Internet et le Numérique : on arrête de jouer ?

Le 28 juin 2009

Et maintenant la gestion de l’anonymat par un organisme central … mais où tout cela s’arrêtera t-il ? Et je me demandais sur mon compte twitter si les politiques qui réfléchissent, un peu trop, pour nous, se rendent bien compte que la plupart des sujets qu’ils veulent nous imposer devrait se traiter par de l’EDUCATION [...]

Et maintenant la gestion de l’anonymat par un organisme central … mais où tout cela s’arrêtera t-il ? Et je me demandais sur mon compte twitter si les politiques qui réfléchissent, un peu trop, pour nous, se rendent bien compte que la plupart des sujets qu’ils veulent nous imposer devrait se traiter par de l’EDUCATION et non par un éternel mouvement régalien infantilisant et dé-responsabilisant

Il y va du droit d’auteur (Hadopi 1), de la lutte contre la pédophilie (Loppsi 2, art. 4), de la farce “création et Internet” (licence globale et taxation des opérateurs) et maintenant de la gestion de l’anonymat. (on avait ressorti le Sénateur Trégoüet qui en a parlé le premier)

Tout ceci commence à me fatiguer gravement et je me demande si nous mettons de l’énergie à traiter de vrais problèmes en y apportant de vraies solutions ou si l’on veut nous forcer de voir le doigt, quand le sage montre la lune. (thème récurrent de mon blog, vous le savez)


Alors je me permets un conseil, aux politiques, et accessoirement aux fournisseurs d’accès Internet. Si vous voulez gagner ma voix, tout bord confondu, voici le programme que j’aimerais que vous suiviez, le plan B :

