliste”, coupables de ne pas avoir croisé leurs sources et leurs informations.

Dans leur article date du 27 septembre 2010, les journalistes de Wired Kevin Poulsen et Kim Zetter évoquaient les luttes internes au sein de l’organisation, notamment entre Assange et son second Daniel Schmitt, et publiaient des échanges de chat entre les deux militants. “Wikileaks est sur le point de publier ses documents irakiens ce 18 octobre selon des ex-employés – bien trop tôt selon certains d’entre eux pour mener à bien le travail d’édition autour des noms des informateurs”, pouvait-on lire.

Mais la notion d’”employé de WikiLeaks” a-t-elle seulement un sens? John Young, vétéran de la transparence gouvernementale par le biais de son site Cryptome, rappelle l’ADN de l’organisation:

Je suis persuadé qu’il n’y a personne au sein de Wikileaks, son existence même est une croyance infondée. Plusieurs personnes participent à des activités communes mais il n’y a pas d’organisation au sens formel, pas de responsable, pas d’employés. Le conseil d’administration de Wikileaks n’est qu’un arrangement informel sans existence légale, sans responsabilité ni base juridique. Wikileaks reste un concept, une initiative, comme l’est Cryptome.

Beaucoup de bruit pour rien?

On aurait vite fait de vilipender Wired, et dans leur sillage, l’ensemble du corps journalistique, pour ces imprécisions. Tancés par Assange, Wired a publié mardi un article en forme de justification, où ils précisent que, non, “[ils] ne détestent pas WikiLeaks”. Mais ne sont-ils pas les victimes du système à tiroirs mis en place par Assange lui-même, qui répudie le système de Kerckhoffs pour lui préférer “la sécurité par l’obscurité”? Le leader de WikiLeaks n’est plus à une contradiction près, et dans son communiqué, il ne dément pas la publication imminente d’une nouvelle salve de War Logs. Il rappelle seulement les règles du jeu qu’il a édictées: WikiLeaks ne communique jamais sur son agenda. De son côté, le site du magazine Mother Jones n’hésite pas à ironiser sur le comportement de l’ancien hacker. Face à l’horizon bouché, les prochains jours devraient permettre de décanter ce précipité médiatique.

Ci-dessous, la traduction du communiqué de Julian Assange:

D’où proviennent toutes ces déclarations annonçant que Wikileaks s’affaire sur l’Irak aujourd’hui (lundi)? D’un seul blog de Wired Magazine, aux airs de tabloïd! C’est exact. Sur plus de 700 articles, les journaux et agences de presse du monde entier se sont fait avoir par un blog sensationnaliste.

Bien évidemment, vous ne trouverez nulle part mention de ce blog, en règle générale, dans les articles de la presse grand public, car cela affaiblirait la crédibilité de leurs articles en les dévoyant – aucune preuve, et de fausses allégations prononcées par une source qui n’est pas crédible. Où va le journalisme?

Mais ce blog de Wired n’est pas qu’une source manquant de fiabilité. C’est un opposant notoire qui répand toutes sortes de fausses informations au sujet de Wikileaks, qui n’ont pas cessé de se multiplier depuis que nous avons demandé l’ouverture d’une enquête pour déterminer le rôle joué par Wired dans l’arrestation du soldat américain Bradley Manning, source présumée [de WikiLeaks].

Nous avons condamné la conduite de Wired Magazine, qui nous est dès lors devenu hostile. Les deux blogs concernés, Threat Level et Danger Room, bien qu’ils aient produit des articles de qualité au fil des ans, publient maintenant des billets sans intérêt sur les dernières armes à la mode et autres gadgets de guerre technologique, restant par là même, fidèles à leurs noms: Threat Level (niveau d’alerte) et Danger Room (la salle du danger).

Ces deux blogs, et en particulier le journaliste Kevin Poulsen, sont responsables d’une quantité impressionnante de fausses déclarations concernant WikiLeaks. Aujourd’hui, un billet sur Danger Room commence ainsi: “Nous sommes toujours dans l’attente de WikiLeaks sur sa promesse de publier des centaines de milliers de documents militaires américains sur la guerre d’Irak.” Un autre mensonge.

WikiLeaks ne dit rien sur des dates de publication imminentes. En fait, à de très rares exceptions, nous ne communiquons jamais d’informations précises sur de futures publications sachant que cela alimente la machine à ragots d’organisations malveillantes.

