Ces opposants achetés qu’Hadopi a oubliés…

Le 26 juillet 2011

Courant 2010, Eric Walter a proposé à plusieurs opposants des postes, espérant calmer la campagne contre la Hadopi. Or, depuis quelques semaines, le « M. antipiratage » de Sarkozy semble l'avoir oublié. Paul da Silva lui rafraîchit la mémoire.

Hier [21 juillet 2011, NdlR] j’ai eu la chance d’être convié à la présentation du plan France Numérique 2020 au ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie. Outre les petits fours (depuis le temps que je voulais goûter des macarons fauchon ^^) et le bon vin je retiendrai une réelle volonté d’ouverture (ne serait-ce que par ma présence et celle de représentants de sociétés d’auteurs dans la même salle) et un début de clash sur Twitter avec Éric Walter (secrétaire général de la Hadopi) auquel j’ai fini par arrêter de répondre devant la mauvaise foi de celui-ci et le débat que j’étais venu suivre qui se poursuivait en face. Je profite donc de mon blog pour revenir sur le « clash » en question de façon plus argumentée et construite que les classiques 140 caractères me le permettent.

Se faire traiter publiquement de menteur ? Pas question !

Tout est parti de l’interrogation légitime de Benjamin Bayart sur le fait qu’il n’ait pas été invité à la cérémonie d’hier, il a alors tweeté « Ils n’invitent que les geeks qui acceptent l’argent de l’#hadopi ? » et je me suis donc empressé de répondre que je n’avais jamais accepté de l’argent de la Hadopi, bien que ceux-ci me l’aient proposé à plusieurs reprises. La réponse ne se fit pas attendre, et ce même si Eric Walter a récemment décidé de me bloquer sur Twitter au motif que je le mettais trop souvent en copie avant que je ne lui explique au téléphone que son blocage avait aussi comme conséquence de m’empêcher de le suivre… Je le cite : « laquelle #hadopi ne vous en a jamais proposé d’ailleurs ».

Manque de chance, j’ai une mémoire terrible et donc je note tout ce qui peut avoir de l’importance sur ce sujet dans un joli fichier oowriter (de plusieurs dizaines de pages) que je conserve en sécurité tant les pratiques de la Hadopi sont douteuses. Je n’avais jusque-là pas ressenti le besoin d’en parler, puisque finalement ils gèrent leur business comme bon leur semble mais laisser quelqu’un qui a justement tenté de m’acheter (haha quand on sait ce que je pense de l’argent…) me traiter publiquement de menteur est juste au dessus de mes forces…

Ma première rencontre avec Éric Walter a eu lieu chez eux, en octobre 2010 et a duré plusieurs heures (5 pour être précis). Elle faisait suite à une conférence de presse au cours de laquelle déjà Éric (je le vouvoie toujours pour conserver de la distance avec lui mais pour éviter de surcharger le texte l’on va se contenter du prénom) m’avait proposé de rejoindre les labs.

Au cours de notre entretien il réitérera cette proposition à plusieurs reprises, restant volontairement dans le flou sur le poste exact qui m’était proposé. Le lab « Internet et société » a été évoqué mais rien de particulier sur l’intitulé du poste. A ce moment là les postes d’experts associés n’étaient pas au programme et Turblog (/Spyou) qui était dans la même pièce que moi s’est vu proposer grosso-modo les mêmes choses que moi, et l’on sait comment cela s’est fini (avec tout le respect que j’ai pour la démarche et la personne de Turblog).

Un budget sur-dimensionné pour embaucher des opposants

Dans le même temps des budgets ont été débloqués pour des marchés relevant des missions de la Hadopi dont un était la création d’un portail d’information sur les moyens de sécurisation de la connexion. Ce budget à 7 chiffres a été proposé à nouveau à des opposants pour la réalisation dudit portail. Il était clairement sur-dimensionné et lesdits opposants l’ont donc refusés (je ne donnerai pas de noms, ne les ayant pas associé à la démarche qui est derrière cet article).

Dans un moment d’égarement et d’humour noir j’avais répondu à l’offre d’emploi de community manager de la Hadopi (lisez le texte avant d’hurler, je ne voulais pas vraiment ce poste hein !) sur mon blog. J’ai donc logiquement été contacté à nouveau par Éric (en DM twitter) qui me demandait, sur le ton de l’humour, quelles étaient mes prétentions salariales. Gageons que si j’avais répondu un chiffre l’humour aurait vite disparu de la discussion. Ma réponse fut plus simple : « vous n’avez pas assez de budget pour m’acheter ».

Un peu plus tard, lors de la sortie du site hadopi.fr, des opposants ont jugé opportun de revoir la FAQ du site qui était pleine de désinformation et se sont, par conséquent, vu proposer de l’argent en rétribution de ce travail. Qu’on s’entende bien, cela est normal, mais je suis convaincu que cela n’était pas nécessaire et, d’un point de vue strictement éthique, risqué pour les deux parties. Je ne sais pas ce que cet argent a fini par devenir mais là encore la Hadopi en la personne d’Éric ont vu large avec le chéquier.

Et enfin tout récemment, quelques jours avant la sortie de la campagne de publicité propagande de la Hadopi, Éric m’a appelé pour me demander si j’acceptais « un travail de la part de la Hadopi » (et ce sont là ses mots). J’ai bien sûr commencé par répondre par la négative avant qu’il m’explique qu’il désirait un avis très critique sur la campagne à venir. J’ai alors accepté à la seule réserve que l’on ne me demande pas d’accepter de l’argent pour ceci. Il me répondra que je suis pourtant en droit de le demander… Finalement pour des raisons d’emploi du temps j’ai découvert les pubs en même temps que vous, avec probablement la même grimace…

Je ne parle ici que de quelques faits, ils sont multiples et tous aussi troubles… Donc monsieur Walter, merci de ne pas me prendre pour un con et d’assumer votre démarche, aussi contestable soit-elle.

Et puisque l’on est dans le full disclo, il est bon de savoir qu’à chaque opposant qu’il a rencontré et que je connaisse, Éric s’est présenté comme anti-Hadopi…

Article publié à l’origine sur le blog de Paul da Silva sous le titre Quand l’Hadopi n’assume plus d’avoir essayé d’acheter ses opposants.

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