  1. La neutralité de l’Internet est un sujet sérieux. Il faut la préserver à tout prix. Toute personne doit être capable de créer et d’accéder aux contenus et aux services de son choix. La limitation ne doit pas venir de l’infrastructure mais d’un moyen donné au citoyen pour qu’il puisse ENFIN sécuriser SÉRIEUSEMENT son accès Internet en permettant de respecter la loi Française et sa propre moralité.
  2. Le filtrage est un sujet sérieux. Le filtrage est nécessaire pour des raisons généralement techniques. Les opérateurs le pratiquant doivent OBLIGATOIREMENT indiquer ce qu’ils sont susceptibles de faire et jusqu’où ils souhaitent aller. Ainsi leurs clients pourront les choisir en toute connaissance de cause.
    Dans le cas où l’opérateur filtre des services, il est obligatoire que l’utilisateur final puisse surpasser ce filtrage, par une action volontaire et éclairée. (cas du SMTP par exemple)
  3. L’identification par adresse IP “variable” est beaucoup trop sujette à caution. Nous devons généraliser IPV6 et un adressage fixe, où chaque abonné pourra avoir son propre bloc d’adresse et où un début de présomption de quelque chose pourra être alors envisagé. Ceci facilitera d’ailleurs l’installation de règles de sécurité pour l’utilisateur final.
  4. L’Hadopi a tenté de nous punir pour défaut de sécurisation de son accès Internet, sans penser, que nous n’avons AUCUN MOYEN DE SECURISER LE DIT ACCES. Nous devons avoir plus de contrôle sur notre accès Internet et pouvoir filtrer nous même contenus et services qui ne nous conviennent pas, en fonction de profils de nos utilisateurs. Nous devons nous même avoir les moyens de respecter la loi, ce n’est pas au ministère de l’intérieur de gérer ce sujet, extrêmement sensible, pour nous.
  5. La lutte contre la pédophilie est une chose sérieuse et ce n’est pas en filtrant l’accès des sites délictueux à l’étranger que nos enfants seront plus en sécurité. Nous devons réellement lutter contre cette monstruosité par les bons cotés et non par le milieu (l’Internet) : A/ les pédophiles : nous devons donner plus de moyens à ceux qui sont chargés de les traquer et de les arrêter et devons provoquer une peur latente chez eux qui seule pourra freiner leurs ardeurs. B/ les enfants : l’essentiel passe par l’éducation et des moyens conséquents doivent être donnés aux associations compétentes, tout en ayant une forte présence dans l’éducation nationale !
  6. La licence globale : il faut arrêter d’opposer les clans et de monter les uns contre les autres. Il est temps de comprendre que la création et la “consommation” sont de nature USER CENTRIC. Les tentatives NETWORK CENTRIC de certains sont des essais vains de conserver d’anciens monopoles et de monétiser le plus cher possible de la rareté alors que nous visons exactement l’inverse, les uns, les autres : nous voulons une abondance de contenus et de services et les auteurs veulent un maximum de clients potentiels. Tant que l’on n’aura pas la certitude que l’argent de celui qui consomme va au bon endroit, nous sommes dans l’illusion du passé. Tant que l’on travaillera par la force et l’obligation, l’opposition continuera et les pirates ne cesseront de proliférer. Nous devons aller vers un modèle respectueux et VOLONTAIRE.
  7. L’anonymat est un sujet sérieux et il faut le traiter avec un peu de connaissance et de recul et arrêter les annonces péremptoires. Oui, il y a un sujet et oui … le monde de l’Internet a déjà traité ces sujets avec l’arrêt de services déviants par exemple (anon.pene) et la possibilité de certifier son identité (PGP …). Par ailleurs, il faut savoir que beaucoup de services vont aujourd’hui bien plus loin que l’identité pure (jusqu’à la réputation par exemple) et qu’ils sont très utiles et non systématiquement à combattre comme je l’entends trop. Nous ne sommes pas dans le far-west, que certains espèrent. Avant de formuler des propositions, il serait souhaitable que les instigateurs aient une meilleure connaissance du sujet. Par exemple en suivant au jour le jour l’état de l’art Internet et les travaux de la Fing avec ce groupe. Avant, ce n’est pas la peine de discuter, l’écart est trop grand, quant aux objectifs, je m’interroge encore.
    Sinon nous risquons de nous voir imposer un système inefficace, qui ne fasse qu’augmenter la dé-responsabilisation générale et accoucher d’un monstre encore plus difficile à contrôler et réguler que le dispositif actuel.
  8. L’Internet est absolument indispensable au virage “numérique” de notre société. L’Internet n’est pas un réseau de diffusion et ne doit pas être pensé et réfléchi comme tel.
    L’Internet est fait de règles de bon sens ET d’infrastructures. Nous devons nous doter de ces règles, mais nous devons aussi nous doter d’une infrastructure de qualité, qui participera à la compétitivité et à l‘attractivité de notre territoire.
    Une infrastructure est un mixte entre des moyens techniques (réseau très haut débit, desserte fibre optique jusqu’à l’abonné, capacités d’hébergements, capacités de calculs et de stockage …) et de compétences humaines.
    Les règles sont simples : NEUTRALITE, OUVERTURE, SYMETRIE DES DEBITS et TRES HAUT DEBIT POUR TOUS .
  9. Le financement de la création. (mise à jour du 30 Juin 2009) L’Internet n’est pas un réseau de diffusion et n’a à ce titre pas à être taxé pour financer la création de quelques uns. Il est un peu facile de prétendre que l’on vend plus “de numérique” grâce à la création d’autrui. En volume, pour 1 Mo de musique achetée, le produis personnellement 100 fois plus de photos et 1.000 fois plus de vidéo. En terme de temps d’ATTENTION, ce n’est pas le même ordre de grandeur, mais force est de constater que je passe plus de temps (beaucoup) avec ma propre création que celle d’autrui.
    Pourquoi alors devrais-je payer une taxe sur des moyens qui sont dévolus à d’autres usages ?
    Si tant est que ma bonté naturelle l’admette, j’aimerais alors savoir où passe cet argent ? qui le recoit ? dans quel proportion ?
    J’aimerais savoir si notre argent va bien aux artistes que nous écoutons et non aux plus diffusés.
    J’aimerais être rassuré de l’efficacité de la collecte et que l’essentiel de la ressource ne part en mouvement brownien. (celui qui crée plus de chaleur que de mouvement). J’aimerais m’assurer que nous pouvons aider à la diversité de la création et à l’émergence de nouveaux talents, aux développements des autres sans pour autant hyper favoriser les toujours mêmes. Tant que je n’ai pas ces assurances, la notion de “taxe globale”m’est aussi hermétique que nuisible car elle participera encore un peu plus à transformer nos opérateurs de télécommunication en système de diffusions à la solde de quelques uns.
    En règle générale, la création étant user centric et en théorie dans une logique d’abondance, je pense qu’un mécanisme réellement user centric de redistribution de la valeur est bien mieux adapté, qu’un mécanisme passé, network centric, basé sur la fabrication de la rareté. Quand le mécanisme coûte plus cher que son objet, il est plus que temps de s’interroger sur son efficience et se demander s’il a su s’adapter aux enjeux et n’est pas devenu obsolète.

crédit photo : naturellementvotre
article posté originellement sur jmp.net

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