Julian Assange
Rédacteur en chef

Retrouvez l’application War Logs V1, notre live-blogging de la précédente fuite, ainsi que tous nos articles étiquettés WikiLeaks

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Crédits photo: Flickr CC The US Army, mira 66

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http://owni.fr/2010/10/19/la-fuite-en-avant-de-wikileaks/feed/ 209
Vers un journalisme de suivi? http://owni.fr/2010/08/04/a-quand-une-plate-forme-dediee-au-journalisme-de-suivi/ http://owni.fr/2010/08/04/a-quand-une-plate-forme-dediee-au-journalisme-de-suivi/#comments Wed, 04 Aug 2010 11:18:05 +0000 Megan Garber http://owni.fr/?p=23634 Dans son analyse des implications journalistiques des fuites de Wikileaks sur les Wars Logs en Afghanistan, publié plus tôt cette semaine, Jay Rosen fait une prédiction provocatrice :

La réaction sera incroyablement plus faible que ce que nous sommes en droit d’attendre – pas parce que l’histoire n’est pas assez sensationnelle ou dérangeante, mais parce que c’est trop dérangeant, un bordel que nous ne pouvons pas réparer et que nous préférons donc oublier… Le schéma mental sur lequel la plupart du journalisme d’investigation se fonde part du principe que des révélations explosives mènent à un tollé public ; les élites reçoivent le message et réforment le système. Mais que se passe-t-il si les élites croient que la réforme est impossible parce que les problèmes sont trop gros, les sacrifices trop importants, le public trop sujet à la distraction ? Si la dissonance cognitive a été insuffisamment prise en compte dans notre théorie sur le fonctionnement du grand journalisme… et ne fonctionne souvent pas ?

Il est encore tôt pour le dire, bien sûr, mais il est bien trop probable que les prévisions de Rosen se révèleront exactes : les documents fuités, après leur révélation, se dissolvent dans un système mal équipé pour les traiter. J’espère que nous aurons tort. Cependant, cela vaut la peine d’ajouter un autre paramètre à l’analyse de Rosen : le rôle des journalistes eux-mêmes dans la mise en forme et le filtrage des documents. En effet, si l’arbre massif qu’est WikiLeaks tombe dans une forêt inhabitée, ce ne sera pas tant seulement à cause de la dynamique entre l’opinion publique et les élites politiques qui l’éludent souvent qu’en raison de la dynamique entre l’opinion publique et ceux qui la façonnent. Ce sera à cause des suppositions (parfois dépassées) que les journalistes font sur le mouvement de leurs articles à travers le monde. Le vrai défi auquel nous faisons face n’est pas la forêt vide. C’est une forêt si touffue – si débordante de croissance, retentissante de bruit, que nous oublions le bruit que fait le premier arbre en tombant.

Publication, publicité

Avant, l’imprimé et la culture de la diffusion offraient aux journalistes une audience limitée, mais quasiment automatique. Quand vous avez des abonnés et des lecteurs réguliers, leur loyauté assurée par l’étroitesse du marché des médias, vous avez le luxe d’ignorer l’aspect distribution du journalisme. Le corollaire étant que vous avez aussi le luxe de supposer que votre production journalistique, une fois publiée, impliquera des changements sur le monde. Automatiquement.

Et le journalisme d’investigation, en particulier, qu’il soit mené par Bly ou Bernstein ou Bogdanich, fonctionne généralement sous la théorie de la distribution bien rôdée : des découvertes scandaleuses mènent à des publics scandalisés mènent à modérer les décideurs mènent au changement social. (Pour plus d’information sur ce sujet, écoutez le dernier podcast de Rebooting the News.) Le journalisme était un levier de la démocratie ; la publication était la publicité, et donc, de même, la fin de l’engagement d’un média à couvrir un sujet. La question de la distribution, de la circulation d’un article important à travers la société, n’était généralement pas le problème des journalistes.

Ce qui était pratique, c’est sûr: comme groupe, les journalistes sont nécessairement obsédés par la nouveauté, et ont toujours été poussés par L’Article Suivant. Il existe une fine ligne de démarcation, entre l’amplification d’un sujet et le plaidoyer en sa faveur ; la rhétorique du “ne tirez pas sur le messager” de la collecte d’informations tient la route tant que les messagers en question maintiennent la distance appropriée avec les nouvelles qu’ils délivrent. Et une des façons de maintenir la distance, c’était une séparation structurée des articles via une trame d’endiguement narratif. Produit, publie, dégage.

