Meme pas drôle

Le 1 mai 2010

Phénomène diffusé viralement sur Internet, le mème peut prendre les allures déconnantes et sans prétention de photos de chats légendées mais aussi être porteur d'un message politique. Mais gare au FAIL.

“LULZ !” Cette expression, qui remplace le trop classique “LOL”, tout comme les phrases écrites en anglais délibérément cassé (“You iz on Owni nao”), proviennent directement du phénomène des lolcats, démarré en avril 2007.

Ce meme, phénomène diffusé viralement sur Internet, a définitivement imprégné la culture web. Comme George Abitbol avant eux, qui a appris aux Français que la classe n’avait rien à voir avec la coquetterie sans jamais sortir en DVD ou en VHS, les lolcats ont commencé leur carrière dans un obscur coin du web.

En 2006, les images de chats aux légendes humoristiques ont commencé à circuler sur des forums comme 4chan ou Something Awful. Un an plus tard, Ben Huh, un entrepreneur rigolard de Seattle, a lancé I Can Has Cheezburger, le site qui allait institutionnaliser les lolcats. Selon les mots de Wired, Huh arrive à transformer le n’importe quoi en or. Sa spécialité : récupérer des memes en lançant des sites dédiés qui lui rapportent des centaines de milliers de dollars en pub.

Son deuxième plus gros succès, le failblog, s’appuie également sur un meme fameux, consistant à ajouter “FAIL”, voire “EPIC FAIL”, sur des photos de situations cocasses. Le gros avantage de ce meme est qu’il ne nécessite que peu de création originale. Récupérez une photo d’archive, rajoutez quatre lettres et vous obtenez une super blague.

Comme le montre l’image ci-dessus, le meme peut parfois porter un message politique. Selon des gens intelligents, les memes jouent un rôle social. Ils permettent à certaines communautés de se fédérer autour d’un humour particulier. Les vidéos de JibJab, par exemple, dépassent régulièrement le million de vues grâce à une approche cynique de la politique américaine.

Le cliché (photoshopée) de George W. Bush en train de lire un livre à l’envers rejoint cette dynamique. En envoyant (par mail à l’époque) cette image, tous les anti-Bush renforçaient mutuellement leurs préjugés sur le piteux état de l’intelligence présidentielle.

Face à tant de succès, le grand capital a tenté de s’approprier le principe du meme pour augmenter la portée de leurs marques. Comme d’habitude, seul Apple réussit à ce petit jeu. La flopée d’images de l’iPad produites avant son lancement a par exemple permis de faire grossir le buzz sans que cela coûte un cent à Steve Jobs.

La plupart du temps, ces initiatives se soldent par des EPIC FAIL. Les jeunes UMP, en tentant de surfer sur le meme des lipdubs, a permis aux Français de se foutre copieusement de leur gueules, en produisant des parodies de leur fameux clip.

S’assurer la réussite d’un meme est à peu près impossible. Des chercheurs ont tenté d’étudier les mécanismes des memes, en fondant une discipline, les memetics. Après sept ans d’existence, la discipline s’est autodissoute, constatant son incapacité à comprendre la chose.

Le meme est finalement un phénomène artistique. Les outils dont tout un chacun dispose sur un ordinateur personnel permet de remixer des contenus en toute créativité pour créer de nouvelles Å“uvres. Mais on a un problème. À une époque où les détenteurs de copyright se pissent dessus de peur de perdre leurs privilèges, ils n’hésitent pas à pourrir le groove des internautes avec des mises en demeure intempestive. Dernier exemple en date : la fin du meme ‘Hitler’, que nous annoncions la semaine dernière.

Photo de une nicolasnova sur Flickr

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