Le web, cependant, pour répéter nos observations, change tout cela. Les plates-formes digitales – les blogs, de la façon la plus explicite, mais aussi les véhicules du journalisme digital dans leur ensemble – ont introduit une forme de storytelling plus itérative, qui met au défi de façon subtile le print et les suppositions admises de confinement conceptuel. Pour des journalistes comme Josh Marshall et Glenn Greenwald et autres chasseurs de scandales des temps modernes, être journaliste est aussi, implicitement, être un avocat. Et donc, se concentrer sur l’aspect de suivi du journalisme, pas uniquement allumer des feux, mais les maintenir vivaces- est fondamental dans leur travail. De plus en plus, dans l’économie des médias digitaux, les bons journalistes trouvent les histoires. Les très bons les entretiennent. Les meilleurs les gardent enflammés.

Et pourtant, pour en revenir à la question de WikiLeaks, cet éthos de la continuité n’a en général pas été intégré dans la culture au sens large, parmi les journalistes et leur public. L’un des raisons à cela est la question du momentum, le défi éditorial du maintien de l’intérêt du lecteur pour un sujet donné, sur une longue période de temps. Les questions politiques prises dans l’inertie du Congrès, les campagnes militaires qui durent de mois en années, les questions sociales cachées à la vue de tout le monde, – leur temporalité en elle-même devient un problème à résoudre. Pour prendre l’exemple le plus infamant, il y a une raison pour laquelle les campagnes politiques ne se distinguent souvent pas d’un épisode de Toddlers and Tiaras“ : les campagnes étant des affaires qui s’étalent sur des années (elles sont plus longues maintenant, en fait : Mitt Romney et Mike Huckabee sont sans doute en train de creuser Maid-Rite loose-meats pendant que j’écris ce texte), les journalistes se focalisent souvent sur les bagatelles/conflits/etc. pas nécessairement parce qu’ils pensent que ce focus aboutit à un meilleur journalisme, mais parce qu’ils estiment, probablement avec raison, que cela soutient l’attention de leur audience comme la saison des élections démarre.

Which is all to say — and not to put too expansive a point on it, but — time itself poses a challenge to the traditional notion of “the story.” Continuity and containment aren’t logical companions; stories end, but the world they cover goes on. The platform is ill-suited to the project.

Ce qui signifie – et pour ne pas être trop expansif là-dessus- , mais le temps en lui-même pose un défi à la notion traditionnelle de “l’article” [story]. La continuité et l’endiguement ne sont pas des compagnons logiques ; les histoires prennent fin mais le monde qu’elle couvre continue. La plateforme n’est pas adapté au projet.

Dossierasuivre.org ?

Alors que s’attaquer de front au problème n’est pas une tâche facile – c’est à la fois systémique et culturel et donc très dur à résoudre, j’aimerais finir avec une considération expérimentale (quoique petite, timide, en l’air). Si nous avions un cadre dédié au journalisme de continuité – une organisation dédiée à l’information dont le seul but serait de suivre les sujets dont la maigre ampleur les empêche d’être l’objet d’un suivi par les médias déjà existant ? Que se passerait-il si nous prenions le modèle de PolitiFact – une niche dédiée non pas à un sujet ou une région en particulier, mais à une pratique particulière – et l’appliquions à suivre les faits plutôt qu’à les vérifier ? Si nous avions un cadre dédié au reportage, à l’agrégation et à l’analyse de sujets qui méritent notre attention – une équipe de journalistes, de chercheurs, d’analystes et de spécialistes de l’engagement dont l’existence professionnelle entière est centrée sur le maintien en vie de ces histoires qui méritent notre attention ?

Bien sûr, vous pourriez avancer que les blogueurs professionnels et amateurs font déjà ce travail de suivi ; les organes de presse historiques le font eux-mêmes, aussi. Mais ils ne font pas assez souvent, ou de façon assez systématique. (C’est une raison majeure pour laquelle c’est si facile d’oublier que la guerre fait toujours rage en Irak, que 12,6% des Américains vivent en-dessous du seuil de pauvreté, etc.) Ils manquent souvent d’incitation, pour, disons, localiser un sujet comme les Wars Logs pour leurs lecteurs. Ou pour la contextualiser. Ou, en général, pour suivre son évolution. Un cadre indépendant – et, hé, c’est une idée expérimentale, “cadre indépendant” peut aussi inclure un blog dédié sur le site d’un média historique – n’empêcherait pas d’autres boutiques de faire du travail de suivi sur leurs propres sujets ou celui d’un autre, comme la présence de PolitiFact n’empêche pas d’autres cadres de faire du fact-checking. Une boutique solitaire cependant servirait comme une sorte de réseau de sécurité sociale – une assurance contre l’apathie.

Comme le contributeur du Lab C.W. Anderson faisait remarquer lundi : “Je me demande ce qu’il faudrait pour qu’un dossier comme la bombe des War Logs reste dans l’esprit des gens assez longtemps pour que cela signifie quelque chose”.

Je me le demande aussi. J’adorerais trouver.

Billet initialement publié sur le Nieman Lab ; traduction Sabine Blanc et Martin Untersinger

À lire aussi : Pour un journalisme de suivi

Illustration CC FlickR fotoamater.com

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http://owni.fr/2010/08/04/a-quand-une-plate-forme-dediee-au-journalisme-de-suivi/feed/ 19
War Logs: la plus grande fuite de renseignements de l’histoire de la guerre http://owni.fr/2010/07/26/wikileaks-la-plus-grande-fuite-de-renseignements-de-lhistoire-de-la-guerre/ http://owni.fr/2010/07/26/wikileaks-la-plus-grande-fuite-de-renseignements-de-lhistoire-de-la-guerre/#comments Mon, 26 Jul 2010 20:23:09 +0000 Admin http://owni.fr/?p=22952 Cet article sera mis-à-jour tout au long de la journée, en fonction de l’évolution des informations et de notre travail de crowdsourcing.

Ce que nous sommes en train de faire :

  • Récupérer les données impliquant les forces armées françaises
  • Mettre en place un outil permettant d’annoter et d’exploiter ces dernières
  • Réalisation de visualisations et de cartes mettant en scène ces données

Vous voulez contribuer à cette enquête, notamment sur les documents impliquant la France ? Mail : nkb at owni.fr
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Après la divulgation il y a quelques mois d’une vidéo dévoilant une bavure américaine en Irak, le site Wikileaks avait déclaré détenir des informations sensibles sur la guerre en Afghanistan.

C’est hier en fin de soirée, que le site d’information a mis au jour la plus grande fuite de toute l’histoire de la guerre et du renseignement. Plus de 90,000 fichiers militaires, documentant la guerre en Afghanistan sur une période allant de 2004 à 2009, ont été ainsi mis à la disposition du public. Le Guardian, le New-York Times et Der Spiegel ont eu la primeur sur l’information et révèlent la chronologie de l’échec patent de la guerre en Afghanistan. Ces rédactions ont eu accès à ces documents il y a déjà plusieurs semaines, acceptant de ne les publier que hier dimanche, au même moment que Wikileaks. Le New York Times a ainsi pu mener un long travail de vérification avant publication.

Vous pouvez même adresser vos questions aux reporters du New-York Times qui ont travaillé sur cette affaire.

Bavures

Les rapports révèlent que l’armée américaine a bien souvent minimisé ses dommages collatéraux, en les faisant passer pour des actes d’insurgés Afghans. Selon Rachel Reid, militante de Human Right Watch citée par le Guardian “ces fichiers mettent en lumière une tendance persistance des Etats-Unis et de l’OTAN : la dissimulation des victimes civiles”.

Les fichiers dévoilés par Wikileaks dévoilent également une réalité peu connue, celle du rôle joué par certaines unités des forces spéciales chargées – en dehors de la chaîne de commandement traditionnelle – de trouver et d’éliminer des leaders insurgés sans autre forme de procès. Ils révèlent également que ces unités spéciales ont fait des victimes dans les rangs des civils.

L’unité spéciale “Task Force 373”, dont la mission est de capturer certains chefs talibans, est au cœur de ces révélations et aurait commis de nombreuses bavures. Elle aurait par exemple confondu forces ennemies et policiers afghans, tuant sept d’entre eux. Sept enfants ont également été tués au cours d’une opération qui visait à éliminer un chef taliban.

Le double-jeu Pakistanais ?

Les fichiers dévoilés par Wikileaks mettent au jour le rôle ambigu joué par les services secrets Pakistanais. Officiellement alliés des États-Unis (qui financent à hauteur de un milliard de dollars leur lutte contre les Talibans), les documents révèlent que l’armée américaine suspecte l’agence de renseignement pakistanaise ISI d’entraîner et de financer les Talibans. Certains rapports soulignent l’influence du Pakistan dans un projet d’assassinat du président Karzai.

Cependant, certains affirment qu’une petite partie de ces informations manquent de fiabilité, provenant de sources proches des Talibans ou d’informateurs soudoyés.

L’impuissance des forces américaines

Selon les rapports, l’armée américaine est dangereusement mise à mal par les “improvised explosive devices” (les explosifs de fabrication artisanales), qui sont à l’origine de nombreux morts, tant civils que militaire.

De même, les rapports mettent au jour l’impréparation technique de certains corps de l’armée, notamment des drones américains dont les performances sont louées par l’état major américain.

Les Talibans utiliseraient également des technologies très avancées, notamment des missiles thermoguidés, élément qui n’avait pas été communiquée par l’armée américaine.

[MàJ mardi 21h50] L’information était tapie dans le recoin sombre d’un des 90 000 dossiers. Pourtant, un de ces fichiers indique qu’une division de l’armée américaine spécialisée dans la guerre psychologique a vendu à des médias Afghans des programmes diffusant des informations à l’avantage des troupes de la coalition.

La France n’est pas épargnée

Les forces Françaises ne sont pas épargnées par ces rapports, qui révèlent qu’en 2008, ces dernières ont ouvert le feu sur un bus, blessant gravement 8 enfants.

Le détail de cette opération est accessible ici.

[MAJ 30/07] Les résultats de l’enquête menée par Jean-Marc Manach nous permettent d’ores et déjà d’établir quelques faits:

Si le New York Times, le Guardian et le Spiegel ont eu accès aux 91 731 rapports que s’est procuré Wikileaks, nous n’avons pour l’instant pu effectuer de recherche que sur 76 911 de ces rapports, Wikileaks ayant retardé la publication de 15 000 autres documents afin de “réduire le préjudice” que leur publication pourrait entraîner.

En attendant leur publication, la base de données contient 541 rapport évoquant les forces françaises, dont 40 au sujet de civils tués ou blessés. Dans la majeure partie des cas, les soldats français sont appelés suite à l’explosion d’engins improvisés, et ne sont pas impliqués directement.

Mais plusieurs autres cas relèvent, sinon de bavures, tout du moins de dommages collatéraux :

Le 6 octobre 2007, un jeune de 17 ans est accidentellement blessé à la tête alors qu’un entraîneur français et un soldat de l’armée nationale afghane se retrouvent “au contact” (TIC, pour “Troops in contact“). Le rapport ne précise pas la nature de ce “contact“, se contentant d’évoquer une évacuation médicale, et concluant par un laconique NFTR (pour “Nothing further to report” rien de plus à ajouter).

Le 2 octobre 2008, des militaires français qui transportaient un général de brigade font feu sur un bus qui s’approchait trop près du convoi, blessant 8 enfants. Le rapport précise que l’armée nationale afghane était prête à aller sur zone pour les secourir, et que ce sont des civils qui ont secouru les enfants, placés dans des taxis afin d’être soignés, laissant entendre que les militaires français ne se sont pas arrêtés.

[MAJ 28/07] : l’armée française a contesté mardi 27 juillet la version des faits, faisant état d’un dérapage survenu le 2 octobre 2008 en Afghanistan, à Tangi Kala, près de Kaboul :

Selon l’armée, seuls quatre civils ont été blessés, trois adultes et un enfant, après que le minibus se fut intercalé entre deux blindés des forces françaises, passant outre les avertissements d’un militaire.

Après deux tirs en l’air des soldats français du convoi, les balles des deux tirs vers le sol ont ricoché, atteignant le minibus et causant “quatre blessés très légers, dont un enfant” d’après l’état-major. Les blessés, soignés au poste médical français de la capitale afghane, ont pu regagner leur domicile au plus tard le surlendemain, selon la même source.

Le 9 novembre 2008, 8 roquettes sont lancées contre des insurgés. Aucun n’est touché. Mais un adolescent de 16 ans est blessé par une roquette française alors qu’il se rendait à l’école.

Le 20 janvier 2009, des soldats français du 27e bataillon de chasseurs alpins, membres de la Task Force Tiger (dissoute en juillet 2009), sont informés de la présence d’insurgés à proximité. Après des tirs de sommation, un échange de coups de feu blesse un jeune garçon de 12 ans, qui reçoit une balle dans la jambe.

Le 20 juin 2009, un homme de 60 ans est blessé par une patrouille française lors d’un accident de la circulation. Le rapport ne précise pas la nature de l’accident, mais précise que l’homme, qui était aveugle et qui est mort de ses blessures, avait été conduit au quartier général par un civil, laissant entendre encore une fois que les soldats ne se seraient pas arrêtés.

[MAJ 30/07 21h40] Selon un article du Monde publié mardi 27, l’armée française conteste les données rapportées dans ce rapport, selon lequel l’armée française aurait blessé 8 civils le 2 octobre 2008 à proximité de Kaboul. Quatre civils seulement auraient été blessés selon l’état-major français, et n’auraient souffert que de blessures légères.

[MàJ 30/07] Voir aussi le billet de Jean-Dominique Merchet Afghanistan : l’armée française tue par erreur quatre jeunes garçons de 10 à 15 ans, évènement datant d’avril 2010 et non répertorié dans les WarLogs de WikiLeaks (dont les rapports s’arrêtent à décembre 2009), “accident malheureux (et) regrettable” au sujet duquel un amiral déclarait :

A notre connaissance, c’est la première fois qu’un tel événement se produit pour les militaires français

Une guerre contre la drogue ?

Rue89 explique que les données révèlent que de nombreux affrontements sont dus à la guerre contre la drogue, pas très étonnant quand on sait que l’Afghanistan est un haut lieu de la production mondiale, de pavot notamment.

La catégorie Drug Operation de la page dédiée à l’affaire de Wikileaks liste ces quelques incidents, traduits et détaillés par Rue 89.

Les réactions internationales

Dans un communiqué, la maison blanche a fermement condamné la divulgation de ces informations :

“Nous condamnons fermement la divulgation d’informations confidentielles [...] qui mettent en danger la vie des soldats américains et de leurs alliés et menacent la sécurité nationale.”

James Jones, le conseiller à la sécurité nationale a déclaré :

Ces fuites irresponsables n’interféreront pas avec notre engagement d’approfondir nos partenariats avec l’Afghanistan et le Pakistan, afin de vaincre nos ennemis communs et supporter les aspirations des peuples Afghans et Pakistanais.

Le porte parole du président Afghan a expliqué :

“Nous avons été choqués par le volume énorme des documents dévoilés. Mais le contenu par lui-même ne nous a pas surpris”

“La réaction du président Karzaï a été de dire que ce n’était pas nouveau pour nous”

Le porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères, Abdul Basit, a déclaré :

“Ces informations sont biaisées, tirées par les cheveux, et n’ont évidemment rien à voir avec la réalité”

Pourquoi et comment publier une telle information ?

Dans une note à ses lecteurs, le New-York Times explique que ses journalistes travaillent depuis près d’un mois sur les données fournies par Wikileaks, afin de “chercher des révélations et des schémas, vérifier et recouper les informations avec d’autres sources, et de préparer les articles publiés aujourd’hui“.

Le Times et les autres médias concernés se sont mis d’accord pour ne pas divulguer quoique ce soit qui puisse mettre des vies en danger ou menacer une quelconque opération militaire ou anti-terroriste“, précise-t-on dans l’article. Cependant, “certaines informations sont d’un intérêt public crucial. C’est le cas pour ces informations“. C’est ainsi que le journal explique sa décision de publier des informations pourtant classées confidentielles.

Des sources quasiment intraçables…

Et pour cause ! C’est un journaliste de Mother Jones qui l’explique : quasiment n’importe quel soldat stationné en Afghanistan ou en Irak avait accès à ces informations via le réseau SIPRNet (Secret Internet Protocol Router Network).

Wikileaks – bien connu pour son obsession du secret – utilise par ailleurs des technologies très poussées pour garantir l’anonymat de ses sources et l’intégrité de ses données. Outre un système faisant circuler ses données en permanence afin qu’elles ne restent pas trop longtemps sur un serveur donné, l’organisation utilise Tor, un système d’”anonymisation” des données.

Julian Assange: “Si le journalisme est bon, par nature, il est controversé”

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Dans cette vidéo mise en ligne par le Guardian, le fondateur de Wikileaks explique pourquoi il a mis en ligne ces informations sensibles.

Si le journalisme est bon, par nature, il est controversé” affirme-t-il d’emblée. “Le rôle du bon journaliste est de s’attaquer aux abus des puissants”.

Wikileaks se bat pour la transparence depuis ses débuts, et c’est dans cette optique qu’on été divulgués ces “war logs”, qui dévoilent “la vraie nature de cette guerre”.

Dans la droite lignée du journalisme d’investigation, Julian Assange considère les informations divulguées comme d’utilité publique, permettant au monde entier de “comprendre ce qu’il se passe et traiter le problème”. Le principal intérêt de ces documents selon lui, c’est le “contexte général” qui fournit une chronologie détaillée de la guerre en Afghanistan sur une période allant de 2004 à 2009.

Les abus sont multiples : ”corruption de la classe politique Afghane”, “assassinats perpétrés par les forces spéciales”, “implication du Pakistan et peut-être de l’Iran”.

Quid de ceux qui dénoncent, à l’instar de la Maison Blanche, une mise en danger des troupes américaines ? Julian Assange explique que pour lui, les données susceptibles de mettre en danger les forces américaines sont des données plus récentes, non encore divulguées par l’organisation.

Assange fait évidemment le parallèle avec d’autres documents, les Pentagon Papers, ce document de 10 000 pages dévoilés dans les années 70 sur la manière dont les Américains avaient mené la guerre au Vietnam. Selon lui, les différences avec les War Logs sont significatives : “il y a plus de données, diffusées auprès d’un plus grand nombre de gens, beaucoup plus tôt après les évènements”. Et surtout “les gens peuvent faire des retours, commenter, le contextualiser et les rendre compréhensibles”.

Selon lui, la morale journalistique de l’histoire est simple

Creusez très, très profond dans les archives.

La conférence de presse de Julian Assange

Julian Assange a donné une conférence de presse à Londres, à midi (13h heure de Paris). OWNI y a assisté, more to come /-)

Un transcript est en cours de rédaction collaborative à cette adresse.

Télécharger les bases de données

Les serveurs de Wikileaks étant surchargés, vous pouvez télécharger la base de donnée complète:

Comment utiliser ces données ?

Voir notre article complet sur les vidéos de l’affaire.

Le Guardian, qui mène un formidable travail de datajournalisme sur cette affaire, a mis en ligne une vidéo expliquant comment lire et manipuler les données dévoilées par Wikileaks.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Chacun de ces 200 éléments d’importance est listé et présenté sous forme de tableau (comme ici, impliquant la France), qui liste la date, la nature, l’emplacement, les protagonistes impliqués, et le rapport qui a suivi (détail ici).

Un glossaire est par ailleurs accessible pour déchiffrer le jargon militaire de certains documents.

Une aubaine pour le journalisme

Le blogueur britannique Roy Greenslade s’oppose sur son blog (la traduction par OWNI) à ceux qui mettent en doute le bien-fondé de la divulgation des “war logs”, notamment dans les rangs du gouvernement américain ou et à ceux parmi ses confrères journalistes qui relativisent la portée des données divulguées.

Selon lui, le simple fait que des preuves et des données matérielles et irrévocables viennent corroborer ce qui était pressenti depuis longtemps – à savoir que les talibans étaient de plus en plus puissants et que l’armée américaine a commis de nombreuses bavures – est extrêmement précieux.

En effet, à l’instar de Julian Assange qui récemment déclarait que “le journalisme devait être comme une science” et que “les faits doivent être vérifiables” afin de faire regagner aux journalistes leur “crédibilité”, le journalisme de données tel qu’il est rendu possible par les récentes fuites est une aubaine pour la profession, qui a là une opportunité unique de reconstruire sa légitimité, montrer qu’elle est encore capable de faire son travail (vérifier, hiérarchiser, contextualiser…) avec des données brutes.

Car “Wikileaks, que ce soit en terme d’étique ou de pratique, est le résultat d’un nouveau paysage médiatique, qui requiert plus de transparence et de responsabilité que jamais auparavant.

Quelques exemples de data-journalism

Le Guardian a mis en place une carte interactive et interrogeable, qui permet de consulter pour chaque élément important son contexte et sa nature (cliquer sur l’image pour y accéder).

Le quotidien anglais a également réalisé une carte lisible et très complète (interrogeable également) sur les attaques aux explosifs artisanaux. (Cliquer sur l’image pour y accéder).

Lire ailleurs

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Notre application permettant de visualiser et d’annoter les données de Wikileaks :

Non-French speaker ? Be sure to check out the English version of the app !

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Cet article sera mis-à-jour tout au long de la journée, en fonction de l’évolution des informations et de notre travail de crowdsourcing.

Vous voulez contribuer à cette enquête, notamment sur les documents impliquant la France ?

Mail : nkb at owni.fr

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Crédit Photo CC Flickr : Biatcho, US Army Africa, Isafmedia.

Télécharger l’affiche de Elliot Lepers

http://www.flickr.com/photos/biatch0/4008014713/
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http://owni.fr/2010/07/26/wikileaks-la-plus-grande-fuite-de-renseignements-de-lhistoire-de-la-guerre/feed/ 55
Warlogs: Julian Assange s’explique http://owni.fr/2010/07/26/war-logs-julian-assange-s-explique/ http://owni.fr/2010/07/26/war-logs-julian-assange-s-explique/#comments Mon, 26 Jul 2010 17:27:13 +0000 Federica Cocco / Martin Untersinger http://owni.fr/?p=23083 Julian Assange, fondateur et figure emblématique de Wikileaks donnait ce midi à Londres une conférence de presse afin de s’expliquer sur les récentes révélations mises au jour par son organisation. Notre éditrice à Londres, Federica Cocco, était présente à cette conférence de presse.

Julian Assange est apparu très calme, malgré l’enjeu et le grand nombre de journalistes et de caméras de télévision présents. De manière assez originale, il a commencé par les questions des journalistes, remettant à plus tard sa présentation, qu’il était en train d’achever.

Il a admis un peu à contre-coeur que les données divulguées par Wikileaks contenaient des preuves de “crime de guerre” perpétrés par les forces de la coalition.

Il a également confirmé avoir conclu un accord avec les trois médias qui ont diffusé l’information – le New-York Times, le Guardian et Der Spiegel – depuis plusieurs semaines. Accords qui les obligeaient à ne pas divulguer les informations avant ce dimanche. Et qui leur a permis, dans le cas du Guardian et du New-York Times, de mener un large travail d’investigation, de vérification et de journalisme de données.

Le fondateur de Wikileaks a confirmé que lui et son équipe n’avaient pas communiqué toutes les données en leur possession (cf.) et que les documents d’ors et déjà divulgués ne représentaient que la partie émergée de l’iceberg. Il a annoncé que lui et ses collaborateurs allaient passer en revue les nombreux documents restants et surtout vérifier qu’ils ne posaient pas problème en termes de sécurité.

Ainsi, à ceux qui lui reprochent de mettre en danger les troupes américaines, Assange répond que ces dernières ne donnent aucune information sur les mouvements et les localisations des troupes et ne sont pas suffisamment récentes pour constituer une menace immédiate.

Julian Assange est un homme sous surveillance. Le dernier coup d’éclat de Wikileaks n’arrange rien à son affaire : il a expliqué que le gouvernement américain s’était rapproché des autorités australiennes afin d’accroître leur surveillance sur sa personne.

Il a également abordé le cas de Manning, ce soldat qui comparaît devant un tribunal militaire pour avoir été une des sources de Wikileaks. Assange a expliqué avoir levé l’équivalent de 1 million de livres sterling pour couvrir ses frais judiciaires. Parallèlement, il a reconnu l’augmentation du nombre d’informateurs ayant des documents à divulguer, augmentation qui va de pair avec le succès de l’organisation.

Malgré les questions insistantes et déstabilisantes des journalistes, il est apparu très sûr de lui et solide, laissant entrevoir un homme rôdé aux médias et à la communication.

Il a par ailleurs relativisé la portée des informations divulguées, et rappelé que ces dernières étaient classées “secret” et non pas “top secret”. “Les gens en Irak, les gens en Afghanistan, ils n’ont pas besoin de vidéos. Ils voient ça tous les jours !

Federica Cocco / Martin Untersinger

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Retrouvez la vidéo de la conférence de presse à cette adresse.

Un transcript de l’intervention d’Assange est disponible ici.

Crédit Photo CC Flickr : Newmediadaysdk.

Télécharger l’affiche de Elliot Lepers

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